Près de 50 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis le 21 mars ; ce chiffre devrait encore augmenter
Près de 50 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis le 21 mars ; ce chiffre devrait encore augmenter
NAIROBI, Kenya, 2 avril (UNHCR) - Environ 47 000 personnes ont fui Mogadiscio, la capitale somalienne, depuis l'intensification des combats dans la cité côtière le 21 mars. L'exode risquant de se poursuivre, l'UNHCR a envoyé son personnel local dans les régions où se trouvent les personnes déplacées pour évaluer leurs besoins.
L'UNHCR, qui base ses chiffres sur les informations fournies par des ONG somaliennes, estime que 56 000 personnes ont fui Mogadiscio en mars et 40 000 en février.
Le Gouvernement fédéral de transition, soutenu par les Ethiopiens, avait repris la ville en décembre dernier aux dépens de l'Union des tribunaux islamiques, mais l'éruption de combats début février a déclenché un exode continu hors de la capitale. Les médias rapportent que de récents combats acharnés ont opposé les troupes éthiopiennes contre des insurgés islamistes et des milices locales.
La plupart des 47 000 personnes qui ont quitté la capitale depuis le 21 mars se sont dirigées vers les régions avoisinantes. Environ 29 000 civils sont arrivés en Shabelle Hoose (Bas Shabelle) en mars, rejoignant les 20 000 personnes qui avaient déjà fui sur place en février. Environ 17 000 d'entre elles se sont installés autour de la ville d'Afgooye et plus de 10 000 à Marka.
17 000 autres personnes se sont dirigées vers le Shabelle Dhexe (Milieu Shabelle), au nord de Mogadiscio. Quelque 2 700 autres personnes ont parcouru plus de 700 kilomètres vers le nord pour rejoindre la ville de Galkayo dans la province autonome du Puntland, où la plupart ont de la famille ou des membres de leurs clans. L'UNHCR est présent à Galkayo depuis janvier.
« Je n'ai jamais vu pareil déplacement depuis 15 ans. Cela me rappelle l'année 1991, lors de la chute du gouvernement central et du régime de Siad Barré », a déclaré l'un des partenaires locaux de l'UNHCR à Afgooye, à l'ouest de la capitale. « La plupart des personnes qui fuient sont des femmes et des enfants qui tentent de s'échapper par tous les moyens possibles, que ce soit en voiture, en camion, en bus, avec une brouette ou une charrette tirée par un âne, et même à pied. »
De nombreuses personnes déplacées dans les Shabelle se sont installées directement au bord de la route car elles n'ont pas de famille sur place et ne peuvent pas payer les loyers exorbitants, désormais réclamés par les propriétaires, sachant qu'il est devenu extrêmement difficile de trouver un abri à louer, selon les partenaires locaux de l'UNHCR. Ils précisent que les personnes déplacées ont difficilement accès à l'eau potable, à la nourriture ou aux soins médicaux. Elles en sont réduits à mendier, à dormir en plein soleil et souffrent de diarrhée et de choléra après avoir bu l'eau contaminée des rivières.
« Notre personnel local du bureau de Mogadiscio tente de se rendre dans les régions où les personnes ont fui, mais l'insécurité est telle qu'il est extrêmement difficile pour les organisations humanitaires d'atteindre ces personnes », a déclaré William Spindler, porte-parole de l'UNHCR, à la BBC.
De nombreuses personnes sont obligées de fuir toujours plus loin de la capitale somalienne en raison de ressources insuffisantes et de conditions de vie qui se détériorent dans les petites villes et villages désormais surpeuplés qu'ils trouvent sur leur route. Les partenaires locaux de l'UNHCR expliquent que les communautés locales hébergent des parents et des personnes affiliés à leurs clans, mais qu'elles ont de plus en plus de mal à faire face à l'afflux de civils fuyant Mogadiscio.
Dans la capitale, les employés de l'UNHCR rapportent qu'il faut plus de quatre heures pour quitter la ville tant les rues sont embouteillées par les civils tentant de s'enfuir. Ils ajoutent que certains n'ont pas encore réussi à quitter la ville de peur d'être tués ou blessés par les tirs de mortiers, et que des enfants soldats prenaient part aux combats.
Même une fois sortis de la ville, les civils font encore face au harcèlement et aux vols des milices qui ont établi des barrages routiers illégaux. Des femmes et des fillettes ont également été violées.
De plus en plus de civils sont tués, mais les blessés ont difficilement accès aux soins médicaux. L'un des partenaires de l'UNHCR déclaré que 280 personnes avaient été admises à l'hôpital Médina de Mogadiscio depuis que les derniers combats ont éclaté. De nombreux civils sont décédés des suites de leurs blessures, souvent sans avoir eu accès à des soins médicaux.
Par Catherine Weibel à Nairobi, Kenya