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Poignardée à 58 reprises, une transsexuelle fuit le Salvador

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Poignardée à 58 reprises, une transsexuelle fuit le Salvador

Neila fait partie d'un nombre croissant de lesbiennes, de gays, de bisexuels, de transgenres et d'intergenres (LGBTI) d'Amérique centrale en quête d'asile au Mexique.
8 Décembre 2015
Les lésions provoquées par des coups de couteau portés au cou de Neila (nom fictif), une femme transgenre du Salvador.

TAPACHULA, Mexique, 8 décembre (HCR) - Cheveux rouges, soigneusement maquillée et vêtue d'habits féminins, Neila se démarquait dans son quartier ravagé par les bandes, dans un Salvador où elle est née homme.

Elle a enduré les sarcasmes, les injures et les insultes sur son identité sexuelle pendant des années. Mais, après avoir été agressée au couteau quatre fois, l'esthéticienne de 26 ans est poussée à fuir pour sauver sa vie.

« Tout cela parce que mon identité sexuelle diffère de ce qui est conventionnel », raconte Neila qui a été poignardée 58 fois au total. Les coups de couteau la laissent avec des lésions en collier autour du cou et des entailles sur un bras.

Elle vit aujourd'hui dans une chambre partagée de Tapachula, ville du sud du Mexique, où elle appartient au nombre croissant de lesbiennes, de gays, de bisexuels, de transgenres et d'intergenres (LGBTI) qui arrivent des trois pays de l'Amérique centrale surnommés le « Triangle du Nord » (Salvador, Guatemala et Honduras), et qui fuient, pour leur sécurité, les agressions et le harcèlement vers les pays voisins.

Selon une étude de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), au moins 594 personnes LGBTI ou perçues comme telles ont été tuées sur l'ensemble des Amériques, et 176 autres ont été victimes d'agressions physiques graves entre janvier 2013 et mars 2014.

Au Honduras, les militants LGBTI ont fait état d'au moins 190 meurtres au cours des cinq dernières années. Au Salvador natal de Neila, et dans le même temps, l'organisation sans but lucratif « Entre Amigos » a dénombré 11 personnes LGBTI tuées en 2008, 23 en 2009 et 10 en 2010. Les corps montraient fréquemment des signes d'agression, de torture et de viol.

Selon le HCR, une montée de violence, provoquée par des gangs, et de crimes, dont le viol et l'extorsion, a forcé l'an dernier plus de 29 000 personnes à fuir le Honduras, le Salvador et le Guatemala vers d'autres pays alentour et à demander le statut de réfugié. Parmi elles, on note un nombre croissant de personnes LGBTI.

« Au cours des trois dernières années, nous avons constaté une augmentation importante du nombre de personnes des communautés LGBTI qui fuyaient la persécution liée au genre dans le Triangle du Nord de l'Amérique centrale », explique Mark Manly, Représentant du HCR à Mexico.

« Les gays, les lesbiennes et particulièrement les femmes transgenres sont devenus des cibles des réseaux criminels qui contrôlent de nombreux quartiers. Certains endurent de très mauvais traitements et subissent la discrimination au sein de leurs familles ou de leurs communautés », a-t-il ajouté.

Cette année, 13 % des personnes prises en charge par le bureau du HCR sur le terrain à Tapachula venaient de la communauté LGBTI. « Notre objectif est de veiller à ce que tous soient informés sur leurs possibilités de demander l'asile au Mexique, sur l'accès à la procédure de détermination, et que chacun ait des conditions de vie sûres et dignes », explique Mark Manly. « S'ils bénéficient d'une protection dans le sud du Mexique, ils peuvent éviter les très grands dangers auxquels doivent faire face les migrants qui se dirigent vers le nord dans l'espoir d'intégrer les États-Unis. »

C'est pourquoi le Mexique a décidé que la persécution fondée sur le genre serait le cinquième motif permettant de reconnaître le statut de réfugié, a poursuivi Mark Manly. Le HCR recommande activement aux États de la région de faire le nécessaire pour garantir la sécurité des personnes fuyant la discrimination basée sur leur orientation sexuelle.

Après s'être prostituée afin de réunir les fonds pour fuir le Salvador, Neila a vécu un temps dans la rue à Tapachula jusqu'à ce que deux amis lui offrent à manger et à boire et la confient au HCR.

Pour l'instant, son lit consiste en un morceau de carton à même le sol d'une chambre qu'elle partage avec cinq autres personnes. Une ficelle accrochée au mur fait office de garde-robe. En attendant de voir si elle obtiendra le statut de réfugié au Mexique, elle mange grâce à des cartes de ration prépayées et fournies par le HCR.

Elle dit n'avoir confiance en personne et a peur de s'éloigner de la chambre qu'elle partage où elle se sent en sûreté. Elle s'ennuie de sa famille, de sa mère qui l'a toujours soutenue à propos de son identité sexuelle, et se soucie beaucoup pour eux alors que la sécurité recule au Salvador.

« Ma famille me manque et je m'inquiète tous les jours pour leur vie car ma mère a été témoin d'un meurtre alors qu'elle vendait des sandales dans la rue, révèle-t-elle. Mais, il n'y a aucun moyen pour les sortir de là. »

Vous trouverez plus de renseignements (en anglais) sur la situation des femmes transgenres ici.

Par Francesca Fontanini, à Tapachula, au Mexique

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