Pas de perspective de retour immédiat pour les réfugiés du Darfour, selon Ruud Lubbers
Pas de perspective de retour immédiat pour les réfugiés du Darfour, selon Ruud Lubbers
TOULOUM, Tchad, 3 mars 2004 (UNHCR) - Ruud Lubbers, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a passé une journée à écouter les récits terrifiants des réfugiés soudanais. Après ces témoignages, le Haut Commissaire s'est rendu à l'évidence : les réfugiés soudanais ne pourront pas rentrer chez eux rapidement.
Ruud Lubbers a rencontré mercredi des réfugiés dans le centre de transit de Touloum, à l'est du Tchad. Ils lui ont raconté les attaques et les bombardements survenus au Darfour, à l'ouest du Soudan.
Touloum abrite plus de 4 800 réfugiés ; la plupart d'entre eux y vivent dans des huttes de fortune faites de branchages et de bâches plastiques de l'UNHCR.
Certains ont raconté au Haut Commissaire qu'ils ont fui leur maison après que leur village a été bombardé par un avion et attaqué par une bande armée.
Ils ont marché pendant des jours pour atteindre la ville frontalière de Tiné. Ils y ont construit des abris de fortune avant d'être pris en charge par l'UNHCR et déplacés vers le site plus sûr de Touloum.
Force est de constater leurs traumatismes, « je me suis assis et j'ai écouté leurs terribles témoignages », raconte Ruud Lubbers. Il pourrait s'écouler « des mois et des mois » avant qu'ils puissent seulement penser à retourner chez eux, a-t-il fait remarquer, ajoutant qu'« il n'y avait pas de perspective de retour immédiat pour eux. Le rôle de l'UNHCR est de leur apporter un soutien ici au Tchad jusqu'au moment où ils pourront rentrer au Darfour en toute sécurité. » Le Haut Commissaire a appelé à l'intensification des efforts de paix au Darfour.
Au camp de Touloum, Lubbers a reçu de bonnes nouvelles de la part du partenaire du HCR, l'Entraide des églises norvégiennes : l'organisation a découvert une source d'eau à 20 mètres de profondeur, depuis elle ne cesse de sonder le sous-sol.
Auparavant, l'eau devait être acheminée d'Iriba par camion ; cette découverte signifie que le camp peut maintenant s'étendre afin d'accueillir plus de 6 000 personnes.
Cela facilitera également le processus de « relocalisation » des réfugiés dans des camps à l'intérieur du pays, loin de la frontière soudano-tchadienne, avant la saison des pluies en mai.
Plus de 7 700 réfugiés soudanais ont déjà été transférés dans trois camps à l'intérieur des terres - Touloum, Farchana et Kounoungo. En tout, il y a environ 110 000 réfugiés actuellement dispersés dans le désert de l'est tchadien.
Le manque d'eau reste le défi majeur mais l'UNHCR et ses partenaires s'activent pour trouver des sites où les réfugiés pourront recevoir une aide efficace.
L'UNHCR continue à distribuer des kits de secours de première nécessité à Abéché, à l'est du Tchad. Néanmoins, Le Haut Commissaire s'est vu informé aujourd'hui que l'aéroport d'Abéché est dépourvu de l'équipement nécessaire pour assurer les ponts aériens et l'accueil de l'avion-cargo.
L'UNHCR devra donc acheminer l'aide d'urgence (y compris les bâches plastiques et les couvertures) depuis la capitale, N'Djamena, jusqu'à Abéché en camion. Mais ce périple de 850 km dure trois jours et ralentira donc sérieusement la distribution de l'aide.
De retour à N'Djamena, le Haut Commissaire doit rencontrer jeudi l'Envoyé spécial de l'ONU au Soudan, Tom Eric Vraalsen. Il y donnera également une conférence de presse avant la fin de sa mission de trois jours au Tchad.