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Ouganda : des messages radio annoncent aux déplacés qu'ils peuvent rentrer chez eux

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Ouganda : des messages radio annoncent aux déplacés qu'ils peuvent rentrer chez eux

Vingt ans après que les combats les aient arrachés de leurs foyers, plus d'un demi million de déplacés ougandais ont trouvé le courage de rentrer chez eux, soutenus par la radio de l'UNHCR.
29 Octobre 2007
Ces femmes anciennement déplacées sont rentrées chez elles. Elles préparent des haricots dans le district de Gulu au nord de l'Ouganda. Nombre de personnes regagnent leur foyer après avoir entendu des messages radio retransmis par l'UNHCR.

GULU, Ouganda, 29 octobre (UNHCR) - Encore vigoureux malgré ses 75 ans, David Olanya arrête de bécher son jardin et fait une pause pour raconter sa joie : plus de dix ans après qu'il ait été forcé de fuir à cause des combats entre l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) et les troupes du Gouvernement ougandais, il va avoir une nouvelle maison et un lopin de terre.

« Nous devions bouger, afin de cultiver nos terres et produire notre nourriture. Voilà pourquoi nous sommes ici », dit David Olanya, père de cinq enfants. Ce sont les informations annonçant que les conditions de sécurité étaient maintenant rétablies dans les districts de Gulu et Amuru qui ont convaincu David Olanya de quitter le camp de personnes déplacées internes d'Anaka, un refuge sûr que sa famille a longtemps considéré comme sa maison.

« Nous sommes revenus car nous avons entendu les nouvelles à la radio », continue-t-il. « Si nous n'avions pas su qu'il était possible de revenir, nous ne serions pas ici. » Les messages radio qui ont changé sa vie sont ceux retransmis par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui aide ainsi les personnes déplacées à prendre des décisions en toute connaissance de cause sur le retour dans leurs villages et communes d'origine, depuis les camps de déplacés.

Le calme retrouvé - après vingt ans de combats et d'enlèvements brutaux - est le résultat des négociations entre le Gouvernement ougandais et l'Armée de résistance du Seigneur dans le Sud-Soudan voisin. L'amélioration des conditions de sécurité a permis à plus d'un demi million de déplacés internes de quitter les camps pour regagner leurs maisons, leurs villages et communes d'origine.

Entre novembre 2006 - époque à laquelle la liberté de circulation a été restaurée dans les districts de Gulu et Amuru - et juin 2007, quelque 539 550 personnes sont rentrées chez elles dans le nord de l'Ouganda, sur un total de personnes déplacées par la rébellion de la LRA que l'on estime à deux millions.

L'UNHCR s'est rendu compte que des informations ponctuelles et précises de la part des autorités compétentes étaient un élément fondamental pour le succès du processus de retour. En avril et mai de cette année, l'agence a donc conclu un accord avec les deux stations radio Mega et Choice FM, afin de retransmettre des messages pour aider les déplacés du nord de l'Ouganda à décider de leur retour de manière volontaire et en connaissance de cause.

« La radio est un outil de communication de masse très efficace dans les communautés rurales », a déclaré Harry Leefe, chef du bureau de l'UNHCR à Gulu. Au nord de l'Ouganda, ces deux stations radio sont écoutées par environ 80 pour cent de la population, et « nous avons pensé qu'elles étaient le meilleur moyen de faire passer les messages jusqu'aux zones les plus isolées de la région », a-t-il ajouté.

Les programmes hebdomadaires, d'une durée de quatre heures et diffusés deux fois par jour, quatre jours par semaine, ont beaucoup de succès. Ils traitent de la sécurité, de l'éducation, de l'eau, de la santé, de la violence sexiste et sexuelle, de l'agriculture et de l'accessibilité des routes. Les sujets sont choisis en prenant en compte les souhaits des auditeurs.

« Nous nous rendons sur le terrain et parlons aux communautés pour identifier leurs préoccupations », dit Joyce Achan, employée à l'UNHCR de Gulu chargée de la protection. Les déplacés internes qui écoutent la radio peuvent aussi téléphoner ou écrire aux stations radio pour poser des questions auxquelles les autorités ougandaises répondront pendant les émissions.

« La radio nous éduque. Nous apprenons des choses que nous n'aurions jamais su autrement », raconte Jina Amato, 50 ans, une voisine de David Olanya habitant à Got-Ngu, un site de retour dans le district d'Amuru.

Jina Amato espère que beaucoup d'autres déplacés ougandais seront encouragés à quitter les camps de déplacés internes, comme celui d'Anaka, où elle a vécu depuis son ouverture, en 1996. « Il y a plus d'espace ici que dans le camp », dit-elle en parlant de sa nouvelle maison. « Les enfants ont de la place pour jouer. Je suis heureuse d'être ici. »

Jina Amato rêve par-dessus tout que la paix actuelle devienne permanente. « Je continue à prier pour que les choses restent ainsi. Vivre dans un camp a fait partie de notre réalité pendant très longtemps, et j'en suis vraiment lassée », ajoute-t-elle.

Par Moses Odokonyero à Gulu, Ouganda