Nigéria : Le HCR exhorte au dialogue pour mettre fin aux affrontements entre éleveurs et agriculteurs
Nigéria : Le HCR exhorte au dialogue pour mettre fin aux affrontements entre éleveurs et agriculteurs
GENÈVE, 6 mai (HCR) - Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, appelle à une action urgente pour mettre fin à la tension croissante et aux affrontements entre éleveurs nomades et agriculteurs qui ont déjà causé la mort de plusieurs centaines de personnes et généré des dizaines de milliers de déplacés cette année dans les régions fertiles du Nigéria.
Les tout derniers affrontements ont été signalés la semaine dernière, lorsque des nomades fulani ont attaqué des villages dans le district d'Ukpabi Nimbo dans l'Etat d'Enugu au sud-est du Nigéria, laissant des maisons détruites, causant la mort de plus de 40 personnes et en forçant des centaines d'autres à fuir.
Ces attaques sont survenues environ deux mois après celles dans le village voisin de Benue qui avaient causé la mort d'environ 300 personnes et en avaient déplacé plus de 100 000 dans l'Etat. Quelque 7000 personnes vivent dans des camps et les autres déplacés sont hébergés chez des proches, selon les employés du HCR qui se sont ensuite rendus dans la région.
Les nomades et la population locale de Benue s'étaient déjà affrontés auparavant, mais la montée de violence de février dernier dans 10 districts a été particulièrement alarmante. Le HCR craint que le problème puisse survenir à nouveau et échapper à tout contrôle à moins que des mesures immédiates ne soient prises, y compris une plus grande présence des forces de sécurité.
Le HCR appelle le Gouvernement nigérian, avec l'appui de la communauté internationale, à faciliter davantage de dialogue entre les communautés dans des Etats comme Benue, Taraba et Enugu ainsi qu'à travailler avec la société civile, y compris des organismes traditionnels et religieux, afin d'éliminer les causes profondes de ce conflit qui menace depuis deux décennies. Le HCR recherche également une aide accrue pour les personnes déplacées, en particulier les femmes et les enfants.
La désertification accrue, le surpâturage et la baisse des précipitations ces dernières années ont aggravé la situation, en poussant les nomades des régions du Nord a rejoindre des terres agricoles plus riches au sud du pays. Les tout derniers affrontements ont été provoqués par un désaccord sur des itinéraires de pâturage et l'empiètement sur des terres agricoles.
Le HCR a conduit une mission à la fin mars pour évaluer la situation ainsi que les besoins des personnes touchées dans l'État de Benue après les attaques de février. L'équipe s'est rendue dans des villages du district d'Agatu qui avaient été incendiés et rasés. La plupart des villages étaient déserts. Les écoles, les églises et les dispensaires ont été détruits.
Les villageois avaient trouvé refuge dans des sites de fortune et ils ont besoin de nourriture, d'abris, des articles de secours, de médicaments et de soins de santé, de soutien psycho-social et d'autres formes d'assistance. Le HCR et ses partenaires ont fourni des abris, des articles de première nécessité et un appui aux moyens d'existence pour les personnes déplacées, y compris celles affectées par les tout derniers affrontements.
Depuis 2011, lors de l'accroissement des affrontements entre éleveurs et agriculteurs, quelque 400 000 personnes ont été déplacées par des éclats de violence sporadiques. Environ 80 pour cent d'entre elles sont rentrées, mais elles continuent de faire face à de nombreux défis.
Les différends entre éleveurs et agriculteurs ne sont pas lies à la lutte du gouvernement de ces dernières années contre l'insurrection de Boko Haram au nord-est du Nigéria, qui a causé le déplacement de quelque trois millions de personnes au Nigéria et dans les pays voisins.
Les groupes nomades mènent leur bétail depuis le Sénégal et le Mali en Afrique de l'Ouest vers le Tchad et la République centrafricaine. Ils se sont affrontés avec des personnes dans certains de ces pays sur le pâturage et le transit.