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« Mon objectif a toujours été de vous faire venir ici »

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« Mon objectif a toujours été de vous faire venir ici »

Un père nicaraguayen a réussi à réunir les membres de sa famille au Costa Rica.
12 Juillet 2019

Après avoir participé aux manifestations contre le gouvernement nicaraguayen, Enrique*, âgé de 69 ans, a été enlevé par un groupe de paramilitaires, torturé, puis finalement libéré. Cette expérience traumatisante l’a profondément transformé.


 « Je me souviens encore de ces jours-là », dit-il. « Je suis rentré chez moi avec le sentiment d’avoir en permanence une ombre dans le dos, comme si on me suivait partout », explique-t-il. Incapable de supporter cette situation plus longtemps, il s'est enfui vers le Costa Rica en quête de sécurité.

La détérioration rapide de la situation politique au Nicaragua depuis le mois d’avril 2018 a provoqué d’importantes violences et de graves violations des droits humains, forçant des dizaines de milliers de Nicaraguayens à fuir vers d'autres pays. La grande majorité de ces personnes se sont dirigées vers le sud et, en l'espace d'un an, plus de 33 000 Nicaraguayens ont introduit des demandes d'asile au Costa Rica. Face à des capacités d'accueil mises à rude épreuve, 28 095 autres personnes attendent toujours de pouvoir officialiser leur demande d'asile auprès des autorités nationales. 

« J'avais toujours rêvé de faire venir mon père ici. »

Enrique décrit le long périple qu’il a parcouru à travers la campagne, en traversant des rivières et une jungle très dense. Lorsqu'il a aperçu pour la première fois des champs d'ananas – plutôt rares au Nicaragua – il a compris qu'il était arrivé au Costa Rica. « Je savais que j'étais de l'autre côté. Je me suis caché dans une pile de sacs transportés par un camionneur qui m'a aidé. Je me suis immédiatement senti soulagé. » Peu de temps après son arrivée, il a introduit sa demande d'asile.

Mais il n’était pas au bout de ses angoisses car ses parents, son épouse et ses enfants se trouvaient toujours au Nicaragua. Enrique savait qu'ils étaient en danger et cherchait un moyen de les mettre tous en sécurité. Les semaines se sont transformées en mois. Enrique a eu des difficultés à prendre les dispositions nécessaires pour les faire venir au Costa Rica.

Une nuit, Enrique a rêvé de son père. Il a vu la maison de ce dernier décorée comme pour des funérailles. Puis le téléphone a sonné et il s’est réveillé. « Quand j’ai pris l’appel, j'ai tout de suite su que mon père était décédé. C’est le moment le plus difficile de mon séjour au Costa Rica. J'avais toujours rêvé de faire venir mon père ici. »

Enrique*, originaire du Nicaragua, nous montre une photo des membres de sa famille après avoir demandé l'asile au Costa Rica.

Tandis que des milliers de personnes ont fui le Nicaragua, de nombreuses familles ont été séparées sans savoir si elles se reverraient un jour. Heureusement pour Enrique, il a pu faire venir sa femme, ses deux filles et un petit-fils qui vivent aujourd’hui dans un endroit où ils se sentent en sécurité et peuvent reconstruire leur vie.

Environ 70 000 Nicaraguayens ont introduit une demande d’asile ou ont l’intention de le faire dans la région, notamment au Panama, au Mexique et aux États-Unis. Mais en l'absence d’issue à la crise politique et sociale, le nombre de personnes déracinées devrait continuer à augmenter.

Bien qu'il ait des difficultés à joindre les deux bouts, Enrique n'abandonne pas. Chaque jour, il enfile son chapeau (un souvenir de chez lui) et il sort pour effectuer des petits travaux informels. « Nous avons des problèmes financiers mais, au moins, nous sommes ensemble et en sécurité. »

Le Costa Rica, un havre de paix pour les Nicaraguayens et d’autres demandeurs d'asile

Au Costa Rica, le système d’asile a été mis à rude épreuve par le récent afflux de Nicaraguayens fuyant les persécutions pour leur rôle – réel ou présumé – dans les manifestations et les activités antigouvernementales. Dans le même temps, le pays connaît une arrivée importante de Vénézuéliens, fuyant les violences criminelles et les persécutions au Salvador et au Honduras, ainsi que les déplacements de population de longue date en provenance de la Colombie.

Pour assurer leur protection, le Costa Rica travaille avec la communauté internationale afin de fournir une aide immédiate et de poser les bases d’une intégration locale. Cette vision innovante fait partie d'une nouvelle approche inter-institutions visant à permettre aux personnes déracinées et à leurs communautés d'accueil de s'épanouir. Il s’agit du Cadre global de protection et de solutions régionales, plus connu sous l’acronyme espagnol MIRPS.

Le cadre juridique du pays permet aux demandeurs d’asile et aux réfugiés d’assurer leurs besoins fondamentaux et d’accéder aux services essentiels, notamment aux programmes nationaux d’aide sociale en faveur des populations vulnérables qui vivent dans l’extrême pauvreté, au système d’éducation publique, à des bourses d’études et au programme d’accompagnement à la recherche d’emploi. Cependant, le Costa Rica doit faire face à d’importants défis économiques et ce pays est confronté à une politique de réforme fiscale.

*Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection.