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Meurtrie par six ans de conflit en Syrie mais toujours vivante

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Meurtrie par six ans de conflit en Syrie mais toujours vivante

La jeune Wafaa est emblématique du meilleur et du pire du conflit en Syrie. Gravement brûlée lors du bombardement ayant détruit sa maison située dans l'est d'Alep, Waffa irradie cependant par son optimisme.
9 Mars 2017
Des femmes réfugiées somaliennes patientent à l'extérieur de la coopérative après une longue journée. « Nous sommes 20 femmes qui avons créé une coopérative pour vendre du lait et parvenir à l'autosuffisance. Nous vendons du lait aux réfugiés et à la communauté d'accueil. Les revenus que nous générons nous permettent de subvenir aux besoins de nos familles. »

Dans un faubourg d'Alep, les rires et les cris de jeunes enfants en train de jouer résonnent dans une cour de récréation voisine, cachée par une longue rangée d'entrepôts en béton transformés en abris temporaires pour des réfugiés syriens déplacés par le long conflit.


Un peu à l'écart, Wafaa Keyari, une petite Syrienne âgée de huit ans et originaire du quartier ravagé de Sakhour, à l'est d'Alep, observe les autres enfants. Wafaa évite le contact direct avec d'autres enfants, à cause de son apparence physique. Son visage et son corps portent les lourdes cicatrices de brûlures subies au cours de l'explosion qui a détruit sa maison il y a deux ans.

« Nous avions une bonbonne de gaz à la maison. La bonbonne a explosé quand la maison a été bombardée. J'étais juste à côté. Mon père et moi avons été brûlés et un autre homme a été tué », raconte-t-elle.

« Quand la maison a été bombardée, le réservoir de gaz a explosé. J’étais juste à côté. »

Wafaa est l'une des nombreuses victimes de la guerre brutale en Syrie qui marquera bientôt un sixième anniversaire tragique. S'ajoutant aux centaines de milliers de gens tués ou mutilés par le conflit, 4,9 millions de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins et 6,3 millions d'autres ont été déplacés au sein des frontières syriennes.

Un foulard mauve vif et un chapeau vert cachent les cicatrices que Wafaa porte sur le crâne ; elle sourit timidement et se balance sur place en décrivant les minutes qui ont suivi l'explosion.

« On m'a emmenée à l'hôpital, j'étais consciente et ils m'ont soignée », raconte-t-elle. « Vous voyez, je portais des vêtements en laine, comme ceux que je porte maintenant, et ils sont restés collés sur moi. A l'hôpital, ils les ont détachés de ma peau. La douleur était horrible, ils ne m'ont même pas anesthésiée, ils les ont simplement arrachés.”

Sans foyer, Wafaa, ses parents et ses sept frères et sœurs aînés sont allés vivre chez des proches à l'est d'Alep. A la fin de l'année dernière, alors que les destructions causées par cette bataille de quatre ans pour la seconde ville de Syrie atteignaient leur paroxysme, la famille a fui, à la recherche d'un lieu sûr, et elle est finalement arrivée dans l’abri à l'est d'Alep où elle vit depuis quatre mois.

Malgré le calme actuel qui a suivi la trêve et a permis l'évacuation des groupes armés et des civils pris au piège dans les zones de combats, la ville historique d'Alep a été défigurée à jamais par des années de guerre.

Il n’y reste aujourd'hui que 1,5 millions d'habitants sur les quelque quatre millions que comptait la ville. Des milliers d'entre eux sont morts, et de nombreux autres sont désormais réfugiés à l'étranger. Wafaa et sa famille figurent parmi les quelque 400 000 personnes déplacées au sein de la ville.

Lors de sa récente visite dans la ville, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a été choqué par l'ampleur des destructions.

« Que peut-on ajouter, ces ruines parlent d'elles-mêmes. Lorsque vous voyez des vêtements d'enfants suspendus aux fenêtres, des cuisines coupées en deux par les missiles et les bombes, les vies quotidiennes des gens interrompues d'un instant à l'autre par la guerre. Je pense que tout cela pèsera lourd sur la conscience du monde pendant des générations », a-t-il déclaré.

Quelque 40 pour cent de la ville ont été irrémédiablement détruits et de nombreuses autres régions de Syrie ont subi un sort identique. Douze des dix-huit quartiers de la ville d'Homs forment désormais un paysage d'apocalypse fait de maisons et d'immeubles d'habitation rasés et criblés de balles, vides de tout signe de vie, à l'exception du chant des oiseaux et de quelques jeunes pousses vertes dans les décombres.

« Je pense que tout cela pèsera lourd sur la conscience du monde pendant des générations. »

« Nous devons penser au fait qu'il y a des gens ici, certains reviennent dans ces ruines et ont besoin d'aide, immédiatement. Ils ont froid, ils ont faim, ils ont besoin de travail pour gagner un peu d'argent. Ils ont besoin des choses essentielles dans la vie », a ajouté Filippo Grandi.

Comme il ne reste rien de leur maison, pour le moment, la famille de Wafaa est contrainte à rester dans son abri temporaire et à survivre grâce à l'aide du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et des ONG partenaires. En dépit de tout cela, il y a une lueur d'espoir pour Wafaa. Elle n'avait jamais pu aller à l'école à Alep, à cause des combats et aujourd'hui, elle est inscrite dans des classes créées dans le refuge par des ONG.

Le mois dernier, Wafaa a également pu consulter des médecins à Damas, qui examinent la possibilité d'une opération qui améliorerait son apparence physique. On ne sait pas encore ce pourra faire cette chirurgie réparatrice, mais la simple possibilité suffit à générer l'enthousiasme de Wafaa. « Je veux aller mieux, être heureuse dans la vie et n'avoir besoin de rien », explique-t-elle.

Wafaa raconte qu'elle se souvient très bien de son apparence avant l'explosion. Lorsqu'on lui demande si l'incident l'a transformée, elle marque une petite pause avant de répondre en souriant : « Non. Je suis toujours la même petite fille sympa. »