L'intégration des réfugiés en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine
L'intégration des réfugiés en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine
KIEV, Ukraine, 10 avril (UNHCR) - Une récente étude destinée à aider trois pays d'Europe de l'est et à préparer des projets d'intégration pour les réfugiés a déterminé que les fonctionnaires et les réfugiés doivent s'impliquer davantage pour la réussite de ce processus.
« Le succès de l'intégration ne dépend pas seulement du budget alloué, mais aussi des attitudes et des opinions des fonctionnaires ainsi que de la compréhension de la notion d'égalité. Par ailleurs l'intégration requiert aussi une capacité d'adaptation de la part des réfugiés eux-mêmes », a indiqué le rapport, qui a été publié mi-mars.
Les auteurs de l'étude, Oldrich Andrysek, conseiller juridique de l'UNHCR, et Tarja Rantala, du ministère finlandais de l'intérieur, ont interviewé quelque 300 personnes, y compris des réfugiés, des travailleurs humanitaires et des fonctionnaires en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine entre avril et novembre 2007.
Ces trois pays étaient d'anciennes républiques de l'Union soviétique jusqu'à son éclatement en 1991. Depuis, ils sont devenus parties à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et ils ont progressé à grands pas dans la construction de leur système d'asile. Environ 6 500 personnes ont reçu le statut de réfugié depuis 1995 dans ces trois pays, notamment quelque 5 360 d'entre elles en Ukraine.
Cependant le problème de l'intégration a été largement négligé et c'est pourquoi les trois gouvernements ont eu recours à l'aide de l'UNHCR pour mener cette étude et préparer le rapport intitulé : « L'intégration locale des réfugiés en Biélorussie, en République de Moldavie et en Ukraine. Stratégie d'action. »
L'étude, qui aidera la Biélorussie, la Moldavie et l'Ukraine à préparer des plans d'action nationale, aborde tous les aspects de la vie des réfugiés, y compris les documents d'identité, l'enregistrement, l'accès à l'éducation, à l'emploi, au logement, aux pensions et aux aides sociales, au service public de santé, à l'aide juridique et à la naturalisation.
L'intégration est l'alternative la plus viable dans les trois pays, qui se trouvent à la frontière orientale de l'Union européenne. L'UNHCR va les aider à préparer une demande de financement auprès de la Commission européenne pour des projets d'intégration dont la mise en place est prévue de 2009 à 2012.
Néanmoins, cette étude a souligné des obstacles qui doivent être levés. Pour commencer, elle a déterminé que si les réfugiés se sentaient en sécurité, ils ne se sentaient pas tous les bienvenus ni à l'aise. Comme cette réfugiée afghane en Ukraine, qui a dit aux enquêteurs : « Dieu merci, il n'y a pas de guerre ici ; mais que va-t-il encore nous arriver ? »
Le rapport a établi que les réfugiés avaient la capacité de s'entraider, mais il a aussi souligné qu'ils avaient besoin d'un minimum de conditions favorables. Cela incluait l'accès à l'emploi, au logement, aux services sociaux et de santé. Une attention spécifique devrait être accordée aux personnes vulnérables et à celles qui ont des besoins spécifiques.
Par ailleurs, de nombreux réfugiés luttent pour survivre dans ces pays qui connaissent une situation économique difficile. « Comment puis-je trouver un emploi en Moldavie, si les Moldaves eux-mêmes n'ont pas de travail », a dit un réfugié syrien vivant à Chisinau, la capitale de la Moldavie.
En effet, l'emploi était le plus gros problème auquel sont confrontés les réfugiés dans les trois pays, ainsi que le logement. Le rapport a indiqué que les salaires avaient tendance à être plus bas et les loyers plus élevés pour les réfugiés que pour les locaux. « Il est difficile de louer un appartement avec une famille nombreuse, car les gens prennent peur quand ils voient tant d'enfants », a dit un réfugié afghan qui habite en Biélorussie.
La langue est un autre frein à l'intégration. En Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine, de nombreux réfugiés maîtrisent le russe mais ils ne connaissent pas les langues officielles comme l'ukrainien ou le roumain (en Moldavie). L'UNHCR finance des cours de langue à petite échelle, mais l'étude a indiqué que davantage doit être fait et plusieurs mesures concrètes sont proposées dans cette perspective.
L'étude a aussi indiqué que certains fonctionnaires bloquaient le processus d'intégration. Les attitudes envers les réfugiés varient d'un pays à l'autre, explique l'étude précisant toutefois que certains fonctionnaires s'étaient opposés à la présence de réfugiés dans leur région.
Par ailleurs, plusieurs incidents de xénophobie ont eu lieu en Ukraine. Les auteurs de l'étude ont recommandé que les trois gouvernements mettent activement en place des politiques contre la discrimination et le racisme et qu'ils poursuivent les activités de sensibilisation.
L'étude a aussi relevé quelques réussites qui devraient inspirer ceux qui doivent rédiger des plans d'action nationaux pour l'intégration. A Kiev par exemple, un réfugié angolais, qui est directeur assistant dans deux hôtels, a aidé des dizaines de réfugiés africains à trouver un emploi.
A Gomel, la deuxième ville biélorusse, des réfugiés afghans ont créé un club de billard avec l'aide de l'UNHCR il y a deux ans. Non seulement ils réalisent des profits élevés, mais surtout ils embauchent d'autres réfugiés et payent des impôts à l'Etat, la meilleure façon de prouver leur reconnaissance et de remercier le pays qui leur a permis de reconstruire leur vie.
L'étude a été menée dans le cadre de la procédure Söderköping, qui a été lancée en 2001 pour répondre aux problèmes de coopération transfrontalière émergeant après l'élargissement de l'Union européenne vers l'est et pour promouvoir un dialogue sur l'asile et la migration irrégulière parmi les pays situés le long de la frontière orientale de l'Union européenne : la Biélorussie, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et l'Ukraine.
Par Natalia Prokopchuk à Kiev, Ukraine