L'insécurité alimentaire fait fuir davantage de Sud-Soudanais vers le Soudan
L'insécurité alimentaire fait fuir davantage de Sud-Soudanais vers le Soudan
GENÈVE, 29 mars (HCR) - L'augmentation de l'insécurité alimentaire au Soudan du Sud - causée par le conflit et la détérioration des conditions économiques - pousse un nombre croissant de civils à chercher refuge au Soudan voisin, a déclaré le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
L'insécurité alimentaire et l'instabilité croissantes dans certaines régions du Soudan du Sud, en particulier dans les États de Bahr El Ghazal Nord et Warrap au nord-ouest du pays, ont entraîné la fuite de quelque 38 000 personnes vers l'est et le sud du Darfour depuis la fin janvier.
« Le HCR craint une nouvelle dégradation de la situation car l'insécurité alimentaire s'aggrave dans les Etats du Haut-Nil, de Warrap et du Nord Bahr Ghazal », a déclaré le porte-parole du HCR Adrian Edwards aux journalistes lors d'un point de presse mardi à Genève (29 mars). « Les Sud-Soudanais ont besoin d'aide humanitaire, y compris de nourriture, d'eau et d'articles de première nécessité », a-t-il ajouté.
La Commission gouvernementale soudanaise pour l'aide humanitaire a signalé, pour le mois de février, l'arrivée de 2328 Sud-Soudanais à El Meiram et de 2520 autres à Kharasana, dans l'État de l'Ouest-Kordofan. Ces nouveaux arrivants, dont le nombre est probablement sous-estimé, sont arrivés au Soudan en mauvaise santé, beaucoup ayant risqué leur vie en route.
Le HCR a mené une mission à El Meiram les 20 et 21 mars pour évaluer le niveau et la nature des besoins. Dans l'est du Darfour, quelque 500 Sud-Soudanais en moyenne - soit 100 ménages - arrivent chaque jour, par rapport à plus de 150 ménages la semaine dernière. Le total d'arrivants était de 35 234 personnes au 23 mars. Davantage sont attendus ces prochains jours.
Pour la plupart, ils se sont installés au camp de déplacés de Khor Omer. De plus petits nombres sont arrivés dans les villages d'Adila, Bahr Alara, Asalaya, Abu Karinka et Abu Jabra. La situation est désespérée car la plupart des nouveaux arrivants ont voyagé jusqu'à quatre semaines avant de rejoindre Khor Omer. Ils transportaient quelques effets personnels et ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence.
L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés coordonnera la réponse humanitaire globale, conjointement avec le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Le HCR se concentre sur les domaines de la santé publique et de la nutrition, de l'assainissement, des articles de première nécessité et de la prévention - ainsi que de la réponse - à la violence sexuelle et sexiste, ainsi que de la protection de l'enfance. Le HCR plaide également pour un accès direct à l'Est du Darfour pour une réponse durable à cette crise.
Dans le sud du Darfour, plus de 2000 nouveaux arrivants ont été enregistrés au camp de Beliel. Beaucoup d'entre eux sont arrivés sans documents d'identification et ont besoin d'une assistance humanitaire, en particulier de vivres et de produits d'hygiène comme des jerrycans et du savon. De nombreux enfants ont été séparés de leurs familles.
La semaine dernière, le HCR a mené une mission interorganisations pour évaluer les besoins à la fois des nouveaux arrivants et des communautés d'accueil, qui sont débordées car chaque famille accueille quelque 25 à 35 personnes supplémentaires. Selon l'évaluation, les réfugiés ont été confrontés à l'insécurité en route vers le Soudan et ils vivent désormais dans des conditions de surpeuplement, un grand nombre d'entre eux étant malades et ayant besoin de soins médicaux.
Le conflit qui a éclaté au Soudan du Sud en décembre 2013 a généré l'une des plus importantes crises humanitaires au monde avec 2,3 millions de personnes déracinées, dont 678 000 personnes ont traversé les frontières en tant que réfugiés et 1,69 million d'autres sont déplacées à l'intérieur du pays.
L'accroissement de l'insécurité alimentaire et les conflits en cours ont poussé de plus en plus de Sud-Soudanais à fuir - soit à traverser les frontières ou à l'intérieur de leur pays. Ils font partie des 2,8 millions de Sud-Soudanais officiellement classés comme confrontés à une « crise » ou une « situation d'urgence » en termes d'insécurité alimentaire selon FEWSNET, l'organisme mondial chargé de surveiller ces situations.
Le nombre de Sud-Soudanais fuyant leur pays augmente rapidement. Le HCR est extrêmement inquiet du sous-financement du Plan régional 2016 pour l'aide aux réfugiés sud-soudanais (RRRP) qui couvre les programmes d'aide aux réfugiés dans les pays voisins. Ce programme, géré par le HCR et 39 partenaires, est financé à deux pour cent seulement. De ce fait, de nombreuses activités d'assistance sont gravement sous-financées, comme la fourniture d'eau potable, les installations d'assainissement, les services de santé, la nourriture et les abris.