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A l'est du Tchad, le cap des 100 000 personnes déplacées à cause de la dégradation sécuritaire a été franchi

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A l'est du Tchad, le cap des 100 000 personnes déplacées à cause de la dégradation sécuritaire a été franchi

Ces deux dernières semaines, la dégradation de la situation sécuritaire à l'est du Tchad a déplacé quelque 20 000 Tchadiens et représente maintenant une menace réelle pour les camps de réfugiés accueillant des milliers de Soudanais du Darfour voisin. Plus de 100 000 Tchadiens sont maintenant déplacés dans leur propre pays.
5 Janvier 2007
Avec la situation sécuritaire qui empire au Tchad, des milliers de personnes fuient leur foyer. Cet homme cherche des céréales dans les cendres de son habitation, dans un village à l'est du Tchad.

ABECHE, Tchad, 5 janvier (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a déclaré vendredi que la dégradation de la situation sécuritaire à l'est du Tchad avait causé, ces deux dernières semaines, le déplacement de quelque 20 000 Tchadiens et qu'elle constitue désormais une menace pour les camps de réfugiés accueillant des milliers de Soudanais originaires du Darfour voisin.

Plus de 100 000 Tchadiens sont actuellement déplacés dans leur propre pays, qui accueille déjà quelque 230 000 réfugiés du Darfour dans 12 camps de l'UNHCR situés dans la région de l'est du Tchad.

Alors que le conflit entre l'armée tchadienne et les forces d'opposition a baissé d'intensité depuis la récente visite du Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres fin décembre, le niveau des violences intercommunautaires a augmenté dans plusieurs régions de l'est.

« Cette violence ininterrompue menace les vies et le bien-être de dizaines de milliers de réfugiés tchadiens et soudanais dans toute la région », a déclaré Serge Malé, délégué de l'UNHCR au Tchad.

On estime que la dernière vague de violence, qui a eu lieu les deux dernières semaines, a causé le déplacement de quelque 20 000 Tchadiens. Plus de 10 000 déplacés ont fui leurs habitations suite à des attaques transfrontalières de présumées milices janjaweed, dans la région de Borota. Un autre groupe de quelque 10 000 déplacés provenant d'une vingtaine de villages a échappé aux hostilités intercommunautaires et se trouve maintenant réuni dans le village de Gassire, à 8 kilomètres au nord de la ville de Goz Beida. Une évaluation est en cours afin de déterminer le nombre exact de ces Tchadiens et leurs besoins. Les agences humanitaires qui éprouvaient déjà des difficultés à fournir de l'aide avec des effectifs réduits, dans ce contexte d'insécurité accrue, se trouvent maintenant à la limite de leurs capacités.

« Les ressources sont tout simplement insuffisantes pour faire face aux très nombreux besoins », a indiqué Serge Malé. « Nous avons seulement les moyens de répondre aux conséquences humanitaires de cette tragédie, et pas aux racines du problème, qui vont au-delà du mandat et de la capacité des agences humanitaires. »

Serge Malé a réitéré l'appel du Haut Commissaire António Guterres pour une initiative de la communauté internationale afin d'améliorer la situation sécuritaire à l'est du Tchad.

L'insécurité qui sévit dans la région de Koukou, à 45 kilomètres au sud-est de Goz Beida, a empiré durant cette dernière quinzaine. Le camp de réfugiés de Goz Amer, situé à 8 kilomètres au sud-est de Koukou, a subi des menaces d'attaques, créant la panique parmi les 19 000 réfugiés du Darfour qui y sont hébergés. Plusieurs réfugiés apeurés ont déjà quitté le site, se dirigeant vers Goz Beida.

La capacité de la région de Goz Beida à absorber tant de déplacés est mise à rude épreuve. La ville, qui compte quelques milliers d'habitants, et sa région alentour accueillent maintenant plus de 30 000 Tchadiens déplacés internes, dont 17 000 sont arrivés depuis la fin du mois de novembre, ainsi que plus de 15 000 réfugiés du Darfour dans le camp de Djabal géré par l'UNHCR. Les réserves d'eau destinées à répondre aux besoins de quelque 25 000 personnes sont maintenant utilisées pour plus de 55 000 réfugiés, déplacés et membres des communautés locales. De même, les réserves en bois de chauffage sont utilisées au maximum avec l'arrivée de la saison froide.

Entre temps, et alors que les conditions de sécurité se détérioraient dans le nord-est du Tchad, deux réfugiés soudanais ont été abattus jeudi dans le camp de Kounoungou, près de Guéréda. Un troisième réfugié - une mère enceinte de neuf mois - a été blessée par balle au bras en essayant de porter secours aux deux autres réfugiés, qui étaient des membres de sa famille. Dans la même région, les violences intercommunautaires entre groupes d'ethnies différentes ont fait au moins une quarantaine de blessés. Le nombre de victimes reste à déterminer.

Une enquête est en cours pour identifier les responsables des fusillades dans le camp de Kounoungou, et les autorités tentent de gérer une situation qui pourrait rapidement échapper à leur contrôle.

Les gendarmes tchadiens responsables de la sécurité à l'intérieur et aux environs des 12 camps, qui accueillent les réfugiés du Darfour soudanais dans l'est du pays, se plaignent de ne pas être suffisamment nombreux, ni assez bien équipés pour être efficaces.

Par Matthew Conway, Abéché, Chad