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Les survivants sri-lankais affichent la couleur, dix mois après le tsunami

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Les survivants sri-lankais affichent la couleur, dix mois après le tsunami

Plus de 200 000 Sri-Lankais ont perdu leur maison dans le tsunami de décembre 2004. Ils sont à présent presque tous hébergés dans des « abris de transition », logement à mi-chemin entre l'hébergement d'urgence et les nouvelles maisons permanentes dont la construction prendra encore plusieurs années. Certains d'entre eux personnalisent leur nouvelle maison provisoire avec imagination et respect.
25 Octobre 2005
De nombreuses familles, sans-abri après le tsunami, ont peint des fresques hautes en couleur sur les murs de leur logement de transition.

COLOMBO, Sri Lanka, 25 octobre (UNHCR) - Comme beaucoup d'autres personnes au Sri Lanka, Madame A.L. Sulahaummah n'oubliera jamais le 26 décembre 2004, le jour où le tsunami a frappé et tué 200 000 personnes dans 13 pays, dont le Sri Lanka, l'Indonésie, la Thaïlande, les îles Andaman en territoire indien, l'Inde, et même un pays aussi lointain que la Somalie.

Assise devant sa maison jaune et mauve à Kalmunai, dans le district d'Ampara, à l'est de l'île, Madame Sulahaummah explique qu'elle n'a pas eu le temps de rassembler ses affaires avant de se réfugier à l'étage avec ses trois enfants lorsque le tsunami a frappé. En quelques secondes, des vagues énormes ont déferlé jusqu'à 500 mètres à l'intérieur des terres. « Nous avons entendu des gens crier et nous les avons vus s'enfuir vers l'intérieur des terres. Ensuite, nous sommes montés à l'étage aussi vite que nous avons pu », se souvient-elle. « Notre maison était très endommagée, mais au moins, nous avons survécu. »

Sa nouvelle maison n'est ni temporaire, ni permanente. En jargon humanitaire, cela s'appelle un « abri de transition ». Cet abri lui a été fourni par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Mais elle-même en a choisi les couleurs pour la décorer.

La violence du tsunami est inimaginable pour les personnes qui n'en ont pas fait l'expérience directe. Les palmiers de dix mètres qui bordaient la côte, et qui sont toujours debout, se dressent comme des monuments aux victimes de la vague meurtrière. Leurs feuilles ont été brunies par l'eau de mer qui les a submergées. Derrière les arbres, des pierres éparpillées dessinent les restes des bâtiments qui, subissant la pleine force de la vague, ont été rasés jusqu'aux fondations.

Si on avance vers l'intérieur des terres, on rencontre des gens comme Madame Sulahaummah et l'ambiance se fait moins pesante, malgré les souvenirs horribles de ce matin terrible, il y a 10 mois.

Le 14 octobre, une petite cérémonie a été organisée dans le district d'Ampara, au cours de laquelle l'UNHCR a remis les clés à Monsieur S.M. Adam Bawa et sa famille, en l'occurrence la famille recevant le 2 000e logement de transition construit par l'UNHCR et ses partenaires à Ampara. Au 25 octobre, il ne restait que 134 abris à construire sur les 2 800 prévus pour Ampara. En tout, ces logements devraient offrir un abri sûr, solide et digne aux 14 000 personnes qui ont perdu leur toit dans le tsunami.

Les abris de transition, c'est plus que du provisoire et moins que du permanent. Ils sont nécessaires, car la reconstruction à cette échelle - des dizaines de milliers de nouvelles maisons et de nouveaux appartements - va prendre plusieurs années, ce qui est bien trop long pour habiter sous la tente, dans un pays chaud qui connaît une mousson annuelle et qui est régulièrement touché par les tempêtes.

Les abris de transition de l'UNHCR mesurent 3,7 x 4,9 mètres et comprennent deux pièces construites à l'intérieur d'un cadre en fer galvanisé. Ils sont conformes aux standards internationaux SPHERE pour une famille de cinq personnes. Les fondations en briques assurent une base solide et résistante. Les murs supérieurs sont en contreplaqué et les toits en aluminium zingué. Bien que plus onéreux que la tôle, l'aluminium zingué résiste mieux à la chaleur - un facteur important dans un tel climat chaud.

L'élément qui saute aux yeux dans ces abris de transition du district d'Ampara, est la gamme de couleurs vives et joyeuses, choisies par les familles bénéficiaires pour décorer leur nouvelle maison. Madame Sulahaummah affirme qu'elle fut la première à opter pour le mauve et le jaune.

Elle projette d'utiliser l'allocation gouvernementale dans un ou deux ans pour reconstruire sa vieille maison endommagée qui se trouve à côté de son nouvel abri coloré. Mais elle reste patiente.

« Je suis très heureuse de vivre ici maintenant et j'aime cette maison », dit-elle en souriant et en tapotant le mur. « Nous voulions utiliser des couleurs joyeuses et maintenant, tous les autres nous imitent ! » Et elle désigne en souriant un abri de transition vert clair à côté du sien.

Environ 50 familles vivent dans cette région de Kalmunai, imprégnée d'un véritable esprit communautaire. Tout autour, les gens travaillent ensemble pour évacuer les débris et reconstruire leurs maisons détruites. De petits magasins sont ouverts et vendent des fruits et des légumes. La volonté d'agir se perçoit dans l'air.

Jo da Silva, ex-coordinatrice de l'UNHCR pour le logement au Sri Lanka, pense que le choix des couleurs révèle plus qu'un simple désir de décoration. C'est un moyen de personnaliser le bâtiment et, en tant que tel, il témoigne du désir de se tourner vers l'avenir plutôt que de s'appesantir sur la mort et la destruction causées par le tsunami. « Vous pouvez voir clairement la façon dont les bénéficiaires ont pris possession de leurs abris. Ils les ont même peints en couleurs vives et ont ajouté des auvents ; quand vous les interviewez, ils se déclarent vraiment heureux », a-t-elle dit peu après avoir quitté le Sri Lanka, à la fin de son contrat.

Dès le départ, l'UNHCR a réalisé l'importance de ne pas disperser les membres d'une communauté. Cet objectif fut atteint en sélectionnant, à proximité ou à l'intérieur des zones affectées, des terrains privés disponibles qui convenaient pour la construction d'abris de transition.

« Même si, d'un point de vue logistique, il fut beaucoup plus compliqué de construire nos abris sur de petites parcelles privées plutôt que sur un site plus vaste, il y a beaucoup d'avantages à garder les communautés déplacées dans un environnement familier », déclare Edward Benson, responsable du bureau de l'UNHCR à Ampara. Il attire l'attention sur le fait qu'en juin l'UNHCR avait déjà construit 300 abris de transition à Ampara sur pas moins de 270 sites différents. Ceci illustre le défi que présente cette politique respectueuse des communautés.

L'UNHCR, qui a mis sur pied son opération d'abris transitoires à Ampara en février (après la phase de première urgence), a commencé par un projet pilote de 42 abris. Pendant cette importante étape initiale, les experts de l'agence en abris ont travaillé en étroite collaboration avec les bénéficiaires, pour tenir compte de leurs réactions lors de la construction des abris.

En conséquence, on apporta des modifications au plan standard, notamment en ajoutant des feuilles de palmier sur les pignons pour l'étanchéité, en remplaçant les portes arrières par des fenêtres avec verrous et en utilisant du bois massif plutôt que du contreplaqué pour les portes.

Edward Benson explique : « En perfectionnant notre plan d'origine grâce au projet pilote, nous avons pu nous assurer que les abris correspondaient effectivement aux besoins des bénéficiaires. »

Pour fin 2005, l'UNHCR achèvera la construction des abris de transition au Sri Lanka. Il en aura construit environ 4 400-2 842 à Ampara et 1 558 autres à Jaffna - et aura soutenu activement le gouvernement en coordonnant la construction de plus de 55 000 abris sur toute l'île. Les 4 400 abris de l'UNHCR hébergeront jusqu'à 22 000 personnes dont les maisons ont été endommagées ou détruites. Dans tout le pays, plus de 200 000 personnes devraient bénéficier du programme d'abris de transition.

En tant qu'agence principale à Ampara, le district le plus affecté au Sri Lanka, l'UNHCR a coordonné le travail de plus de 40 entrepreneurs, qui ont construit plus de 17 000 abris de transition au total, a déclaré Edward Benson. L'UNHCR en a construit un total de 2 500. Bien que la construction soit maintenant quasiment terminée, le programme de logement à Ampara se poursuivra en améliorant ces abris avant le début de la mousson fin 2005.

Comme 95 pour cent des besoins en abris de transition ont été satisfaits dans le pays, on commence à mettre l'accent sur « l'entretien et la maintenance » dans toutes les parties de l'île touchées par le tsunami, selon Richard Dietrich, le successeur de Jo da Silva en tant que coordinateur de l'UNHCR pour le logement. « Pour s'assurer que ces abris de transition restent une solution adéquate pour le logement intermédiaire, l'entretien et la maintenance sont essentiels », déclare Richard Dietrich.

« Ce programme implique non seulement de maintenir une infrastructure durable, mais aussi d'assurer l'organisation efficace du site, l'accès aux services de base tels que l'eau et les installations sanitaires, les écoles et les soins médicaux ou encore des matières touchant à d'autres secteurs, tels que la sécurité et l'accès à une information fiable », ajoute-t-il.

Un des abris de transition les plus émouvants à Ampara appartient à Hamsa, sa femme Junaitha et leurs cinq enfants. Sur le mur intérieur, Hamsa a peint une belle fresque pour sa famille et un logo de l'UNHCR à l'extérieur. « Nous avons perdu trois de nos enfants dans le tsunami et nous étions tous si malheureux », dit-il. « Tous les jours je pouvais voir la tristesse sur le visage de mes enfants ; j'ai donc décidé de peindre cette fresque pour leur remonter le moral. »

De nombreuses familles, sans-abri après le tsunami, ont peint des fresques hautes en couleur sur les murs de leur logement de transition.

En montrant du doigt, avec enthousiasme, les différents oiseaux et éléphants représentés sur le mur, les jeunes enfants éprouvent de toute évidence un grand plaisir grâce à cette peinture. Comme pour Madame Sulahaummah, il semble que, jusqu'à un certain point, la maison et les peintures ont aidé Hamsa et sa famille à se tourner vers le futur, plutôt que de rester prisonniers des souvenirs de ce jour terrible où la moitié des enfants de la famille a survécu et l'autre moitié est décédée.

Par Lyndon Jeffels à Colombo

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