Les survivantes de violences sexuelles reprennent leur vie en main dans les camps de réfugiés du Népal
Les survivantes de violences sexuelles reprennent leur vie en main dans les camps de réfugiés du Népal
DAMAK, Népal oriental, 7 mars (UNHCR) - La vie de Mina* a basculé à jamais le jour où elle a été violée. Malgré ses appels au secours, personne ne l'a entendue. Cette mère de quatre enfants, qui a des difficultés pour parler et pour entendre, a été brutalement secouée par l'incident. Pourtant sa volonté de survivre est demeurée intacte. Avec l'aide de sa famille et de l'UNHCR, elle s'est battue pour obtenir justice et faire condamner pareil acte de brutalité. « Je ne voulais pas que ça arrive à d'autres femmes », dit-elle.
Elle a bénéficié d'une assistance juridique et son bourreau a été conduit devant la justice. Reconnu coupable, il a été condamné à trois ans d'emprisonnement. Aider les victimes de violences à l'encontre des femmes représente une part importante du travail de l'UNHCR au Népal. « L'assistance juridique est disponible pour toutes les survivantes de violences sexuelles et sexistes », indique Abraham Abraham, délégué de l'UNHCR au Népal.
Cette assistance est dispensée soit directement par l'équipe de l'UNHCR chargée de la protection soit par des professionnels de l'ordre national des avocats népalais - Jhapa Unit (NBA). Cette aide couvre la plupart des étapes qui jalonnent le parcours juridique permettant de porter un cas devant les tribunaux : conseils légaux, représentation juridique, dépôt de la plainte et assistance des survivants et des témoins lors des auditions devant la cour.
L'UNHCR travaille également à la prévention des violences contre les femmes. « L'UNHCR a développé en priorité les activités préventives pour modifier les comportements de la population vis-à-vis des femmes. L'agence sait qu'outre le fait de conduire les auteurs des crimes devant la justice, la promotion du respect des femmes et des jeunes filles constitue un facteur essentiel pour la réduction des cas de violences sexuelles », indique Abraham Abraham. Les femmes réfugiées confirment que les camps sont devenus plus sûrs depuis l'introduction de ces mesures.
Aujourd'hui, Mina dirige une petite entreprise de couture au sein de la communauté réfugiée, après avoir suivi une formation qui est offerte à toutes les femmes du camp où elle réside et qui consiste à développer leurs compétences de base. Après s'être enregistrée dans le cours supérieur de couture, elle a pu bénéficier de l'appui financier nécessaire pour monter son affaire grâce à un programme de micro-crédit.
Les programmes de micro-crédit gagnent en popularité parmi les femmes dans les camps. Ces programmes leur permettent de gérer par elles-mêmes des activités économiques, malgré le fait que les biens qu'elles produisent soient vendus seulement à l'intérieur du camp et que les gains financiers de ces programmes restent faibles. Ils permettent néanmoins aux femmes de devenir autosuffisantes et de subvenir aux besoins de leur famille. Ils contribuent aussi au développement du respect d'elles-mêmes et de leur dignité.
Lalita*, âgée de 22 ans, est mère d'un enfant. Elle a aussi bénéficié de ce programme de micro-crédit. Comme Mina, elle s'est aussi investie dans ce projet après avoir souffert de violence sexiste, ayant été battue régulièrement par son mari. « Un jour, j'ai été tellement frappée par mon mari que j'ai dû être hospitalisée », a expliqué Lalita. « Le jour où j'ai quitté l'hôpital, j'ai décidé de mettre fin à cette cruauté », a-t-elle ajouté.
Lalita a commencé par vivre chez ses parents, donnant à son mari la chance de s'excuser pour ses actes et lui offrant de revivre avec elle. Cependant, il n'a pas du tout réagi comme elle le prévoyait. Son mari est parti avec une autre femme et a commencé à mener une vie normale, en l'oubliant complètement, elle et sa fille. Laissée seule avec la petite et face à un futur incertain, Lalita a dû prendre des décisions difficiles pour faire avancer sa vie. Elle a entrepris une action légale contre son mari, demandant le divorce pour raison de polygamie et d'abus physiques. Le tribunal, acceptant sa plainte, a blâmé son mari et a accordé le divorce à Lalita.
Réfléchissant à son parcours pour refaire sa vie, Lolita a dit : « Pendant cette période difficile, j'ai reçu de l'aide et des conseils de l'UNHCR et j'ai pu bénéficier d'une formation professionnelle dispensée par la Bhutanese Refugees Aiding Victims of Violence (BRAVVE). » Après quelques mois, elle a acquis des compétences dans le tissage et la confection de sacs et de vêtements traditionnels.
BRAVVE, qui dispense aussi des formations appelées « les femmes dans le commerce » pour des réfugiées vulnérables, est l'une des deux organisations de réfugiés bhoutanais fournissant des apprentissages et propose des programmes d'activités génératrices des revenus dans les camps. Cette organisation est soutenue par AUSTCARE/LWF. L'autre organisme, le Bhutanese Refugee Women's Forum (BRWF), est quant à lui parrainé par l'UNHCR.
Lalita a jugé très utile la formation reçue de la BRAVVE. « Elle m'a aidée à m'engager dans quelque chose de productif et m'a donné l'opportunité de gagner un petit peu d'argent pour participer aux frais de la famille », a-t-elle expliqué, visiblement heureuse. Cet apprentissage a aussi donné à Lalita de nouvelles ambitions. « Maintenant, je veux suivre la formation « les femmes dans le commerce. »
* Noms fictifs
Par Nini Gurung, UNHCR Katmandou