Les réfugiés sud-soudanais qui se trouvent en Ouganda peuvent maintenant rentrer chez eux
Les réfugiés sud-soudanais qui se trouvent en Ouganda peuvent maintenant rentrer chez eux
KAMPALA, 27 mars (UNHCR) - Des milliers de réfugiés sud-soudanais dans le nord de l'Ouganda, représentant plus de la moitié de la population réfugiée originaire du Sud-Soudan, pourront rentrer dans leur pays d'origine après la signature lundi d'un accord pour le rapatriement dans la capitale ougandaise.
L'accord entre l'UNHCR et les gouvernements de l'Ouganda et du Soudan permet le rapatriement des réfugiés sud-soudanais à partir du mois d'avril si la situation sécuritaire actuelle s'améliore.
La semaine dernière, l'UNHCR a suspendu son programme de rapatriement depuis la République démocratique du Congo (RDC) et la République centrafricaine (RCA) suite à de lourds combats à Yambio et à une attaque contre les bureaux de l'UNHCR à Yei. Au cours de cet incident, un garde a été tué. Un autre garde et un employé de l'UNHCR ont été sérieusement blessés.
Cet accord concerne quelque 168 000 réfugiés soudanais qui habitent dans des camps au nord de l'Ouganda. C'est la plus large concentration de réfugiés soudanais au monde. Ils représentent aussi 80 pour cent de la population totale des réfugiés en Ouganda.
Depuis la signature d'un accord de paix en 2005 mettant fin à 21 ans de guerre civile entre le nord et le sud du pays, les retours sont à nouveau envisageables pour des milliers de personnes qui ont fui durant de longues années de conflit sanglant. Au total, on compte toujours 358 000 réfugiés soudanais dans les pays voisins, notamment le Kenya, l'Ethiopie, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et l'Egypte.
L'accord tripartite signé à Kampala définit le cadre légal requis pour coordonner, gérer et organiser le rapatriement volontaire des réfugiés qui ont exprimé le souhait de rentrer dans leur pays d'origine. L'UNHCR coordonne l'opération de rapatriement vers le Sud-Soudan.
« Les Soudanais ont besoin de se prendre en main pour la reconstruction de leur pays », a indiqué Jean-Marie Fakhouri, le directeur des opérations de l'UNHCR au Soudan, lors de la cérémonie de signature à Kampala. S'adressant à un groupe de réfugiés qui étaient présents, il a ajouté : « Vous serez le moteur du développement du Soudan et votre présence sur place est indispensable. »
Cet accord est le cinquième de ce type. D'autres ont été signés avec le Kenya en décembre dernier, ainsi qu'avec la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et l'Ethiopie plus tôt cette année.
Près des deux tiers des réfugiés sont originaires des Etats Ouest, Centre et Est-Equateur du Sud-Soudan alors que le tiers restant provient essentiellement des Etats du Haut-Nil, de Bahr el Ghazal et de Jongley.
« Nous devrions appeler nos frères à rentrer au Soudan », a affirmé le brigadier Aleu Ayieny Aleu, le Ministre soudanais de l'intérieur. « Il y a suffisamment d'eau pour faire de notre pays une terre fertile et vous pourrez trouver de la nourriture », a-t-il dit aux réfugiés présents lors de la cérémonie à Kampala.
En janvier 2006, l'UNHCR et les autorités ougandaises ont commencé l'enregistrement des réfugiés dans les districts d'Arua, de Moyo, Hoima et Masindi. Jusqu'à présent, plus de 29 000 réfugiés ont été enregistrés, ils attendent d'être rapatriés cette année. A leur arrivée au Sud-Soudan, les réfugiés reçoivent des kits de rapatriement contenant des couvertures, des nattes de couchage ou des matelas, des bâches en plastique, des moustiquaires, des jerrycans, des nécessaires de cuisine, des seaux, du savon et de la nourriture fournie par le Programme alimentaire mondial pour les aider à recommencer leur vie.
Cependant, les espoirs des réfugiés soudanais souhaitant rentrer et se réintégrer avec succès dans leur village d'origine pourraient ne pas se concrétiser à cause du manque de ressources financières de l'UNHCR pour l'opération de rapatriement au Soudan. L'agence pour les réfugiés a lancé un appel pour 2006 d'un montant de 63 millions de dollars pour soutenir les opérations de rapatriement volontaire, de retour et de réintégration des réfugiés au Sud-Soudan, mais n'a reçu à ce jour que 10,2 millions de dollars.
« La paix au Soudan pourrait sembler être l'aboutissement d'un processus », a indiqué Jean-Marie Fakhouri lors de la cérémonie. « Au contraire, c'est le début d'une nouvelle ère et nous avons besoin des donateurs pour soutenir les réfugiés à rentrer chez eux et à reconstruire leur pays. »
Par Roberta Russo à Kampala, Ouganda