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Les réfugiés somaliens s'installent dans une nouvelle ville de tentes au Kenya

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Les réfugiés somaliens s'installent dans une nouvelle ville de tentes au Kenya

Un réseau communautaire commence à se tisser parmi les milliers de réfugiés qui habitent les tentes blanches du camp d'Ifo Extension au nord du Kenya.
19 Septembre 2011
Des réfugiés somaliens attendent de collecter de l'eau à Ifo Extension.

IFO EXTENSION, Kenya, 19 septembre (HCR) - Dans un camp situé au milieu du désert et balayé par les vents, deux femmes s'insultent vigoureusement sur qui sera la première à remplir son jerrycan d'eau, des deux côtés de la borne-fontaine. Durant la plus grande partie de leur vie, ces femmes étaient habituées à faire plusieurs kilomètres pour cette précieuse substance et c'est une ressource qui vaut bien d'être âprement disputée. Toutefois, ces insultes peuvent rapidement évoluer en querelles meurtrières entre des familles entières.

Le chef local Bashir Adbi Kassim, âgé de 38 ans, arrive sur les lieux avec des agents de sécurité issus de la communauté avant que la dispute ne tourne à un sanglant règlement de compte. Les femmes n'ont pas compris qu'il y a bien suffisamment d'eau pour tout le monde dans le camp d'Ifo Extension, qui fait partie du complexe tentaculaire des camps de réfugiés de Dadaab, au nord-est du Kenya.

Bashir Adbi Kassim propose une solution élégante permettant aux différentes parties de sauver la face. Toute personne qui veut de l'eau doit placer son jerrycan dans une file d'attente devant la borne-fontaine. Le resquillage est interdit. « Nous avons suffisamment appris des affrontements entre tribus en Somalie pour savoir que nous devons éviter la moindre dispute », indiqué Bashir Adbi Kassim, qui est arrivé à Dadaab il y plus d'un mois depuis la région de Gedo dans le sud de la Somalie. « Ici nous avons besoin de travailler et de faire bloc ensemble. »

Cette dispute s'inscrit dans l'évolution sociale d'Ifo Extension. Un réseau communautaire commence à se tisser parmi les milliers de réfugiés qui habitent dans les tentes blanches. Ce qui était auparavant un assemblage disparate de réfugiés devient lentement un groupe homogène avec un sens partagé de la responsabilité et des obligations. Les familles commencent à comprendre qu'elles n'ont plus à se soucier de se procurer des vivres de première nécessité comme lorsqu'elles habitaient des zones plus dangereuses comme la périphérie d'Ifo.

« La fourniture des services rassemble les gens et aide à établir une communauté », indique Moulid Hirsi, fonctionnaire adjoint chargé des opérations sur le terrain qui travaille à Dadaab depuis plus de 19 ans. « Cela permet la convergence des intérêts et de la responsabilité au niveau communautaire. Vous éliminez le « je » et vous le remplacez par le « nous ». »

La notion du voisinage est fragile, comme on peut l'imaginer d'un groupe d'étrangers dont l'arrivée ici résulte du désespoir associé à la sécheresse et au conflit. Un sentiment d'urgence continue à tournoyer au-dessus d'eux avec des préoccupations continues sur les maladies, la situation de sécurité et les équipements ménagers de base.

Toutefois, depuis début juin, lorsque le climat de violences persistantes et la pire sécheresse jamais vue en 60 ans a provoqué la toute dernière crise en Somalie, Ifo Extension est passé d'un terrain dénudé et aride à une ville en pleine croissance avec 7 300 tentes et près de 30 600 habitants. L'objectif visant à fournir abri et services à 90 000 réfugiés à la fin de l'année demeure une priorité pour le HCR.

Certains membres de la communauté n'attendent pas la fin du projet pour établir leurs propres institutions. A environ 30 mètres du point d'eau, certains d'entre eux ont créé leur propre école de fortune, même si le HCR et ses partenaires préparent non loin une école sous tente.

Osman Aden, 11 ans, et Ali Nunow, 14 ans, font partie des élèves qui s'appliquent à écrire des versets du Coran. « Nous sommes venus ici en tant que groupe et nous avons décidé que nous commencerions cette école », a expliqué Ahmed Ali, âgé de 32 ans, un enseignant. « Nous ne resterons pas longtemps ici mais ... nous voulons donner une éducation à nos enfants. »

De premières ébauches de commerce ont commencé à apparaître. Farhan Noor Shringe, 26 ans, a monté sa première affaire le mois dernier près de sa tente. Le sucre et les légumes sont les articles les plus demandés, mais il vend aussi des lampes, du thé, des spaghettis, des tomates et des cigarettes. Sa marge est de moins d'un dollar par jour, mais son aventure donne de l'espoir à Shringe. « Je suis peut-être un réfugié, mais je veux aussi subvenir à mes propres besoins », dit-il. « Avec la croissance de notre communauté, mon affaire se développera peu à peu. »

Dans un autre secteur d'Ifo Extension, l'école bat son plein. Environ 100 jeunes partagent des bureaux dans une classe sombre où, pour la première fois, ils apprennent à compter en anglais. L'enseignant et les élèves échangent à la volée avec des questions-réponses. Pour la majorité des élèves de cette classe, c'est la première fois qu'ils suivront le cursus kényan, qui est d'un niveau supérieur à celui dont ils avaient l'habitude.

« L'école rassemble la communauté », explique le directeur Mohamed Abdulahi Bashir. « Il y a des réunions de parents, des échanges d'idées. » Alors que la classe se termine, hors du périmètre de l'école, un groupe de 50 jeunes se rassemble pour une mission discrète. « Nous jouions au foot quand nous habitions hors du camp de Dadaab », explique Ali Magaley, âgé de 18 ans. « Mais notre ballon s'est crevé. »

Le fonctionnaire en charge de la jeunesse Tomoya Soejima promet au groupe qu'à Ifo Extension, le football sera évidemment à l'ordre du jour. Les jeunes fournissent rapidement une liste de joueurs, au nombre de 20. Alors que le jeu continue, d'autres enfants arrivent de nulle part et, bientôt, quatre équipes jouent ensemble à la fin de cette journée, avec ceux qui portent des chemises contre ceux qui sont torse nu.

« Le football rassemble les jeunes », a indiqué Tomoya. « Il crée des échanges, l'amitié et favorise l'autonomisation. Lorsqu'ils commencent à jouer, ils sont un peu timides. Une heure après, vous pouvez lire les sourires sur les visages avec de nouvelles camaraderies. C'est le retour à la vie normale. »

Par Greg Beals au camp d'Ifo Extension, Kenya

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