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Les réfugiés rohingyas inquiets pour l'avenir de leurs enfants

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Les réfugiés rohingyas inquiets pour l'avenir de leurs enfants

Le HCR encourage davantage d'opportunités en matière d'éducation et souhaite un enseignement de meilleure qualité pour les milliers de jeunes réfugiés rohingyas au Bangladesh.
6 Juin 2019

Quand Abou Sayed, père de six enfants, pense à l'avenir de ses enfants, il s'effondre et pleure.


« Je suis au crépuscule de ma vie. Si les enfants ne reçoivent pas d’éducation, ils seront considérés comme des ignorants », sanglote-t-il, assis dans l'abri familial en bambou dans le camp de réfugiés tentaculaire de Kutupalong, le plus vaste au monde.

« Je peux voir de mes propres yeux que leur vie devient vide de sens parce qu'ils ne sont pas assez éduqués et qu’ils manquent de compétences pour avoir un bon métier. Il s'agit de leur avenir », dit-il. « Si je meurs demain, ce sera le cœur plein de douleur et de regret. »

Abou Sayed fait partie des 745 000 réfugiés rohingyas qui, depuis août 2017, ont fui la répression militaire dans l'État de Rakhine - au nord du Myanmar - pour se réfugier au Bangladesh. Plus de 55 pour cent d’entre eux sont des enfants.

L’enseignement primaire élémentaire est dispensé à ses trois plus jeunes enfants au centre d'apprentissage temporaire Sunflower situé à quelques pas de l'abri familial. Peint en rouge et jaune, le centre est soutenu par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et géré par son partenaire bangladais BRAC.

Les élèves de l'établissement ne reçoivent que quelques heures d'enseignement par jour. Ils suivent des cours d'anglais, de birman, de mathématiques et d’aptitudes à la vie quotidienne. Les centres fonctionnent à raison de trois sessions d’enseignement par jour mais ne disposent pas de programme d'études fixe. Au-delà du primaire, aucun enseignement secondaire n’est disponible pour les élèves.

« Les jeunes ont besoin d’accéder à une éducation de qualité et ils le souhaitent. »

« Les jeunes ont besoin et souhaitent accéder à une éducation de qualité qui soit officiellement reconnue et qui leur offre des perspectives claires pour progresser », explique James Onyango, responsable de l'éducation du HCR à Cox's Bazar.

« Les réfugiés auront besoin de compétences et de qualifications reconnues pour les aider à développer leurs communautés. Nous sommes conscients des dangers que représenterait une génération perdue », ajoute-t-il.

Selon les résultats d'une récente évaluation des apprentissages à l’école, la majorité des élèves ne peuvent participer qu'aux trois premières années de l'éducation élémentaire. En conséquence, les organisations travaillant dans le domaine de l'éducation regroupent désormais les apprenants en fonction de leurs niveaux évalués plutôt que leurs groupes d'âge, afin de mieux structurer l’apprentissage. 

Toutefois, le programme ne répond pas aux besoins des adolescents plus âgés qui n'ont jamais été à l'école ou de ceux dont l'éducation a été interrompue dans les classes supérieures lorsqu'ils ont fui le Myanmar. Il n’existe pas de programme d'études standardisé et accrédité. Les jeunes ne sont pas orientés vers des qualifications reconnues et disposent de peu d'occasions d'étudier après l'âge de 14 ans.

Malgré certains progrès sur l'accès à une éducation primaire de qualité, les enfants plus âgés en sont exclus. Bien qu'il soit heureux de voir ses plus jeunes enfants pouvoir étudier au centre disposant de deux étages, le premier du genre dans le camp, Abou Sayed s'inquiète pour son fils aîné Mohammed Ayaz et sa fille Anou Ara. Tous deux font partie des milliers d'enfants en âge d’être scolarisés dans le secondaire, sans y avoir accès.

« Mon fils aîné a étudié jusqu'en sixième année au Myanmar... mais les [plus âgés] ne peuvent pas continuer à étudier en venant ici », déplore-t-il. « Nous sommes inquiets. J'aimerais que nos enfants reçoivent une éducation. »

Passionné par ses études au Myanmar, Mohammad Ayaz, 15 ans, rêvait de devenir médecin, jusqu'à ce que la violence l'oblige à quitter l'école et à fuir pour sauver sa vie. Aujourd’hui, il tente de se tenir occupé dans l'immense camp de réfugiés mais, trop souvent, il traîne simplement avec ses amis.

« Nous errons sans but à travers le camp », soupire-t-il. « Les gens de mon âge n'ont pas d’emplois qualifiés ici. J'aide dans une petite épicerie et certains de mes amis sont bénévoles au sein d'organisations. J'aimerais étudier, afin de pouvoir continuer à acquérir de nouvelles connaissances chaque jour. »

« J'aimerais étudier, afin de pouvoir continuer à acquérir de nouvelles connaissances chaque jour. »

Pour le HCR, améliorer l'éducation est une priorité, indique James Onyango, qui relève que l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a ouvert en octobre dernier un premier centre de formation des enseignants pour les besoins du camp.

« En collaboration avec d'autres agences humanitaires, nous cherchons également à renforcer les capacités des enseignants et à améliorer la qualité générale des services éducatifs », précise-t-il. « Nous avons également mis à l'essai des séances d'alphabétisation à l'intention d'adolescents et d'adolescentes, mais nous sommes bien conscients que c’est insuffisant. »

L'amélioration des services est soutenue par des enseignants dévoués. Au centre d'apprentissage temporaire Sunflower, Umme Habiba intervient en langue rohingya aux côtés d'un enseignant bangladais originaire de la région dans une classe bondée d'environ 40 enfants.

A peine âgée de 18 ans, Umme Habiba a étudié jusqu'en huitième année au Myanmar, où elle a été tutrice. Elle se réjouit de tout ce qui lui permet d'élargir ses compétences. « Pour devenir une enseignante qualifiée, il est important d'avoir une bonne éducation. »

« Certains de mes amis étaient impatients d'étudier au Myanmar, mais il n'y avait aucune chance de le faire. Sans éducation, il n'y a pas d'avenir », prévient Umme Habiba. « Notre avenir, et notre présent, sont en danger. »

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