Les réfugiés résistent au test du courage
Les réfugiés résistent au test du courage
GENEVE, 24 juin 2005 (UNHCR) - Cela fut un test de puissance et tous les augures défavorisaient ceux qui étaient donnés pour perdants. D'un côté, huit personnes robustes bandaient leurs muscles, confiants, alors que leurs frêles opposants se sont approchés de la ligne avec hésitation.
Les deux parties se sont placées pour le tir à la corde. Le signal a retenti et ils ont tiré la corde de toutes leurs forces. Après de longues minutes de suspens, ceux qui étaient donnés perdants ont, doucement mais sûrement, réussi à gagner du terrain. Ils ont fini par laisser leurs opposants à terre sous les acclamations des spectateurs.
L'équipe des réfugiés a battu l'équipe de l'UNHCR tant dans la catégorie des hommes que celles des femmes. Ce résultat tombait à point pour les célébrations de la Journée mondiale du réfugié à Lusaka, capitale de la Zambie, démontrant une fois de plus la force et la capacité des réfugiés à surmonter les difficultés.
Le thème du courage - retenu pour la Journée mondiale de cette année - est reflété à travers les activités organisées au niveau mondial pour cet événement annuel célébré le 20 juin.
A Paris, des étudiants ont pris part à la course des « Haies de l'Espoir » parrainée par le champion du monde du 400m haies, Stéphane Diagana, pour symboliser tous les obstacles rencontrés sur les routes de l'exil. Le travail et l'esprit d'équipe ont marqué la journée au Kazakhstan où des réfugiés, jeunes et moins jeunes, ont participé à une journée de sport en famille.
Un autre type d'activité à destination familiale a eu lieu en Indonésie où quelque 100 Afghans, Iraniens, Somaliens et Congolais réfugiés sont partis en safari à dos d'éléphants, pour observer dans une réserve animalière des oiseaux, des singes et des morses.
La Journée mondiale du réfugié a également été célébrée lors d'événements artistiques et culturels. En Roumanie, dans le cadre d'un festival de films sur les questions d'asile, les films « Hotel Rwanda », « Mort en exil » et « La chanson de Carla » ont été projetés. Bucarest a accueilli une exposition de peintures et de céramiques de deux artistes réfugiés - un sculpteur libérien et une peintre congolaise qui a fui son pays à l'âge de 17 ans avec rien d'autre que ses précieuses toiles.
Au Caire, l'Ambassadeur de bonne volonté de l'UNHCR, Adel Imam, a inauguré l'exposition des dessins d'enfants réfugiés après que les jeunes artistes lui aient commenté en privé leurs travaux à la galerie Townhouse, l'une des galeries les plus connues en Egypte.
Plus de 1 000 écoliers de toute la Biélorussie, dont de jeunes réfugiés, ont envoyé leur dessins, poèmes et histoires courtes pour le concours mis en place par l'UNHCR « Biélorussie, tu nous réchauffes ». Bien que d'origines diverses, les participants ont partagé les thèmes de la gentillesse, de la tendresse et du désir d'aider des personnes en difficulté. Les finalistes ont été récompensés à l'occasion d'une soirée de gala et ont reçu des t-shirts Journée mondiale du réfugié et des souvenirs.
Inspirée par le vécu des réfugiés et des demandeurs d'asile dans les camps et centres de transit, la compagnie théâtrale « No Made In » a joué une pièce « Transition », à Strasbourg.
La musique a aussi permis de faire tomber les différences, avec la participation de l'UNHCR au festival de musique de Genève. L'UNHCR a co-organisé deux concerts à l'occasion de la « Fête de la Musique 2005 » pour l'Ensemble de musique orientale de Palestine et le Mostar Sevdah Reunion de Bosnie-Herzégovine, ces deux orchestres avaient été tous deux affectés par la guerre et l'exil. L'agence des Nations Unies, dont le siège est à Genève, tenait un stand au festival pour distribuer du matériel de sensibilisation et vendre des bracelets portant l'inscription « Pour un meilleur avenir » et des T-Shirts décorés par Zep, l'auteur de bandes dessinées de grand renom.
Un autre concert pour et par les réfugiés a eu lieu à Moscou. Parmi l'auditoire se trouvait Zenera Besala, réfugié congolaise, qui s'est exprimée ainsi : « Nous avons besoin de courage plus que toute autre chose. J'étais étudiante à Moscou lorsque la guerre a éclaté dans mon pays en 1997 et durant six années, j'ai dû faire et refaire des demandes d'asile avant que l'on m'accorde finalement le statut d'asile temporaire en 2003. Est-ce difficile de se faire à sa vie de réfugié ? Oui. Mais pourrais-je un jour perdre mon coeur ? Non, les réfugiés doivent trouver le courage pour avancer. »
La Guinée a fait un pas en avant en lançant un appel pour la paix lors de la Journée mondiale du réfugié. Au cours d'une session spéciale, le lundi 20 juin, le Parlement guinéen a rejoint les réfugiés en signant la Déclaration de Conakry, un appel aux nations africaines et à la communauté internationale pour empêcher les conflits et assurer la protection des réfugiés.
« Cette tâche n'est pas seulement la responsabilité de l'exécutif », a indiqué le Président du parlement, ajoutant que la protection des réfugiés doit également être appuyée par la législation.
Esther Mujawayo, survivante du génocide rwandais, a souligné lors de la Journée mondiale du réfugié en Ethiopie l'importance du partage du fardeau des réfugiés : « Ne vous déchargez pas du problème car des réfugiés courageux sont sensés être capables de s'occuper d'eux-mêmes. Ils ont toujours besoin de quelqu'un à leur écoute. »