Les réfugiés racontent que les agglomérations togolaises se vident ; l'exode dépasse les 20 000 personnes
Les réfugiés racontent que les agglomérations togolaises se vident ; l'exode dépasse les 20 000 personnes
COTONOU, Bénin, 4 mai (UNHCR) - Selon les réfugiés qui arrivent au Bénin et au Ghana voisins, les villes du Togo se vident : la population fuit le climat d'insécurité consécutif aux élections. Plus de 20 000 Togolais, y compris un certain nombre de mineurs non accompagnés, sont à présent en exil.
Une semaine après l'annonce du résultat des élections, le 26 avril, le nombre d'arrivées est à présent de 10 658 au Bénin et de 9 979 au Ghana.
« La situation au Togo semble calme mais une certaine tension règne au lendemain de la confirmation, hier, des résultats des élections présidentielles. Les réfugiés continuent de traverser la frontière et nous recevons toujours des témoignages de brutalités infligées à certains par les forces de sécurité », a déclaré Michel Gaudé, chef des opérations pour l'Afrique de l'Ouest à l'UNHCR.
Yara Ouro Agoro a quitté le centre du Togo pour le Bénin. Il a déclaré avoir fui après le meurtre de trois de ses amis par les forces de sécurité et après l'incendie de 50 maisons appartenant à des sympathisants de l'opposition.
A Hilakondji, le point de passage principal vers le sud-ouest du Bénin, Yannick, 17 ans, a l'air fatigué. Il s'est enfui de Lomé, la capitale togolaise, après s'être caché dans la brousse pendant cinq jours avec un groupe de Togolais pour voir comment la situation allait évoluer.
« Avant de me cacher, je vivais chez une tante », a-t-il expliqué. « Lorsque je suis rentré, la maison était vide. Ma tante était partie. » Yannick est l'un des quelque 100 mineurs qui sont arrivés non accompagnés au Bénin. Ils reçoivent une attention particulière de l'UNHCR dans les camps de Comé et Lokossa.
Plusieurs autres réfugiés de Lomé ont aussi affirmé à l'UNHCR que leurs régions se vidaient en raison de la fuite des habitants. D'autres ont dit qu'Aného, la dernière ville togolaise à l'extrême sud-ouest, était également en train de se vider.
La plupart des personnes réfugiées au Bénin sont hébergées par des parents ou des amis. L'UNHCR se charge du transport des nouveaux arrivés qui désirent vivre avec des parents. Ceux qui n'ont pas de proches dans la région ont été installés dans le camp de Comé (1 344 personnes), qui est à présent au maximum de sa capacité d'accueil, et vers le camp de Lokossa (1 429), où des travaux d'extension sont en cours pour lui permettre d'héberger 5 000 personnes.
Le partenaire de l'UNHCR, Caritas, a distribué de la nourriture, des tapis de sol, des couvertures et des moustiquaires aux quelque 300 réfugiés qui logent toujours dans une église près de la frontière. L'agence pour les réfugiés va également aider un autre groupe de 200 réfugiés qui vivent dans des bâtiments vides à Agoué, à 3 kilomètres de là : ils déclarent en effet préférer y rester plutôt que d'être transférés vers un camp.
« Même si la majorité des réfugiés a trouvé un abri chez des parents ou des amis, ils sont de plus en plus nombreux à avoir recours à l'aide de l'UNHCR parce que leur famille est trop pauvre pour s'occuper d'eux », a souligné Rafik Saïdi, le délégué régional de l'UNHCR basé au Bénin.
Les agences des Nations Unies au Bénin ont décidé d'unir leurs efforts pour fournir de l'aide humanitaire aux familles hébergeant des réfugiés et pour renforcer les infrastructures sociales telles que les écoles ou les centres de soins de santé, afin qu'elles ne soient pas dépassées par le nombre d'arrivants.
Pendant ce temps, un convoi de 10 camions transportant du matériel de secours pour les réfugiés est arrivé au Bénin aujourd'hui. Le stock se compose de tentes, de couvertures, de jerricans, de bâches en plastique et de sets d'ustensiles de cuisine pour 5 000 réfugiés. Des réserves supplémentaires de matériel pour 2 500 réfugiés sont déjà stockées préventivement dans la région.
L'UNHCR envoie une deuxième équipe d'intervention d'urgence de trois personnes au Bénin afin de renforcer une équipe similaire déployée il y a quatre jours. Elle sera sur place avant la fin de la semaine. Un haut responsable de la sécurité et des opérations d'urgence est actuellement au Ghana afin d'évaluer la situation. Il est prévu qu'il se rende au Bénin dans les prochains jours.
Au Ghana, l'afflux de réfugiés demeure stable, bien qu'il y ait eu mardi une augmentation, légère mais soudaine, des arrivées au poste frontière d'Aflao, tout proche de Lomé. Selon les réfugiés, elle serait due aux recherches des forces de sécurité dans la région.
Par Fati Kaba à Cotonou