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Les réfugiés participant à la COP29 demandent un soutien et des fonds pour faire face au changement climatique

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Les réfugiés participant à la COP29 demandent un soutien et des fonds pour faire face au changement climatique

Les personnes déplacées de force qui participent au sommet mondial sur le climat en Azerbaïdjan ont appelé les responsables politiques à trouver des solutions au manque de financement de la lutte contre le changement climatique.
18 Novembre 2024
L'acteur et ambassadeur de bonne volonté du HCR Theo James (au centre) et Opira Bosco Okot (à droite), réfugié et militant pour le climat, lors du lancement du réseau des « Réfugiés pour l'action climatique » à la COP29.

L'acteur et ambassadeur de bonne volonté du HCR Theo James (au centre) et Opira Bosco Okot (à droite), réfugié et militant pour le climat, lors du lancement du réseau des « Réfugiés pour l'action climatique » à la COP29.

 

Les réfugiés et autres personnes déplacées de force qui font face aux effets du changement climatique ont un message clair pour les responsables politiques qui participent au sommet de la COP29 en Azerbaïdjan cette semaine. Face à la crise climatique qui rend leur vie de plus en plus difficile, ils ont besoin d'un financement et d'un soutien accrus pour pouvoir s'adapter à la situation et ainsi assurer leur survie.

« Quels que soient les efforts que nous déployons pour améliorer nos conditions de vie, ce combat devient chaque jour plus difficile en raison du changement climatique », affirme Grace Dorong, ancienne réfugiée du Soudan du Sud et fondatrice de l'ONG Root of Generations.

Elle a dressé la liste des multiples dangers auxquels son pays est confronté, notamment la sécheresse et les inondations, ainsi que le conflit au Soudan voisin, qui a poussé près de 850 000 réfugiés et rapatriés à franchir la frontière. Elle a décrit leur situation actuelle comme « passer du mauvais au pire ».

« Les réfugiés sont face à une impasse », a-t-elle ajouté. « Si vous fuyez dans une direction, vous êtes confronté au danger. Vous fuyez dans une autre direction, et vous affrontez un autre danger. La crise climatique a un impact majeur sur nos vies ».

Grace Dorong s'adressait aux délégués présents lors du lancement mardi dernier d'un nouveau rapport du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui étudie les liens complexes entre la crise climatique, les conflits et les déplacements forcés. Rédigé en collaboration avec 13 organisations spécialisées, des instituts de recherche et des associations de réfugiés, ce rapport constate que trois sur quatre des 123 millions de personnes déracinées par les conflits font également face aux effets croissants du changement climatique. En effet, la majorité des personnes déracinées sont accueillies dans des régions du monde fortement exposées aux risques climatiques.

Grace Dorong, militante du climat et ancienne réfugiée, lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan.

Grace Dorong, militante du climat et ancienne réfugiée, lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. 

Alors que les phénomènes météorologiques deviennent de plus en plus extrêmes, les personnes déracinées sont souvent contraintes de se déplacer à plusieurs reprises à mesure que de nouvelles régions du monde deviennent inhabitables.

« Nous constatons sur le terrain l'impact sur les personnes les plus vulnérables de ce qui est discuté ici à la COP29 », a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, qui s'exprimait également à l'occasion du lancement du rapport. « Pour les personnes comme Grace, il ne s'agit pas de théorie, mais d'une réalité quotidienne qui bouleverse leurs vies ».

Manque de financement pour le climat

Bien qu'ils soient parmi les plus affectés par les effets du changement climatique, les réfugiés et les membres des communautés qui les accueillent dans des pays fragiles ou en conflit ne bénéficient pas du financement nécessaire pour les aider à s'adapter. Le rapport note que 90 % du financement lié au climat va aux pays à revenus moyens et à fortes émissions, tandis que seulement 2 % va aux pays extrêmement fragiles.

« Il s'agit là d'une profonde injustice », souligne Filippo Grandi. « Il est extrêmement important que les acteurs du développement se montrent plus audacieux, en s'assurant que les mesures de lutte contre le changement climatique incluent les régions les plus fragiles au monde. »

Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la COP29, aux côtés d'Opira Bosco Okot (à gauche) et de Grace Dorong, deux réfugiés qui luttent contre le changement climatique.

Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la COP29, aux côtés d'Opira Bosco Okot (à gauche) et de Grace Dorong, deux réfugiés qui luttent contre le changement climatique. 

Le HCR a signé cette semaine un protocole d'accord avec le Fonds vert pour le climat (Green Climate Fund, GCF), le plus grand fonds climatique au monde, afin d'améliorer les flux de financement pour le climat vers les communautés déracinées. Le protocole d'accord vise à associer les connaissances et l'expertise du HCR dans les situations de fragilité et de conflit à l'objectif du GCF d'augmenter le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement.

En marge des discussions, le HCR a organisé un événement conjoint avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur l'importance d'inclure les personnes réfugiées et migrantes dans la prise de décision en matière de financement climatique. Opira Bosco Okot, réfugié sud-soudanais de 28 ans et militant du climat, a fait valoir le fait que les organisations de réfugiés sont capables d'apporter des réponses novatrices en matière de climat à leurs communautés d'accueil, mais qu'elles ont besoin pour cela de soutien en matière de renforcement des capacités et d'adaptation.

« Il y a eu peu de fonds liés au climat qui sont parvenus aux communautés déracinées », a-t-il expliqué, ajoutant que pour les quelques organisations dirigées par des réfugiés qui ont reçu des fonds, ceux-ci étaient limités et à court terme, ce qui a affecté leur pertinence.

Un nouveau réseau de réfugiés engagés

Opira Bosco Okot fait partie d'une nouvelle alliance de réfugiés et de personnes déplacées originaires du monde entier qui militent en faveur du climat et qui unissent leurs forces dans le cadre d'une nouvelle coalition – les « Réfugiés pour l'action climatique » – qui a été lancée lors de la COP29 jeudi dernier.

Mis sur pied par le HCR, ce réseau servira de plateforme pour les messages essentiels que ses membres veulent partager sur la façon dont la crise climatique aggrave la précarité des personnes forcées de fuir. Aux côtés d'Opira Bosco Okot, les huit membres du réseau comprennent Mohamed Anowar, jeune réfugié Rohingya du Myanmar vivant au Bangladesh, Ermano Prévoir, réfugié haïtien et défenseur passionné de l'environnement vivant au Brésil, Eman Al-Hamali, qui dirige un groupe de femmes déplacées au Yémen gérant une microcentrale solaire, et Jeanne Muhimundu, militante rwandaise pour le climat et l'environnement vivant dans un camp de réfugiés au Zimbabwe.

Lors du lancement du reseau, Opira Bosco Okot a été rejoint par l'acteur et ambassadeur de bonne volonté du HCR Theo James.

Le mois dernier, Theo James s'est rendu avec le HCR en Mauritanie, un pays aride qui a subi des chocs climatiques intenses ces dernières années, y compris des inondations, des sécheresses et des vagues de chaleur extrêmes. Il s'y est entretenu avec des réfugiés qui ont fui le conflit au Mali ces dernières années et qui sont hébergés dans le camp de Mbera, dans la région du Hodh Chargui, au sud-est de la Mauritanie.

« Ils m'ont expliqué comment la vie devient intenable dans le désert », a déclaré Theo James. « Ils ont échappé à la guerre, mais ils doivent livrer une nouvelle bataille contre les effets du changement climatique. Ils sont confrontés à une crise alimentaire, au manque d'eau, au manque d'abris et, en fin de compte, c'est leur survie qui est en jeu. »

Opira Bosco Okot et Theo James ont appelé les délégués présents à la COP29 à veiller à ce que les réfugiés soient inclus dans les négociations sur le climat et dans les programmes de financement de la lutte contre le changement climatique.

« Nous nous engageons à faire entendre la voix de ceux que l'on ignore trop souvent », a souligné Opira Bosco Okot. « Nous voulons défendre notre planète, revendiquer notre place autour de la table, pas seulement pour y être, mais pour plaider en faveur d'une justice climatique ».

Avec la contribution de Kristy Siegfried.