Les rapatriés libanais ont besoin d'une aide durable pour reconstruire leurs maisons et leurs moyens d'existence
Les rapatriés libanais ont besoin d'une aide durable pour reconstruire leurs maisons et leurs moyens d'existence
NABATIYAH, Liban, 21 août (UNHCR) - La majeure partie de cette grande ville et de sa campagne environnante semble avoir été épargnée par les bombardements qui ont dévasté, pendant un mois, les zones proches de la frontière israélienne. Cette image, associée à celle de la promesse d'un rapide retour à la normale, n'est qu'illusion.
Alors qu'une équipe de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés rencontrait le maire de Upper Nabatiyah, des gens mécontents se sont réunis devant les locaux pour réclamer le matériel de secours dont l'arrivée prochaine leur avait été promise par les autorités centrales. La ville abrite, en effet, non seulement ses habitants rentrés d'exode mais également des Libanais originaires du sud dont les villages ont été entièrement détruits.
« C'est une situation difficile », explique le Dr. Mustafa Badredin. « Les secours n'arrivent pas aussi vite qu'il le faudrait de Beyrouth vers les provinces et les municipalités. De ce fait, nous recevons des familles originaires du sud du fleuve Litani qui viennent dans notre secteur car elles ne reçoivent pas d'aide sur place. »
« Le nombre des habitants de certains des villages situés au sud du Litani a considérablement augmenté. Tous ces gens réclament de l'aide », dit-il. Les routes étant bloquées par les dommages subis et par les engins non explosés, l'assistance commence seulement à arriver dans certaines zones.
A la campagne, les champs de tabac, de cactus et d'oliviers, qui constituaient la principale source de revenus, sont également parsemés de bombes et d'engins non explosés. Le Mines Advisory Group, une organisation basée au Royaume-Uni, estime qu'il faudra trois mois pour nettoyer le Liban de ces engins, suivis d'un travail global qui prendra six mois supplémentaires.
« Si vous prenez ces informations au pied de la lettre, elles vous induisent en erreur », a déclaré à l'UNHCR le gouverneur Mohamed Al Mawla à propos de l'absence de dégâts causés à sa ville par les bombes. Seules des zones précises, telles que Jibshit, une municipalité où fut formée la première cellule du Hezbollah suite à l'invasion par Israël en 1982, ont été systématiquement bombardées.
« Bien que les Forces israéliennes de défense n'aient pas pris pour cible les maisons, beaucoup de bombes sont tombées sur les champs à Nabatiyah. Cette région dépend essentiellement de la production de tabac et de cactus. Toute la récolte a été perdue, ce qui signifie que les gens n'auront aucune réserve pour l'hiver ni aucune source de revenus. »
Face aux importants besoins et à l'urgence qui s'aggrave, les chefs des municipalités ont pressé l'UNHCR et les agences d'aide de respecter leurs promesses et d'apporter rapidement de l'assistance. Ils ont insisté sur la nécessité de coordonner les efforts afin que le matériel livré corresponde bien aux besoins sur place.
« Si l'UNHCR nous donne des couvertures et des bâches en plastique aujourd'hui, nous ne voulons pas qu'une autre agence vienne avec le même matériel », a précisé un responsable à Sharqeya. « Les besoins sont énormes. Ils est donc important que les agences comblent les problèmes existants et ne fassent pas double emploi. »
La visite à Nabatiyah s'inscrivait dans le cadre de l'effort systématique entrepris par l'UNHCR pour définir les besoins des habitants, dont la plupart ont regagné leur foyer. Près d'un million de Libanais ont été déplacés.
Dimanche en fin de journée, l'UNHCR faisait état de 140 000 Libanais ayant franchi la frontière avec la Syrie. Si l'on inclut les personnes ayant emprunté des points de passage non officiels, l'UNHCR estime que seuls quelques milliers de Libanais, sur les 180 000 qui avaient trouvé refuge en Syrie, y demeurent encore. Les équipes de l'UNHCR rendent visite à ces personnes, souvent des individus vulnérables, pour estimer leurs besoins.
La situation serait identique au Liban, où la plupart des personnes qui avaient fui les combats sont rentrées dès les premiers jours ayant suivi le cessez-le-feu du 14 août. Toutefois, nombre d'entre elles ont constaté que leurs habitations avaient été réduites en cendres et/ou qu'elles avaient perdu leurs moyens de subsistance. Ces gens auront besoin d'une aide considérable pendant qu'ils entreprennent le travail de reconstruction.
« Un de mes amis proches possédait plusieurs crèches parmi les plus réputées du Moyen-Orient », raconte Mustafa Badr Eldin depuis la municipalité d'Ebba. « A eux seuls, les dommages causés à ses crèches vont s'élever cette année à 150 000 dollars. Il a été entièrement ruiné par la guerre. »
Après avoir concentré ses efforts sur la distribution de secours aux personnes qui rentraient chez elles, l'UNHCR est en train de changer ses priorités pour répondre à leurs besoins dans les villages. Des équipes d'évaluation ont été envoyées dans les zones où des dégâts importants ont été recensés, notamment dans un chapelet de villages près de la frontière israélienne qui a été au coeur des combats.
Une équipe a traversé neuf villages, dont quatre ont été largement détruits. Le personnel de l'UNHCR a décrit l'atmosphère sinistre qui y règne, des décombres jonchant le sol un peu partout. Certains bâtiments ont été entièrement rasés. Les rares habitants encore présents sont dans le plus grand dénuement et doivent être secourus sans délai. L'UNHCR a également envoyé sur place une équipe comprenant un ingénieur pour travailler sur des projets à plus long terme dans ces lieux.
L'UNHCR continue d'acheminer du matériel. Lundi, deux vols effectués par des C-130 et une livraison par bateau ont permis de transporter à Beyrouth de nouveaux articles de secours. L'agence humanitaire est en train de décharger ce matériel dans ses entrepôts de Saïda et de Tyr afin qu'il soit situé à proximité des personnes qui en ont le plus besoin.
Bien que la plupart des Libanais qui se trouvent dans la zone de Nabatiyah éprouvent une grande amertume face aux dommages subis et au temps qu'ont mis la communauté internationale et les Nations Unies pour arrêter la guerre, ils reconnaissent aussi les efforts humanitaires accomplis par l'ONU pour répondre à leurs besoins.
« C'est la première fois qu'une agence des Nations Unies vient visiter nos municipalités », explique Mohamed Ahmed Aasi, le maire d'Ansar. Il remercie l'équipe de l'UNHCR : « Nous nous réjouissons de travailler avec vous. A bientôt, si Dieu le veut. »
Par Reem Alsalem à Nabatiyah, Liban