Les premiers réfugiés qui le souhaitent pourraient rentrer au Sud-Soudan après la saison des pluies, déclare António Guterres
Les premiers réfugiés qui le souhaitent pourraient rentrer au Sud-Soudan après la saison des pluies, déclare António Guterres
CAMP DE REFUGIES DE KAKUMA, Kenya, 30 août (UNHCR) - Le Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres a promis mardi que les premiers réfugiés rentreraient chez eux au Sud-Soudan en octobre et il leur a demandé de travailler avec les nouvelles autorités sud-soudanaises pour consolider la paix dans leur pays d'origine.
« Vous disposez des mêmes droits que moi », a dit António Guterres aux représentants des 89 000 réfugiés du camp de Kakuma, au nord-ouest du Kenya, « le droit d'avoir une maison dans votre patrie. »
Promettant que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés aiderait les 66 000 réfugiés sud-soudanais à rentrer chez eux dès la fin de la saison des pluies, le Haut Commissaire a pourtant souligné : « Je vais être clair. Il n'y aura pas un seul cas de retour forcé. Le rapatriement sera seulement volontaire. Personne ne peut vous forcer à rentrer. C'est la première garantie. »
Demain, au dernier de ses dix jours de mission qui l'ont déjà amené à Khartoum, au Darfour, Tchad et Sud-Soudan, António Guterres a rencontré les représentants du camp de réfugiés de Kakuma en commençant la réunion par une minute de silence pour le Dr John Garang, leader du Mouvement populaire de libération du Soudan, décédé dans un accident d'hélicoptère le 30 juillet dernier, tout juste trois semaines après avoir été nommé vice-président du Soudan.
António Guterres a fait l'éloge de John Garang non seulement pour son combat en faveur des droits de son peuple, mais aussi pour son rôle dans la négociation des accords de paix après 21 ans de guerre civile entre le nord et le sud du Soudan.
« Les hommes et les femmes qui sont capables de se battre pour leurs droits mais aussi de se réconcilier, d'oublier et de faire la paix sont les plus admirables », a-t-il dit.
Il a aussi demandé aux Sud-Soudanais d'aider le successeur de John Garang, Salva Kiir, pour la mise en oeuvre des accords de paix. La communauté internationale peut aider à la reconstruction du Sud-Soudan, mais le processus de paix « doit appartenir au peuple soudanais », a dit António Guterres. « Ce ne seront pas les étrangers qui résoudront le problème. »
António Guterres a rencontré quelques-uns des 5 000 Sud-Soudanais arrivés à Kakuma depuis la signature des accords de paix en janvier. L'un d'entre eux lui a dit que des combats inter-villages et des attaques de milices dans le sud se produisent encore et que « la paix est signée, mais nos coeurs ne sont pas en paix ».
Quelques 100 réfugiés de l'ouest soudanais sont aussi arrivés à Kakuma il y a un mois, après avoir marché neuf mois durant depuis leur Darfour natal, où des combats se déroulent toujours. Ils ont dit que les milices janjawid les avaient empêchés de traverser la frontière vers le Tchad où l'UNHCR gère 12 camps de réfugiés pour plus de 200 000 réfugiés du Darfour.
« Voici notre appel. Rassemblons nos forces avec l'ensemble de la communauté internationale pour amener la paix au Darfour », a dit un réfugié à António Guterres, en référence à la guerre qui a commencé en février 2003 et qui a provoqué le déplacement de plus de deux millions de déplacés.
Les femmes sud-soudanaises ont dit à António Guterres être « très inquiètes » quand à la perte des droits dont elles ont pu disposer à Kakuma lorsqu'elles seront de retour au Sud-Soudan. Elles craignent d'être sujettes aux pratiques culturelles nuisibles telles que les mutilations génitales féminines, les mariages forcés et la discrimination des femmes en matière d'héritage.
Pour illustrer cette crainte, un groupe de jeunes filles a récité au Haut Commissaire un poème appelé « Qui se préoccupe vraiment de moi ? » :
Pour ma mère, je suis une bête de somme
Pour mon père, une source de revenu
Pour mes frères et mes cousins, une servante
Pour mon vieux prétendant, un fruit
Qui se préoccupe vraiment de moi ?
Mais comme elles ont aussi ajouté à António Guterres dans une chanson : « Nous sommes heureuses. Nous savons que le nécessaire va être fait » grâce à cette visite, qui se termine mercredi avec des discussions avec des représentants du gouvernement kényan.
Par Kitty McKinsey à Kakuma et Nairobi