Les mauvaises conditions en mer interrompent les traversées du golfe d'Aden ; environ 350 morts au cours des six premiers mois de l'année
Les mauvaises conditions en mer interrompent les traversées du golfe d'Aden ; environ 350 morts au cours des six premiers mois de l'année
GENEVE, 10 juillet (UNHCR) - De mauvaises conditions en mer ont temporairement interrompu les traversées clandestines du golfe d'Aden, au cours desquelles, selon les estimations de l'UNHCR, 367 personnes désespérées ont perdu la vie durant les six premiers mois de l'année.
Pour les passeurs du golfe d'Aden, la saison de navigation entre la Somalie et le Yémen se termine traditionnellement fin juin et recommence en septembre, lorsque les conditions en mer s'améliorent. Des milliers de personnes entreprennent ce dangereux voyage en quête de sécurité ou d'une vie meilleure.
Durant les six premiers mois de l'année, l'UNHCR au Yémen a enregistré l'arrivée de 77 bateaux de passeurs transportant plus de 8 600 réfugiés, demandeurs d'asile et migrants - principalement des Somaliens et des Ethiopiens.
Pendant cette période, au moins 367 personnes sont décédées en essayant de traverser et 118 personnes sont toujours portées disparues ; ce bilan atteste que cette année est bien plus meurtrière que la précédente. Durant la même période de six mois en 2006, quelque 107 bateaux étaient arrivés avec 11 723 personnes à bord. Un total de 266 personnes avaient péri et 66 portées disparues lors du premier semestre de l'année 2006.
Beaucoup de ceux qui ont perdu la vie - après avoir payé environ 50 dollars pour faire ce voyage périlleux - ont été forcés, par des passeurs sans scrupule, à débarquer alors qu'ils étaient encore loin des côtes, dans les eaux profondes, et se sont noyés en essayant de rejoindre la rive. D'autres ont été battus à mort par des passeurs armés de gourdins, ou attaqués par des requins après avoir été jetés par-dessus bord. De nombreux corps ont été enterrés sur les plages du Yémen par des pêcheurs locaux.
« On ne peut qu'imaginer à quel point ces personnes doivent être désespérées pour trouver le courage d'entreprendre un voyage si difficile et dangereux afin de passer de l'autre côté. Mais cela montre aussi à quel point ces personnes sont trompées et exploitées par les passeurs, et tout ce qu'il reste à faire pour s'assurer qu'elles soient mieux informées », a déclaré le directeur du bureau de l'UNHCR pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Radhouane Nouicer.
L'agence pour les réfugiés craint que la situation n'empire avec la reprise de la saison de navigation en septembre. « Je m'attends à ce que la situation, après une brève accalmie, reste mauvaise, ou se dégrade », a expliqué Adel Jasmin, le délégué de l'UNHCR au Yémen. « J'ai peu de raisons de croire que le nombre d'arrivées va diminuer après l'été. »
En 2006, près de 29 000 personnes sont arrivées au Yémen dans 237 bateaux. Au moins 328 personnes sont décédées et 310 déclarées disparues.
Alors que la traite d'êtres humains s'est arrêté temporairement dans le golfe d'Aden, il reprend en Méditerranée. Malgré une baisse de 31 pour cent des arrivées illégales en Italie par rapport aux six premiers mois de l'année dernière, le nombre de personnes décédées et disparues - au moins 200 dans le détroit de Sicile pour le seul mois de juin - montre à quel point il est dangereux de traverser la Méditerranée.
L'UNHCR a régulièrement fait part de son inquiétude au sujet de la situation dans le golfe d'Aden, en Méditerranée et d'autres espaces maritimes, étant donné que les personnes risquant leur vie lors de telles traversées sont des réfugiés et des demandeurs d'asile.
Fin 2006, les traversées clandestines vers le Yémen sont devenues de plus en plus difficiles pour les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants en raison d'une répression accrue contre les passeurs dans la région de Bossasso en Somalie et de l'intensification des patrouilles de sécurité le long de la côte du Yémen. Les passeurs ont alors commencé à rejoindre le Yémen en empruntant de nouveaux itinéraires. Plusieurs nouveaux points de débarquement ont été identifiés le long des 400 kilomètres de côte, transformant ce voyage en un supplice de trois jours au lieu de deux.
La solution réside non seulement dans la répression contre les passeurs, mais également à s'attaquer aux causes qui sont à l'origine de la persécution, de la pauvreté et des conflits qui incitent les migrants irréguliers à quitter leur foyer.
De plus, les pays ont besoin d'assistance pour gérer ces flux de migration mixte de façon à assurer la protection de ceux qui en ont besoin et un retour dans la sécurité à ceux qui n'en ont pas besoin. Enfin, point non négligeable, toute personne qui est en danger en mer devrait pouvoir être sauvée, autorisée à débarquer et avoir accès à des procédures de contrôle lors de son arrivée.
La semaine dernière, l'UNHCR et l'Organisation maritime internationale (OMI) ont appelé à une action renforcée afin d'éviter la perte d'autres vies humaines. En 2006, l'UNHCR a présenté un Plan d'Action en 10 points sur la protection des réfugiés et les migrations mixtes qui établit plusieurs mesures pour aider les Etats à faire face au problème.
« Nous espérons que les diverses actions présentées dans le Plan en dix points aideront à faire la différence et à mieux contrôler les flux migratoires mixtes ... mais des actions devront être entreprises à la fois dans les pays d'origine, de départ et d'arrivée », a annoncé Adel Jasmin de l'UNHCR.