Les femmes du Darfour déclarent à Wendy Chamberlin : « Nous sommes terrifiées à l'idée de rentrer chez nous »
Les femmes du Darfour déclarent à Wendy Chamberlin : « Nous sommes terrifiées à l'idée de rentrer chez nous »
ZALINGI, Soudan, 19 avril (UNHCR) - Les femmes du Darfour, qui ont déclaré avoir été chassées de leurs villages par les milices janjawid, ont dit mardi au Haut Commissaire par intérim, Wendy Chamberlin, qu'elles étaient terrifiées à l'idée de rentrer au pays dans un futur proche.
Dans le centre communautaire des femmes du camp d'El Hamadya pour personnes déplacées, une cinquantaine de femmes lui ont avoué que, même à l'intérieur du camp, elles ne se sentent pas en sécurité.
« C'est la raison pour laquelle nous avons ouvert un bureau ici, à Zalingi, pour tenter de rétablir la sécurité dans le camp », a déclaré Madame Chamberlin. Le Haut Commissaire par intérim en était au deuxième jour de sa mission de cinq jours au Soudan et au Tchad. El Hamadya est un des quatre camps de Zalingi, dans la province soudanaise du Darfour occidental. Ces camps accueillent au total près de 63 000 personnes déplacées, au sein de la population locale composée de seulement 16 000 personnes.
Les femmes ont déclaré que lorsqu'elles reçoivent des bâches en plastique et des tentes, des hommes armés s'introduisent dans le camp, en plein milieu de la nuit, et volent ces biens.
« Minuit, c'est l'heure à laquelle les « UA » ne sont pas là », a déclaré Madame Chamberlin, en faisant allusion aux troupes de l'Union africaine qui sont réparties dans l'ensemble du Darfour - dont la taille est égale à celle de la France - pour assurer la sécurité des civils traumatisés par deux ans de conflit.
« Nous, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, savons que pour assurer la sécurité, une présence est requise », a noté Madame Chamberlin. « Malheureusement, l'Union africaine, notre équipe et les ONG ne sont pas présentes en permanence dans le camp. »
L'UNHCR a réussi à obtenir de l'Union africaine l'envoi de soldats pour protéger les femmes du viol, lorsqu'elles quittent le camp pour ramasser du bois de chauffage. Et pourtant, les femmes ont dit à Madame Chamberlin que leur principale inquiétude, en dehors du manque de nourriture et d'éducation pour leurs enfants, concerne la sécurité.
Lorsque Madame Chamberlin leur a demandé si elles se sentent en sécurité pour retourner dans leurs villages, elles ont répondu en choeur et d'une voix forte « La » - qui signifie non en arabe - le tout accompagné de grands gestes négatifs de la main.
Près de la moitié des 50 femmes présentes ont déclaré avoir perdu leur mari ou un membre masculin de leur famille dans les attaques des janjawid. Une femme a juré : « Nous resterons dans les camps pendant 20 ans s'il le faut, jusqu'à ce que les troupes arabes soient désarmées. »
Les femmes ont salué Madame Chamberlin par des youyous, des chants et des danses, à son arrivée dans leur centre communautaire, au toit de chaume. Néanmoins, le ton de la réunion est devenu sérieux, lorsqu'elles ont évoqué leurs inquiétudes à propos des risques d'un retour chez elles.
« Il y a des gens armés qui nous tuent, nous violent et nous volent nos biens. Ce sont les janjawid », a déclaré une femme.
Pendant son trajet d'une heure en hélicoptère vers Zalingi, Madame Chamberlin a survolé de nombreux villages brûlés dans le désert désolé ; elle a déclaré qu'ils « illustraient parfaitement la raison pour laquelle ces gens ont quitté leur village et cherché refuge et sécurité dans les camps. »
Par Kitty McKinsey à Zalingi