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Les coupes budgétaires mettent en danger les réfugiés soudanais en Égypte

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Les coupes budgétaires mettent en danger les réfugiés soudanais en Égypte

26 Mars 2025
Egypt. Refuge Egypt Medical Assistance

Mohamed, un jeune réfugié soudanais atteint d'anémie, est examiné dans une clinique du Caire gérée par Refuge Egypt, une organisation partenaire du HCR.

La crise qui frappe actuellement le financement de l'aide humanitaire dans le monde a contraint le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, à suspendre certaines aides vitales aux réfugiés soudanais en Égypte, privant ainsi des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux réfugiés ayant fui la guerre au Soudan, de soins médicaux essentiels, de services de protection de l'enfance et d'autres formes d'assistance.

Le manque de fonds et la très grande incertitude quant aux contributions des donateurs cette année ont contraint le HCR à suspendre tous les soins médicaux en faveur des réfugiés en Égypte, à l'exception des procédures d'urgence vitales, affectant ainsi environ 20 000 patients. Les traitements suspendus comprennent les interventions chirurgicales contre le cancer, la chimiothérapie, les opérations cardiaques et les médicaments contre les maladies chroniques telles que le diabète et l'hypertension.

Parmi les personnes les plus touchées, les réfugiés soudanais qui ont fui en Égypte après le déclenchement du conflit entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide en avril 2023. L'Égypte a accueilli plus de 1,5 million de Soudanais fuyant ce qui est aujourd'hui la pire crise humanitaire au monde, soit plus que tout autre pays. Quelque 670 000 d'entre eux sont enregistrés auprès du HCR. Au total, plus de 12,5 millions de Soudanais ont été contraints de fuir leurs foyers, parmi lesquels plus de 3,7 millions de réfugiés ont trouvé refuge dans d'autres pays.

« Beaucoup vont mourir »

Abdelazim Mohamed, 54 ans, compte parmi ceux qui craignent désormais pour leur avenir en raison des coupes budgétaires. Il a fui la capitale soudanaise, Khartoum, avec sa femme pendant les premiers mois de la guerre, en partie parce qu'il était devenu impossible de trouver un traitement pour sa grave maladie cardiaque.

« Lorsque la vie est devenue insupportable dans mon pays, notamment parce qu'il n'y avait pas de services de santé fonctionnels et qu'il était très difficile de trouver des médicaments, j'ai pensé que rester au Soudan dans mon état serait du suicide », explique-t-il.

Jakob Arhem, responsable en santé publique du HCR basé au Caire, souligne qu'en plus d'échapper au conflit et à la violence, l'accès aux soins de santé est effectivement un facteur clé pour de nombreux réfugiés soudanais arrivant en Égypte. « Le système de santé soudanais a été l'un des premiers services à s'effondrer après le début des combats. De nombreuses personnes qui ont fui l'ont fait avec des proches malades qui ne pouvaient plus être soignés au Soudan », ajoute-t-il.

Cependant, bien que les réfugiés aient accès au système de santé national égyptien, très peu d'entre eux peuvent payer les frais qui y sont associés, précise Jakob Arhem.

« Le HCR a mis en place des initiatives qui permettent aux réfugiés d'accéder à certains services de santé qu'ils n'auraient pas les moyens de payer autrement », explique-t-il. « Les conséquences pour les personnes qui ne pourront plus bénéficier de notre aide sont difficiles à mesurer, [mais] nombre d'entre elles ne seront pas en mesure d'assumer elles-mêmes les frais liés aux soins et leur état de santé se détériorera. Ces personnes finiront par s'affaiblir et beaucoup d'entre elles mourront. »

« Il est très difficile de mettre fin à des activités dont on sait qu'elles sauvent des vies. C'est totalement contraire à ce que souhaite toute personne qui a choisi de travailler dans l'humanitaire. »

« Je ne sais pas si je vais m'en sortir »

Après avoir dû quitter leur maison et leur mode de vie confortables, Abdelazim et sa femme vivent désormais dans un petit appartement loué dans le vaste quartier de Faisal au Caire, à mi-chemin entre le centre-ville et les pyramides de Gizeh.

Après s'être enregistré auprès du HCR au Caire peu après leur arrivée, Abdelazim a été orienté vers le partenaire santé de l'agence et a été diagnostiqué comme souffrant de cardiomyopathie et de cardiopathie ischémique. Il a subi avec succès deux interventions pour placer des stents au niveau de ses artères coronaires. « Je mourais à petit feu, et je le savais, mais suite aux interventions, je peux enfin envisager de vivre une vie normale aussi longtemps que possible. »

Mais le HCR étant actuellement dans l'incapacité de lui fournir les médicaments qui permettent de stabiliser son état de santé, il craint que le temps ne lui manque. « J'ai lutté de toutes mes forces pour survivre, mais aujourd'hui je ne sais pas si j'y arriverai. Si je n'ai pas les moyens de me procurer mes médicaments, que va-t-il m'arriver ? Que va-t-il arriver à ma femme si je venais à disparaître ? »

L'année dernière, le HCR a reçu moins de 50 % des 135 millions de dollars nécessaires pour venir en aide à plus de 939 000 réfugiés et demandeurs d'asile enregistrés en provenance du Soudan et de 60 autres pays vivant actuellement en Égypte. Mais la réduction drastique du financement de l'aide humanitaire depuis le début de cette année a entraîné des pénuries importantes, obligeant le HCR à faire des choix cornéliens quant aux programmes vitaux à suspendre ou à maintenir.

Pour l'instant, le HCR donne la priorité aux activités qui sauvent des vies et vient en aide aux groupes de population les plus vulnérables, notamment les enfants non accompagnés et les victimes de violences sexuelles ou de torture. Mais sans une hausse urgente des financements, même ces programmes sont menacés.

Farah Nassef, responsable de la protection de l'enfance du HCR en Égypte, évoque le cas d'un jeune Soudanais arrivé en tant que mineur non accompagné. Il bénéficiait de soins à temps plein en raison d'une invalidité tant physique que mentale, mais ce soutien lui a récemment été retiré en raison du manque de financement.

« En l'absence de soutien familial et communautaire, il se retrouvera dans une situation extrêmement difficile », explique Farah Nassef. « Nous voyons de tels cas tous les jours. Nous voyons des gens vivre les pires moments de leur vie et souvent, nous ne pouvons pas les aider, ou le soutien que nous pouvons leur apporter n'est tout simplement pas suffisant. »

Le HCR appelle tous les donateurs, qu'il s'agisse de gouvernements, des entreprises privées ou des particuliers, à soutenir d'urgence les réfugiés et les personnes déracinées à travers le monde qui subissent les effets dévastateurs des coupes budgétaires et de la réduction de l'aide.

« Les besoins des réfugiés fuyant le Soudan augmentent de jour en jour, mais le financement ne suit pas », indique Marti Romero, Représentante adjointe du HCR en Égypte. « L'Égypte est soumise à une pression immense et les services publics essentiels sont mis à rude épreuve. Sans une action internationale immédiate, les réfugiés et les membres des communautés d'accueil seront confrontés à des difficultés encore plus grandes. Nous avons besoin d'un soutien urgent et durable pour éviter que cette crise ne s'aggrave. »

Des millions de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde risquent de perdre tout accès à une aide vitale en raison de coupes claires dans le financement de l'aide humanitaire au niveau mondial. Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, dispose de l'expertise, de l'expérience et de la détermination nécessaires pour continuer à protéger les personnes contraintes de fuir, mais nous avons besoin de toute urgence que les donateurs - particuliers, entreprises et gouvernements - intensifient leurs efforts. Faites un don dès aujourd'hui pour nous aider à venir en aide aux personnes les plus vulnérables. Des vies en dépendent.