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Le personnel sud-soudanais du HCR met tout en oeuvre pour aider les réfugiés

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Le personnel sud-soudanais du HCR met tout en oeuvre pour aider les réfugiés

Beaucoup sont eux-mêmes d'anciens réfugiés qui considèrent leur travail non comme une vocation humanitaire ou une carrière professionnelle, mais comme un devoir.
5 Septembre 2012
De gros nuages planent au-dessus du camp de réfugiés de Jamam, où le personnel du HCR aide des milliers de réfugiés soudanais.

CAMP DE RÉFUGIÉS DE JAMAM, Soudan du Sud, le 5 septembre (HCR) - Il est 20 h 30 et un groupe de réfugiés, parti de la frontière soudanaise, vient d'arriver au camp de Jamam au Soudan du Sud. Ils ont faim et sont épuisés.

Grace Aleng, trente-et-un ans, est informée de leur arrivée. Bien qu'elle se préparait à aller dormir, elle connaît les besoins des nouveaux arrivants, parce qu'elle aussi les a connus. Et, en tant qu'agente de protection du HCR, elle sait également qu'il n'y aura peut-être ni eau ni nourriture pour eux avant le lendemain.

Grace s'habille, se dirige vers le marché local et avec son propre argent, elle achète un peu de nourriture pour les nouveaux arrivants. À 22 h, elle a donné à manger au groupe. Lorsqu'elle les voit assis devant elle, elle a l'impression de se regarder dans un miroir. Comme la majorité des membres du personnel du HCR du camp, elle a elle-même été réfugiée à une époque.

« J'ai la possibilité de les aider et je sais par où ils sont passés », explique-t-elle. « Alors je n'ai pas d'autre choix dans mon coeur que de les aider ».

Pour Grace Aleng et d'autres anciens réfugiés, les souvenirs de leur fuite constituent la source la plus puissante de motivation. Ils considèrent que leur travail n'est ni une vocation humanitaire, ni une carrière professionnelle, mais plutôt un devoir qui, chaque jour, confirme leur humanité. « Le niveau d'engagement des membres du personnel du Soudan du Sud qui ont eux-mêmes été des réfugiés ne peut être autrement qualifié que d'extraordinaire », explique Kaweh Hagi Negad, coordonnateur pour la réinstallation au camp de Jamam. « Ils font toujours preuve d'un zèle infatigable ».

Il connaît ce sentiment. Hagi Negad et sa famille ont fui l'Iran en 1987 pendant la guerre qui a opposé l'Iran à l'Irak. Et s'il estime qu'il n'y a pas de comparaison entre son expérience, lui qui a grandi en Suède, et celle des autres membres du personnel du camp qui ont vécu leur expérience de réfugiés dans certains des environnements les plus pénibles, il comprend ce sentiment de « devoir ».

« Nous partageons l'expérience commune d'avoir quitté nos racines, d'abandonner notre famille et de nous retrouver dans un environnement totalement nouveau », déclare Hagi Negad. « Vous vous identifiez aux personnes qui ont été forcées de quitter leur foyer parce que vous savez ce que c'est ».

Le besoin impérieux de protéger est une seconde nature pour Daniel Wuor, qui a passé 18 années en exil, d'abord en Éthiopie et ensuite dans le camp de réfugiés de Kakuma dans le nord-ouest du Kenya. Au cours d'une récente mission près de la frontière soudanaise, le fonctionnaire adjoint chargé de la protection s'est trouvé sur les berges d'une rivière à parler avec un homme de 22 ans qui venait de fuir son foyer dans l'État du Nil bleu au Soudan. L'homme était coincé sur la rive du Soudan du Sud parce qu'il ne savait pas nager.

« S'il était resté là, il aurait été exposé aux dangers », se souvient Daniel Wuor. « Il y a des hyènes dans cette région. Il aurait pu être tenté de traverser la rivière seul. Je n'allais pas rester là à ne rien faire. Il est très important de sauver chaque personne ».

Daniel Wuor s'est précipité à l'eau et a nagé vers l'autre rive. Quelques minutes plus tard, aidé de Nathan White, agent de sécurité du HCR et sauveteur qualifié, il a mis l'homme en sécurité le long d'un pont de fortune en corde construit par l'équipe.

« Lorsque je vois une personne qui a besoin d'aide, je réalise que mon expérience de réfugié n'est pas la seule », explique le membre du personnel du HCR. « Je réalise que nous sommes nombreux et que nous ne sommes pas seuls ».

Ojulu Jodo, conducteur d'ambulance à Jamam, connaît bien cette empathie. Pendant l'exode de 32 000 réfugiés de l'État du Nil bleu vers la frontière du Soudan du Sud, Jodo a transporté les malades et les blessés vers un centre de transit du HCR.

« On voyait arriver des gens, atteints de malaria. Ils n'avaient rien », explique Jodo qui a vécu dans le camp de réfugiés de Pinyudo en Éthiopie entre 1990 et 2006. « Ils nous disaient, « Regardez nos enfants, ils sont en train de mourir » ».

Pour de nombreux anciens réfugiés, travailler pour le HCR à Jamam et accueillir une multitude de personnes de l'État du Nil bleu rappelle des souvenirs puissants.

Clare Aleng se souvient avoir traversé une frontière de l'Ouganda en 1993, alors qu'elle avait huit ans. Ses jambes portent encore les cicatrices que lui ont infligées les hautes herbes coupantes tandis qu'elle fuyait à travers champs pour échapper à la guerre.

Noël est arrivé quelques jours plus tard, lorsqu'ils sont arrivés en Ouganda. Clare Aleng se souvient d'avoir vu un homme acheter des vêtements pour sa fille. Elle s'est retournée vers son père et lui a demandé une robe - ce qu'il faisait chaque semaine lorsqu'ils étaient dans le village situé dans ce qui est aujourd'hui l'État d'Equatoria-Oriental au Soudan du Sud. Ce n'est que lorsqu'il l'a regardée, une larme à l'oeil, et il lui a expliqué qu'il n'en avait pas les moyens, qu'elle a réalisé qu'elle était devenue une réfugiée.

Par Greg Beals au camp de réfugiés de Jamam, Soudan du Sud