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Le HCR tente d'améliorer les conditions de vie difficiles des déplacés internes au Puntland, en Somalie

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Le HCR tente d'améliorer les conditions de vie difficiles des déplacés internes au Puntland, en Somalie

Les conditions de vie des milliers de personnes déplacées dans les camps du Puntland, au nord de la Somalie, sont très dures. Le HCR vient en aide à de nombreuses familles et demande aux autorités locales de prendre davantage de mesures visant à améliorer la vie de ces populations.
25 Septembre 2006
Depuis plus de dix ans, cette femme habite avec sa famille dans un abri de fortune situé dans l'une des campements de déplacés à Bossasso. Dans toute la Somalie, quelque 400 000 personnes déplacées vivent dans des conditions similaires.

BOSSASSO, Somalie, 25 septembre (UNHCR) - Ali Bare Mohamed et sa famille ont voulu échapper aux combats qui avaient repris à Mogadiscio et sont venus dans cette ville portuaire où la chaleur est étouffante, au nord-est de la Somalie. En fait ils ont fui un enfer pour un autre.

Déjà à plusieurs reprises cette année, l'UNHCR et d'autres agences ont attiré l'attention sur les conditions misérables dans lesquelles vivent des milliers de personnes déplacées qui sont arrivées à Bossasso, dans la région somalienne de Puntland. L'agence pour les réfugiés et ses partenaires ont vivement recommandé aux autorités de prendre des mesures pour améliorer cette situation, tout en continuant à oeuvrer de leur côté pour aider les déplacés.

Ali Bare Mohamed s'était installé à Mogadiscio avec sa famille en début d'année, à cause de la sécheresse qui lui avait fait perdre son bétail. Mais il a vite dû partir encore une fois, et pendant le long voyage vers la région de Puntland, au nord du pays, la famille a été frappée par une nouvelle tragédie, lorsqu'un des neuf enfants est mort.

A Bossasso, la capitale du Puntland, la famille a découvert une ville bruyante et entourée de campements surpeuplés, hébergeant quelque 28 000 personnes déplacées à l'intérieur de leur pays. La plupart d'entre elles ont fui leur foyer pendant ces quinze dernières années pour échapper à la violence incessante qui a dévasté la Somalie depuis la chute du Président Siad Barre en 1991. D'autres personnes ont été déplacées par le tsunami de décembre 2004 qui a touché les côtes de l'Océan Indien.

« Ils disaient qu'il y avait la paix à Bossasso, alors nous sommes venus », a expliqué Ali Bare Mohamed. C'est peut-être le cas, mais il y a peu de raisons de se réjouir de la situation. La plupart des déplacés habitent dans des abris de fortune fortement inflammables, faits de branches soutenant des morceaux de carton et des chiffons.

Il n'y a pratiquement pas d'école, peu de services de santé et d'équipements sanitaires. De plus, la nourriture manque. Des installations comme celles-ci sont dispersées dans toute la Somalie : quelque 400 000 Somaliens ont été déplacés par la succession d'explosions de violence. Après avoir visité l'une de ces installations ce mois-ci, Marjon Kamara, la directrice du Bureau Afrique basée à Genève, a déclaré que les besoins des déplacés étaient « immenses ».

Dennis McNamara, le Conseiller spécial des Nations Unies sur le déplacement interne, s'est exprimé avec sévérité à ce sujet. « Leurs conditions de vie dans ces campements sont en dessous des standards minima dans tous les domaines. Ils n'ont même pas les équipements de base », a-t-il indiqué durant une mission au Puntland. Il a pressé les autorités locales de permettre à davantage d'agences d'aide internationale d'aider les populations présentes dans ces campements.

L'attribution de terrains et les questions sanitaires sont les problèmes les plus graves. « Nous déménageons constamment car les propriétaires terriens nous chassent, même si nous leur payons un loyer, et nos tukuls [abris] sont souvent détruits par le feu », a indiqué Abdallah Osman, vice-président du comité des déplacés de l'installation de Mingis, à Marjon Kamara de l'UNHCR.

De riches propriétaires locaux se sont récemment mis d'accord pour prêter cinq terrains qui pourront être utilisés par les déplacés pendant les 10 prochaines années. L'UNHCR a travaillé en collaboration avec UN-Habitat (Programme des Nations Unies pour les établissements humains), l'UNICEF et le Danish Refugee Council pour transférer 120 familles sur l'un de ces sites, aidant ainsi à décongestionner les campements. D'autres sites seront développés lorsque des fonds seront disponibles.

« Nous travaillons avec nos partenaires sur l'extension des canalisations d'eau et l'implantation des abris pour que les déplacés puissent vivre correctement sur ces terrains. Nous établissons aussi des critères pour identifier les familles qui seront transférées en priorité », a indiqué Marjon Kamara, en ajoutant que le travail devait se faire de façon « transparente, juste et globale. »

Malgré ces problèmes fonciers, Abdallah Osman considère que « le problème le plus grave est le manque de toilettes dans les camps. » Dernièrement, les autorités locales ont changé d'avis au sujet de la construction de latrines à Mingis, en expliquant que les propriétaires terriens hésitaient à allouer des terres à cet usage. Seules sept latrines ont donc été construites, au lieu des 70 initialement prévues.

Marjon Kamara a demandé aux fonctionnaires locaux d'intervenir. « Dans les sites, de nombreux problèmes sont liés à cette question de latrines. Il s'agit à la fois d'une question de santé et de sécurité. Tout le monde sera concerné si une épidémie se déclenche dans le camp et, pour les femmes, s'y ajoute le problème des abus sexuels », a-t-elle mentionné.

En attendant, le travail a déjà commencé dans le nouveau camp. « Les routes et les canalisations sont en train d'être étendues ; une station de police et une école sont en cours de construction », a précisé Joana Cameria, qui est chargée de planification auprès d'UN-Habitat. « Il y aura même un éclairage des rues équipé de panneaux solaires », précise-t-elle. Mais, les Nations Unies préviennent que la décongestion des camps prendra plusieurs années. Seules 120 familles, qui seront sélectionnées dans le cadre d'un processus communautaire, seront relogées dans ce premier site.

Ali Bare Mohamed et les siens espèrent faire partie de ce petit groupe de chanceux. Pour l'instant, ils vivent dans un abri misérable que leur ont prêté d'autres déplacés internes. Le chef de famille espère gagner suffisamment d'argent pour pouvoir acheter du matériel et construire son propre tukul.

Par Catherine-Lune Grayson et Millicent Mutuli à Bossasso, Somalie