Le HCR prévoit une solution durable pour les réfugiés parfois présents depuis 40 ans en Zambie
Le HCR prévoit une solution durable pour les réfugiés parfois présents depuis 40 ans en Zambie
LUSAKA, 5 avril (UNHCR) - Avec le retour de la paix dans les pays voisins d'où avaient fui précédemment des réfugiés, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés en Zambie saisit l'opportunité de trouver une solution pour les Angolais et les Congolais qui ont dû faire face ici à un futur incertain depuis plus de 40 ans.
On compte seulement 26 000 Angolais dans trois camps de réfugiés en Zambie, suite à la mise en place d'un programme de rapatriement volontaire qui a commencé après un accord de paix en 2002 ayant mis fin à 27 ans de guerre dans le pays. Fin 2005, l'UNHCR avait aidé plus de 63 000 Angolais à rentrer depuis la Zambie et le total augmentera encore en 2006, l'année qui marquera la fin du rapatriement.
Environ 60 000 réfugiés congolais, présents pour la plupart dans deux camps de réfugiés au nord de la Zambie, attendent le résultat de l'élection nationale dans leur pays. Cette élection se tiendra en juin et pourrait permettre à l'UNHCR de commencer le rapatriement volontaire vers la République démocratique du Congo (RDC) dès cette année.
Au total, la Zambie accueille environ 154 000 réfugiés, dont seulement la moitié d'entre eux habitent dans les cinq camps de réfugiés de l'UNHCR. L'autre moitié est dispersée parmi la population locale. A part les 60 000 réfugiés originaires de la RDC, la majorité vient de l'Angola.
La Zambie a toujours fait preuve de générosité en tant que pays hôte pour les réfugiés. Le camp de Mayukwayukwa, dans l'ouest de la Zambie, près de la frontière avec l'Angola, héberge des réfugiés angolais depuis 1966, étant de ce fait le plus ancien camp de réfugiés en Afrique.
Si certains des Angolais encore sur place prendront le chemin du retour avec l'aide de l'UNHCR en 2006 et que les Congolais se sentent prêts à partir d'ici la fin de l'année prochaine, la priorité sera aussi donnée à la recherche de solutions pour le petit nombre de réfugiés qui souhaitent rester en Zambie. Dans la pratique, la plupart de ceux qui ne souhaitent pas rentrer sont déjà complètement intégrés dans leur pays d'accueil, sauf en termes juridiques.
Ainsi, en plus des rapatriements et des retours, l'UNHCR et le Gouvernement de Zambie ont initié un programme intitulé « Initiative Zambie » pour donner un nouvel élan au développement économique dans les régions où vivent les réfugiés. Ils espèrent ainsi aider à la fois les réfugiés et la population zambienne de ces zones. L'objectif final est également de faciliter l'intégration des personnes, parmi lesquelles figurent des enfants ou des petits enfants des premiers réfugiés, qui ne choisiront probablement jamais d'être rapatriés.
Cette initiative a permis de renforcer ce processus d'intégration. Dans les camps de Mayaweshiyaweshi et Nangweshi dans l'ouest du pays, et à Maheba, dans le nord-ouest, les écoles qui accueillaient autrefois uniquement des réfugiés sont désormais également ouvertes aux enfants zambiens. Il en est de même pour les cliniques des camps qui soignent indistinctement réfugiés et population locale.
Les activités mises en place dans le cadre de cette initiative restent limitées pour le moment. Elles sont surtout destinées à jouer le rôle de catalyseur permettant d'attirer d'autres organisations à rejoindre le processus en cours. L'UNHCR ne s'occupe d'activités de développement car cette tâche incombe à d'autres agences des Nations Unies. Toutefois, l'agence pour les réfugiés veut s'assurer que les zones abritant des réfugiés sont prises en compte dans les plans nationaux de développement, ce qui permettra d'aider à trouver des solutions pour les réfugiés qui choisissent de rester sur place.
« C'est une approche globale, qui consiste à aider à la fois la communauté d'accueil et les réfugiés », indique Tamba Momoh Amara, qui travaille à la recherche de solutions durables pour l'UNHCR en Zambie. « L'objectif final est de permettre aux réfugiés et aux populations d'accueil d'être autosuffisants, de manière à ce que les réfugiés qui ne rentreront pas chez eux puissent rester sur place et subvenir à leurs besoins. »
La recherche de soutiens extérieurs se poursuit afin d'insuffler une nouvelle énergie à l'Initiative Zambie qui a démarré en 2004 mais souffre aujourd'hui d'un sévère manque de fonds. Les zones abritant des réfugiés angolais restent prioritaires, d'où la majorité des réfugiés devant être rapatriés sont déjà partis. Mais l'UNHCR souhaiterait également étendre la mise en oeuvre de concept aux zones qui accueillent des réfugiés congolais afin de faciliter l'intégration de ceux qui seront encore présents après l'opération de rapatriement volontaire vers la RDC, qui devrait être organisée pendant les deux années à venir.
La troisième option tient à la recherche de solutions durables, c'est-à-dire la réinstallation dans un pays tiers. Elle n'est utilisée que pour un nombre limité de réfugiés qui ne peuvent ni être rapatriés dans leur pays d'origine ni rester dans des conditions de sécurité satisfaisantes dans leur pays d'accueil.
En mars, Andy Burnham, Ministre délégué au Home Office, le ministère de l'intérieur britannique, en charge de l'intégration, a visité l'un des camps de réfugiés congolais afin d'être présent lors du départ de 56 réfugiés qui seront réinstallés au Royaume-Uni. L'an dernier, quelque 700 réfugiés ont été réinstallés dans des pays tiers du monde entier et leur nombre devrait atteindre la barre des 1 100 personnes cette année.
« Nous entrevoyons vraiment la possibilité de mettre un terme à cette situation de réfugiés qui a duré pendant tant d'années en Zambie », a indiqué Ahmed Farah, le chef du bureau de l'UNHCR en Zambie. « Il nous faudra encore du temps mais en ayant recours à ces trois solutions à la fois, nous trouverons une issue pour tous les réfugiés présents. »
L'historique des guerres en Afrique pourrait justifier une aggravation de la situation. De vieux conflits pourraient resurgir ou de nouveaux apparaître. L'instabilité politique ou seulement des conditions de vie difficiles d'après-guerre pourraient inviter les réfugiés à reporter leur retour. Mais la situation actuelle permet d'espérer plus que ces dernières années, l'UNHCR se préparant à prochainement réduire sa présence en Zambie.
Par Jack Redden à Lusaka