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Le HCR déplore les expulsions d'Iraquiens et fait état de départs accrus des chrétiens d'Iraq

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Le HCR déplore les expulsions d'Iraquiens et fait état de départs accrus des chrétiens d'Iraq

Le HCR est consterné par la poursuite des expulsions forcées d'Iraquiens par des pays européens et fait état d'un nombre accru de chrétiens fuyant Bagdad.
17 Décembre 2010
Ce chrétien âgé de 55 ans a trouvé refuge chez un proche, dans la région du Kurdistan, après avoir fui Bagdad suite à l'attentat contre l'église Notre Dame du Perpétuel Secours.

GENÈVE, 17 décembre (HCR) - Le HCR a exprimé sa consternation suite à de nouvelles expulsions forcées d'Iraquiens par des pays européens, y compris un homme ayant échappé de peu à une attaque meurtrière contre une église à Bagdad.

« Le HCR réitère avec force son appel aux pays de ne pas expulser des Iraquiens qui sont originaires des régions les plus dangereuses du pays », a ajouté Melissa Fleming, la porte-parole du HCR.

Dans le dernier incident en date, la Suède a expulsé mercredi un groupe de quelque 20 Iraquiens vers Bagdad, y compris cinq chrétiens originaires de la capitale iraquienne.

Melissa Fleming, qui s'adressait à des journalistes à Genève, a indiqué que des membres du personnel du HCR à Bagdad se sont entretenus avec trois des chrétiens et trois musulmans iraquiens parmi ce groupe - tous ont indiqué être originaires de Bagdad. L'un des chrétiens a affirmé avoir quitté l'Iraq en 2007 après que des miliciens aient directement menacé de le tuer. Craignant pour sa vie, il a traversé plusieurs pays au Moyen-Orient et en Europe avant d'arriver en Suède où il a déposé une demande d'asile.

Il a affirmé avoir été débouté trois fois de sa demande d'asile en 2008 et que ses demandes d'asile avaient été rejetées car il n'était pas considéré comme ayant été personnellement ciblé. Les autres personnes rencontrées par des employés du HCR ont indiqué que leurs demandes d'asile avaient été rejetées au motif de l'amélioration des conditions de sécurité en Iraq.

« Ces retours forcés interviennent au moment où nos cinq bureaux en Iraq observent une augmentation significative des départs forcés de chrétiens depuis Bagdad et Mossoul vers la région du Gouvernement régional kurde (KRG), et les plaines de Ninewa [dans le nord du pays] », a indiqué Melissa Fleming.

Elle a ajouté que les communautés chrétiennes dans les deux villes ont entamé « un exode lent mais régulier » depuis l'attentat contre une église de Bagdad le 31 octobre dernier et les attaques ciblées consécutives. Quelque 68 personnes avaient été tuées lors de l'attentat contre l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours durant la messe dominicale.

Quelque 1 000 familles sont arrivées depuis début novembre. « Nous avons entendu de nombreux récits selon lesquels des personnes avaient fui leur maison après avoir reçu des menaces directes. Certaines n'ont pu prendre avec elles que quelques affaires », a expliqué Melissa Fleming. « Nos bureaux leur ont fourni une aide d'urgence et sont en contact avec les autorités locales pour assurer que les chrétiens récemment déplacés bénéficient d'un soutien et d'une assistance. »

De plus, les bureaux localisés dans des pays voisins, la Syrie, la Jordanie et le Liban, font état d'un nombre croissant de nouveaux arrivants chrétiens d'Iraq contactant le HCR pour se faire enregistrer et recevoir une aide. Les églises et les ONG ont adressé au HCR une mise en garde selon laquelle l'agence doit s'attendre, dans les prochaines semaines, à davantage de nouveaux arrivants ayant fui sa maison.

« La majorité des nouveaux arrivants interviewés par le personnel du HCR en Jordanie affirme avoir fui en conséquence directe de l'attaque contre l'église le 31 octobre dernier. Un homme qui est désormais enregistré auprès du HCR en Jordanie a échappé de peu à l'attaque, il avait quitté l'église quelques minutes avant que l'attentat ne survienne. Ce réfugié avait été expulsé depuis l'Europe juste quelques jours avant », a expliqué Melissa Fleming.

Le HCR reconnaît les efforts menés par le Gouvernement iraquien pour tenter de protéger tous ses citoyens, y compris les groupes minoritaires vulnérables comme les chrétiens. Le Gouvernement iraquien a réitéré son engagement d'accroître la protection des lieux de culte. Alors que les pertes civiles ont globalement baissé cette année par rapport à l'année dernière, il apparaît que les groupes minoritaires sont de plus en plus exposés aux menaces et aux attaques.

Melissa Fleming a réitéré la prise de position du HCR selon laquelle les demandeurs d'asile originaires des governorats de Bagdad, Diyala, Ninewa et Salah-al-Din, ainsi que de la province de Kirkouk, ne devraient pas être expulsés et qu'ils devraient bénéficier d'une protection internationale, que ce soit l'octroi du statut de réfugié selon la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés ou d'une protection subsidiaire.

« De plus, bien sûr, les demandes soumises par tous les autres demandeurs d'asile iraquiens doivent être examinées attentivement au fond, y compris pour les personnes qui appartiennent à des minorités religieuses. Notre prise de position reflète la situation sécuritaire instable et le niveau toujours élevé de violence, les incidents se produisant sur le plan de la sécurité, et les violations des droits humains survenant dans certaines régions de l'Iraq. Le HCR considère que des menaces sérieuses - et parfois aveugles - pesant sur la vie, l'intégrité physique ou la liberté résultant de la violence ou d'événements troublant gravement l'ordre public constituent des raisons valables pour bénéficier d'une protection internationale », a-t-elle ajouté.