Le HCR choqué de l'escalade de la violence en Côte d'Ivoire
Le HCR choqué de l'escalade de la violence en Côte d'Ivoire
ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 18 mars (HCR) - Le HCR a fait part vendredi de son émoi concernant l'escalade de la violence en Côte d'Ivoire, en particulier à Abidjan où cette semaine a été de loin la plus violente depuis le début de la crise post-électorale.
Jeudi, les habitants d'Abobo ont subi des bombardements massifs, qui auraient fait au moins 25 morts et encore davantage de blessés. Plus tôt dans la semaine, plusieurs autres quartiers de la ville ont également subi des attaques.
Un poste de police et le marché de Williamsville ont été incendiés suite aux attaques. L'un des contacts du HCR vivant dans la zone a affirmé avoir vu jeudi au moins 30 magasins incendiés hier et des cartouches vides près de sa maison ce matin. A Adjamé, un autre grand quartier d'Abidjan, une station de radio communautaire a également été attaquée et incendiée.
Pendant ce temps, des tirs de feu sporadiques continuaient de se faire entendre dans plusieurs districts de Yopougon, où d'intenses combats ont eu lieu lundi, entre les partisans des candidats rivaux à l'élection présidentielle.
La guerre urbaine à Abidjan provoque de nouveaux déplacements de population en s'intensifiant. Mercredi matin, on pouvait voir un grand nombre de personnes déplacées internes à l'intérieur de leur propre pays dans différents quartiers de la ville, où quelque 300 000 personnes sont déplacées de force depuis novembre.
A Williamsville, Paillet et Plateau-Dokui, les terminaux de bus étaient remplis de familles cherchant à retourner dans leurs villages d'origine pour trouver la sécurité. Ces quartiers sont situés à proximité d'Abobo d'où la plupart des personnes ont fui.
Les familles d'accueil hébergeant des déplacés internes voient leurs ressources s'épuiser. Le personnel du HCR commence à recevoir des appels téléphoniques désespérés à la fois de ces familles d'accueil et des déplacés internes qui demandent une aide.
Le HCR fait son possible pour répondre à leur appel. Toutefois, les points de contrôle, les harcèlements et les affrontements armés réduisent la capacité des organisations humanitaires à se déplacer et transforment la distribution de l'aide en une entreprise laborieuse et risquée.
Malgré ces obstacles, le HCR - par l'intermédiaire de ses partenaires - a distribué de l'aide à 13 000 personnes déplacées dans 31 points ou sites à Abidjan et dans des villages voisins comme Anyama, Ahouabo et Akoupé.
Dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, le HCR est particulièrement inquiet du sort de quelque 3 000 à 5 000 déplacés internes bloqués dans la Mission catholique à Duékoué, suite à la reprise des combats hier.
Les déplacés internes demandent de l'aide et affirment qu'ils ne peuvent pas sortir car il y a de nombreux points de contrôle armés dans les environs. Le HCR et ses partenaires s'efforcent de trouver le moyen d'aider cette population et appelle les parties en conflit à permettre l'accès humanitaire aux civils déplacés.
Toujours dans l'ouest, les affrontements en cours le long de la frontière avec le Libéria contraignent davantage de civils à fuir à travers la frontière. Le nombre sans cesse croissant de réfugiés ivoiriens au Libéria a désormais atteint les 90 000, ce qui crée une pression énorme sur les communautés d'accueil démunies.
Au Ghana, un autre Etat frontalier de la Côte d'Ivoire, pour la première fois cette semaine une augmentation soudaine du nombre des Ivoiriens sollicitant l'asile a été observée. Plus de 500 personnes sont arrivées d'Abidjan, alors que seuls 160 réfugiés avaient fui depuis fin novembre. Cela pourrait marquer le début d'une tendance, le Ghana n'étant situé qu'à 150 kilomètres d'Abidjan.
L'instabilité politique affecte également les 24 000 réfugiés libériens qui résident en Côte d'Ivoire. Demain le HCR commence le rapatriement par avion de ceux qui souhaitent rentrer au Libéria.