Le HCR appelle au cessez-le-feu en RDC, l'inquiétude est croissante
Le HCR appelle au cessez-le-feu en RDC, l'inquiétude est croissante
GOMA, République démocratique du Congo, 7 novembre (UNHCR) - Le HCR réitère vendredi ses appels à la cessation immédiate des combats dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), face aux inquiétudes croissantes sur le sort de dizaines de milliers de civils déplacés.
« Nous espérons que les pourparlers ayant lieu aujourd'hui à Nairobi mèneront vers la cessation immédiate des hostilités car les besoins humanitaires dans le Nord-Kivu sont énormes », a dit un porte-parole du HCR alors que des dirigeants régionaux ont rencontré le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon au Kenya pour discuter des possibilités d'éviter une escalade des violence vers un conflit régional et pour sauver un accord de paix ratifié en janvier entre les forces rivales en RDC.
Le HCR est extrêmement inquiet concernant la sécurité de quelque 65 000 civils congolais déplacés internes dans les camps de Kibati situés aux alentours de la ville de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu en proie à des troubles. « Nous craignons que la population civile, déjà confrontée à une situation humanitaire désespérée, ne soit prise dans des tirs croisés si des combats reprenaient dans la région », a dit le porte-parole.
Le personnel du HCR a fait état, vendredi matin, de tirs entendus aux alentours des camps de Kibati, interrompant la distribution d'aide et causant la panique parmi la population du camp. Les tirs ont cessé après 30 minutes environ, selon des employés du HCR sur place qui ont aussi indiqué que des personnes déplacées ont continué à quitter le camp pour se diriger vers Goma, en direction du sud. Des tirs ont repris plus tard dans la journée, faisant à nouveau paniquer les déplacés.
« Des milliers de déplacés ont fui le camp de Kibati, en entendant les coups de feu. Des familles avec des enfants ont rassemblé leurs quelques possessions ... et se sont dirigées vers Goma. Des enfants cherchaient leurs parents en hurlant, après s'être perdus dans la confusion de l'exode », a dit un témoin après les heurts de ce matin. « La route menant vers Goma s'est remplie d'un flot régulier de déplacés se dirigeant vers le sud, alors que des soldats [des forces gouvernementales] ont été vus marchant vers le nord en direction du camp. »
Le conflit oppose des soldats gouvernementaux et des milices pro-gouvernementales contre des combattants rebelles ralliés au général dissident Laurent Nkunda, et les forces d'opposition sont maintenant proches des camps.
« Nous appelons une nouvelle fois toutes les parties au conflit à respecter le caractère civil des camps, à respecter les principes humanitaires et à garantir la sécurité des civils et de ceux qui leur viennent en aide. Nous craignons également une militarisation des camps », a indiqué le porte-parole du HCR.
Le HCR et les autres agences acheminent rapidement une assistance vitale aux personnes déplacées internes aussi rapidement que possible dans un environnement extrêmement instable, caractérisé par de très nombreuses violations des droits humains et une anarchie généralisée.
Les agences d'aide distribuent une assistance humanitaire à Kibati, notamment de la nourriture, des bâches en plastique pour construire des abris, des couvertures, des matelas, des ustensiles de cuisine, des moustiquaires et des jerrycans. Des distributions ont lieu dans six camps gérés par le HCR et situés autour de Goma.
Le HCR étudie la possibilité d'ouvrir un autre camp à l'ouest de Goma si la situation devient intenable dans les deux camps de Kibati. La situation sécuritaire à Goma était calme mais tendue vendredi.
Les combats au Nord-Kivu se sont intensifiés à la fin 2006. En janvier 2008, on comptait plus de 800 000 déplacés internes dans la région. Depuis la reprise des combats en août, quelque 250 000 civils ont fui, nombre d'entre eux étaient déjà déplacés auparavant.
Par David Nthengwe à Goma, République démocratique du Congo