Le HCR annonce de nouvelles recommandations concernant les demandeurs d'asile irakiens
Le HCR annonce de nouvelles recommandations concernant les demandeurs d'asile irakiens
GENEVE, 27 septembre (UNHCR) - La sécurité dans la majeure partie de l'Irak ne s'étant pas améliorée mais plutôt détériorée, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a fait part mardi de son inquiétude sur le fait que certains Etats envisagent de ne plus fournir la protection offerte généralement à tous les demandeurs d'asile originaires d'Irak.
D'autre part, l'UNHCR attire aussi l'attention sur la baisse très importante des taux de reconnaissance accordée aux demandeurs d'asile irakiens par certains pays d'asile.
Les commentaires de l'UNHCR font partie des dernières recommandations concernant le retour des Irakiens dans leur pays d'origine. Ces recommandations sont publiées régulièrement par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin de fournir aux gouvernements des conseils et des lignes directrices pour des populations ou des pays spécifiques.
Ces recommandations montrent que malgré les élections de janvier 2005 en Irak, les autorités ne sont pas encore capables d'assurer la protection de leurs citoyens contre de violentes attaques, notamment celles visant les civils dans le sud et le centre de l'Irak, pas plus qu'elles ne peuvent garantir l'accès aux services essentiels nécessaires pour une vie stable et en toute sécurité.
Par ailleurs, il est à signaler que des retours prématurés pourraient accroître les tensions entre les résidents et les rapatriés et par là-même provoquer une plus grande insécurité.
« Ainsi, l'UNHCR encourage les gouvernements à reporter l'introduction de mesures qui pourraient conduire ou induire des retours volontaires pour des personnes originaires du sud ou du centre de l'Irak », a dit le porte-parole de l'UNHCR, Ron Redmond lors du point de presse mardi.
« Les conditions de sécurité et les capacités d'absorption pour un retour durable devraient être mises en place avant que les gens ne reviennent », a-t-il ajouté. « De la même façon, pour les demandeurs d'asile qui n'ont pas été reconnus comme réfugiés, certaines formes de protection en accord avec les principes internationaux des droits de l'homme doivent leur être proposées. »
Dans certains pays européens, des demandeurs d'asile irakiens ont été déboutés sur la base de ce que l'on appelle « la possibilité de fuite interne ».
« Les demandeurs d'asiles irakiens ne doivent pas être déboutés seulement sur le fait qu'en théorie, il leur serait possible de se déplacer ailleurs en Irak », a dit Ekber Menemencioglu, le directeur du Bureau Asie centrale et du Sud-Ouest, Afrique du Nord et Moyen-Orient. « La réinstallation interne peut être également très risquée à cause des contraintes de sécurité dans beaucoup de régions d'Irak. La protection nationale ainsi que les services de base (particulièrement l'hébergement) manquent majoritairement, notamment pour ceux qui se retrouvent sans famille ou sans attache communautaire.
L'UNHCR a également revu sa position quant aux retours possibles dans les trois gouvernorats du nord (Suleymaniah, Dohuk et Erbil) où des actes de violence sont relativement moins fréquents que dans le reste du pays et où un certain niveau de stabilité politique existe, malgré une économie et une sécurité fragiles. L'UNHCR a déclaré que les retours volontaires d'Irakiens originaires de ces trois gouvernorats du nord sont estimés possibles, à condition que les rapatriés aient des liens familiaux ou communautaires pour assurer leur protection, leur hébergement et d'autres services de base.
Cependant il ne saurait être question du retour involontaire de certains demandeurs d'asile de ces trois provinces s'ils ont été déboutés lors de la procédure, les recommandations encouragent les Etats à procéder avec précaution, notamment au regard des problèmes rencontrés par le gouvernement central et les autorités locales ainsi que la capacité limitée de la région à absorber des rapatriés.
« L'UNHCR encourage vivement les Etats à ne pas renvoyer de force les déboutés de la demande d'asile vers les trois gouvernorats du nord s'ils n'en sont pas originaires », ajoute Ekber Menemencioglu. « Même s'ils étaient admis, ce qui est loin d'être certain, ils n'auraient que peu de chance de s'intégrer dans la communauté locale ou d'obtenir un hébergement, des services et un emploi en toute légalité. Et pire encore, sans aucun soutien local, ils pourraient même courir un risque physique. »
Selon des estimations, entre 2003 et 2005, plus de 253 000 personnes sont rentrées en Irak, spontanément pour la plupart d'entre elles. Par ailleurs, 23 074 Irakiens ont choisi de rentrer volontairement chez eux depuis l'Iran, l'Arabie saoudite, le Liban, la Jordanie et d'autres pays, avec l'assistance de l'UNHCR. Cependant, à cause des problèmes de sécurité, l'UNHCR n'a jamais encouragé les retours dans quelque région que ce soit en Irak.
On estime que plus de 1,2 million de personnes sont toujours déplacées à l'intérieur de l'Irak (beaucoup étant hébergées dans des bâtiments publics).
D'autres estimations font état de quelque 1,5 million d'Irakiens qui vivent toujours à l'extérieur de leur pays, en tant que réfugiés ou migrants. Beaucoup d'entre eux souhaiteraient rentrer, mais n'ont pas pu le faire pour diverses raisons - la sécurité et l'absence d'hébergement étant les plus importantes.
En 2002, juste avant la chute du gouvernement de Saddam Hussein, les Irakiens formaient le premier groupe de demandeurs d'asile dans les pays industrialisés. Depuis, la grande majorité de ceux qui ont quitté l'Irak sont en fait restés dans les pays voisins tels que la Jordanie et la Syrie et dans une moindre mesure, au Liban.