Le chef du HCR ouvre la conférence du Yémen sur les traversées du golfe d'Aden
Le chef du HCR ouvre la conférence du Yémen sur les traversées du golfe d'Aden
SANA'A, Yémen, 19 mai (UNHCR) - Lundi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a remercié le Yémen d'assurer la protection des personnes ayant effectué la traversée périlleuse du golfe d'Aden depuis la Somalie. Il a aussi ajouté que la communauté internationale devrait l'aider davantage.
« Le gouvernement a montré son engagement en répondant aux besoins de protection des personnes présentes dans des mouvements migratoires », a indiqué António Guterres aux participants présents lors de l'ouverture à Sana'a, lundi, d'une conférence régionale de deux jours sur ce problème. « Alors que le Gouvernement continue à intensifier son action pour répondre à ce défi, il ne pourra pas le faire seul. Il a besoin que nous nous impliquions davantage, il a besoin d'une solidarité plus significative de la part de la communauté internationale », a ajouté António Guterres.
« Je lance un appel à tous les pays qui ont la capacité et les ressources pour le faire, dans la région et au-delà, afin qu'ils soutiennent pleinement le Yémen dans sa généreuse hospitalité envers de nombreux réfugiés originaires de Somalie depuis plus de 15 ans. »
Dimanche, lors d'une réunion avec le Président Ali Abdullah Saleh, António Guterres a promis un soutien permanent de l'UNHCR envers le Yémen pour ses efforts dans la protection des réfugiés. Les deux hommes ont discuté des défis auxquels fait face le Yémen pour fournir une assistance et assurer la protection des réfugiés somaliens et éthiopiens.
L'UNHCR et d'autres agences internationales ont intensifié leurs efforts pour assister le Yémen et d'autres pays de la région, et ils appellent conjointement à une action globale pour mieux répondre aux défis. Cette année, plus de 18 000 personnes ont déjà effectué la traversée périlleuse du golfe d'Aden à bord de bateaux de passeurs, soit le double par rapport à la même période l'année dernière. Plus de 400 personnes sont mortes lors de ce voyage cette année.
La conférence de Sana'a sur « La protection des réfugiés et la migration internationale dans le golfe d'Aden » rassemble des représentants des Gouvernements de Djibouti, de l'Ethiopie, de la Somalie, du Yémen et des pays de la Coopération du Golfe ainsi que des représentants de la société civile et d'organisations internationales. Des représentants de l'Union africaine et de la Commission européenne sont aussi présents.
Son principal objectif est d'établir un mécanisme régional et un plan d'action à long terme pour la protection des réfugiés et la migration mixte dans la région du golfe d'Aden. Organisée par l'UNHCR et le Groupe de travail sur la migration mixte pour la Somalie, la conférence est financée par la Commission européenne.
Les participants vont revoir les défis dans les principaux pays de départ, de transit et d'arrivée dans la région et travailler pour développer des réponses appropriées. Le plan d'action qui en résultera sera en partie basé sur un Plan d'action en 10 points développé par l'UNHCR en 2006 pour aider les gouvernements à développer des stratégies en termes de migration prenant en compte les impératifs de protection.
António Guterres a expliqué aux participants pourquoi le problème était si important pour l'UNHCR. « L'UNHCR n'a pas - et ne recherche pas - un mandat pour la migration. Elle a, cependant, une responsabilité pour aider les gouvernements à identifier et à protéger les réfugiés dans les flux migratoires », a dit António Guterres devant quelque 200 délégués.
Le flux mixte de personnes traversant le golfe d'Aden comprend un nombre significatif de réfugiés. Le Yémen, malgré de maigres ressources, a maintenu une politique de portes ouvertes en faveur des réfugiés. Mais ce pays appelle à davantage de soutien de la part de la communauté internationale.
Le Haut Commissaire a rencontré et s'est entretenu avec des réfugiés somaliens, au début de sa mission au Yémen. Jeudi dernier, il s'est rendu au camp de réfugiés de Kharaz, situé à 140 kilomètres à l'ouest d'Aden. Il a aussi rencontré des réfugiés urbains dans le bidonville de Basateen, à Aden, où des Somaliens vivent aux côtés de Yéménites démunis.
Il a discuté avec une Somalienne qui a ouvert un petit commerce de fruits et de légumes grâce à un micro crédit obtenu de l'UNHCR. « Je suis toujours admiratif des miracles qui deviennent possibles grâce à un peu d'argent - un micro crédit », a-t-il dit, en réitérant que « le Yémen a besoin de bien davantage de soutien [international] pour pouvoir continuer à fournir une protection aux réfugiés. »
Vendredi, António Guterres a continué sa mission le long de la côte sud du Yémen. Il s'est rendu au centre de transit de l'UNHCR de Mayfa'a et dans un centre de réception de réfugiés récemment construit à Ahwar. Ce sont les premiers lieux de réception des réfugiés et des migrants qui sont tout juste arrivés sur la côte du Yémen après la traversée du golfe d'Aden.
A chaque étape, le Haut Commissaire a rencontré des représentants du Gouvernement yéménite, des partenaires de l'UNHCR et de nouveaux arrivants. António Guterres a demandé à ces derniers de lui raconter leur voyage et comment ils avaient été traités par les passeurs. Une femme a dit qu'elle avait été battue et harcelée par des passeurs durant la traversée du golfe.
António Guterres a plusieurs fois souligné durant sa visite de cinq jours au Yémen l'importance de répondre aux causes profondes du déplacement en Somalie. « La solution aux problèmes humanitaires ne sera pas strictement humanitaire. La seule solution est politique et la communauté internationale doit prendre conscience, pour la région et au-delà, des dangers à plus long terme de l'instabilité de la Somalie et pleinement s'engager avec les Somaliens pour restaurer la paix », a-t-il dit.
Par Abeer Etefa à Sana'a, Yémen