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Le chef du HCR exhorte les hauts dirigeants à mettre fin aux conflits à l'origine de la crise mondiale de déplacement

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Le chef du HCR exhorte les hauts dirigeants à mettre fin aux conflits à l'origine de la crise mondiale de déplacement

« Sommes-nous désormais incapables de négocier la paix ? » demande Filippo Grandi au Conseil de sécurité lors d'une allocution sur les niveaux record de déplacements de populations.
2 Novembre 2017
Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, lors de son allocution au Conseil de sécurité.

NEW YORK - Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a exhorté les dirigeants mondiaux à trouver des solutions politiques aux conflits à travers le monde en vue d’un retour éventuel des personnes déracinées en nombre croissant.

Lors de son allocution au Conseil de sécurité des Nations Unies à New York, Filippo Grandi a déclaré qu'une succession de nouvelles crises majeures avaient généré des déplacements massifs de populations dans pratiquement toutes les régions du globe.

« Le nombre de personnes déracinées à travers le monde approche désormais les 66 millions, contre 42 millions en 2009 », a-t-il déclaré. « Et parmi elles, 17,2 millions de réfugiés qui relèvent de la compétence du HCR, soit une augmentation de 70 % depuis cette date. »

Le chef du HCR a ajouté : « Trouver des solutions durables pour les millions de personnes déracinées à travers le monde - et éviter de nouveaux flux massifs de réfugiés comme ceux ayant eu lieu ces dernières années - dépend de solutions politiques. »

Filippo Grandi souligne la nécessité de mettre fin au "conflit cataclysmique" en Syrie.

Filippo Grandi a fait référence à plusieurs crises en cours, dont le "conflit cataclysmique" en Syrie et la violence en Irak qui ont généré à eux deux un quart de la population déracinée. Mais de nouvelles crises se sont développées, a-t-il indiqué, et nombre d’entre elles « dans des régions de non-droit, sous l'impulsion de diverses combinaisons de la pauvreté et du sous-développement, de la dégradation de l'environnement, de l'inégalité et de la persécution. »

Parallèlement, des situations qui semblaient s'être stabilisées, comme au Burundi, au Soudan du Sud et en République centrafricaine, sont affectées par de nouvelles crises générant de nouveaux flux de réfugiés, tandis que des situations prolongées - comme en Afghanistan et en Somalie - demeuraient enracinées.

Filippo Grandi a présenté plusieurs points d'action à l'intention des membres du Conseil de sécurité. Premièrement, ils doivent soutenir des mesures préventives « pour lutter contre les causes des conflits et éviter d'aggraver les crises de déplacement. »

Il s’est également félicité du travail essentiel des troupes de l'ONU pour le maintien de la paix qui permettent au travail humanitaire de s’effectuer, en affirmant que les acteurs humanitaires et les troupes des Nations Unies pour le maintien de la paix devraient tirer parti de leurs diverses compétences pour aider à protéger les civils affectés par les conflits, tout en préservant le caractère neutre et impartial de l'action humanitaire.

Un bébé rohingya et sa mère font la queue sous la pluie lors d'une distribution d'aide dans le camp de réfugiés de Kutupalong, près de Cox's Bazar, au Bangladesh.

Troisièmement, la communauté internationale doit continuer la lutte contre la traite des êtres humains et les « effroyables abus perpétrés par les passeurs », a expliqué le chef du HCR. Bien que l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés travaille sur le terrain pour venir en aide aux victimes de la traite d’êtres humains et soutenir les personnes ayant besoin d'une protection internationale, Filippo Grandi a déclaré qu'une action résolue était nécessaire, « pour mettre fin aux effroyables abus perpétrés par les passeurs, qui doivent être identifiés et traduits en justice. »

Toutefois, sans le rétablissement de la paix et de la sécurité, Filippo Grandi a déclaré que le retour serait impossible pour les réfugiés et autres personnes déplacées. « Seulement 500 000 réfugiés à travers le monde sont rentrés chez eux l'année dernière. Par ailleurs, très peu de situations de déplacement au cours de la dernière décennie se sont achevées définitivement », a-t-il ajouté.

En particulier, la sécurité, le respect des droits humains et l’instauration d’un État de droit seront essentiels au retour des réfugiés rohingyas dans l'État de Rakhine, au Myanmar. « Des progrès en matière de citoyenneté pour les Rohingyas apatrides sont essentiels, tout comme la réconciliation communautaire et l'investissement dans un développement inclusif profitant à toutes les communautés », a indiqué Filippo Grandi.

Enfin, Filippo Grandi a souligné la nécessité de maintenir la protection des personnes déracinées pendant la recherche de solutions aux conflits, tant dans les pays touchés qui s'efforcent de parvenir à une plus grande stabilité que dans les communautés d'accueil qui font leur possible pour venir en aide à un grand nombre de réfugiés.

« Sommes-nous désormais incapables de négocier la paix? » demande Filippo Grandi au Conseil de sécurité.

Toutefois, la réponse pour faire cesser puis renverser les flux de réfugiés et d'autres personnes déplacées proviendra de solutions politiques, a déclaré Filippo Grandi - et, à cet égard, la communauté internationale doit reconnaître son échec.

« Sommes-nous désormais incapables de négocier la paix? » demanda-t-il. « Je pose cette question ici, au Conseil de sécurité, dont les raisons d'être sont la résolution des conflits et le maintien de la paix - car je suis témoin de l'impact direct de ces échecs, chaque jour, sur la vie de dizaines de millions de personnes déracinées et forcées d'abandonner leurs foyers.

Les faiblesses de la solidarité internationale érodent également la protection des réfugiés, a-t-il ajouté. De nombreux pays d'accueil de réfugiés, en particulier ceux qui sont voisins de zones de conflit, maintiennent leurs frontières ouvertes et accueillent généreusement des milliers - parfois des millions - de réfugiés.

« Mais certains États - souvent les moins affectés par les flux de réfugiés, et souvent les plus riches - ont réagi en fermant les frontières, en restreignant l'accès au système d'asile et en décourageant l'entrée sur leurs territoires. »

Se référant au Sommet des Nations Unies pour les réfugiés et les migrants de l'année dernière, qui a donné lieu à la Déclaration de New York appelant à une réponse globale à la crise internationale des réfugiés, le chef du HCR s’est félicité de ce qu'il a qualifié de « mesures décisives » prises par les Etats membres, les institutions de développement telles que la Banque mondiale, la société civile et le secteur privé.

« Toutefois, une réponse complète aux flux massifs de déplacements survenant aujourd'hui ne peut être obtenue que par des actions visant à rétablir la sécurité, résoudre les conflits et restaurer la paix », a déclaré Filippo Grandi.

La population croissante de personnes déracinées à travers le monde « compte sur votre engagement pour aider à mettre en œuvre ces solutions », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité.

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