Le chef du HCR avertit que la dégradation de la crise au Darfour constitue une menace pour toute la région
Le chef du HCR avertit que la dégradation de la crise au Darfour constitue une menace pour toute la région
GENEVE, 8 septembre (UNHCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a averti vendredi que la dégradation de la situation dans la région soudanaise du Darfour menace de provoquer une nouvelle vague de déplacement massif qui pourrait déstabiliser la région entière.
« Les agences humanitaires luttent déjà pour répondre aux immenses besoins des quelque deux millions de déplacés internes au Darfour et des plus de 200 000 réfugiés présents dans les 12 camps gérés par l'UNHCR de l'autre côté de la frontière au Tchad », a indiqué António Guterres. « La détérioration de la situation sécuritaire nous empêche de fournir une aide même minimale dans de larges zones du Darfour, et les ressources dont nous disposons au Tchad voisin ont été utilisées au maximum. Cette situation déjà préoccupante s'aggrave de jour en jour. »
António Guterres a évoqué le manque de sécurité et d'accès ainsi que l'incertitude persistante qui pèse sur le déploiement au Darfour d'une force de maintien de la paix des Nations Unies, déploiement qui a été récemment approuvé par le Conseil de sécurité des Nations Unies mais auquel s'oppose le Gouvernement de Khartoum. De plus, des milliers de soldats soudanais ont été envoyés au Darfour ces dernières semaines, renforçant les craintes d'une offensive militaire majeure qui pourrait amener à davantage de déplacements.
« Des millions de personnes encourent déjà un risque grave », a indiqué le Haut Commissaire. « Des centaines d'individus meurent dans le contexte actuel de violence et des milliers sont contraints de se déplacer. Une action internationale urgente est requise pour faire pression sur les parties impliquées dans le conflit et pour convaincre toutes les personnes sur le terrain de laisser les agences humanitaires travailler dans la sécurité. Des vies en dépendent. Si les choses ne s'améliorent pas, nous allons vers une catastrophe majeure. »
L'UNHCR dispose de six bureaux et de près de 100 employés dans le sud et l'ouest du Darfour afin de mener des activités de protection. Depuis décembre dernier, la sécurité dans de nombreuses zones du Darfour s'est régulièrement dégradée.
Une dizaine de travailleurs humanitaires ont été tués depuis mai ; des convois humanitaires sont régulièrement attaqués et des véhicules volés. De plus, des bureaux et des enceintes ont été attaqués, et les employés ne peuvent se rendre dans certaines zones que par hélicoptère.
António Guterres a ajouté que la dégradation de la situation au Darfour pourrait avoir des conséquences graves pour le reste de la région. Le Tchad voisin, où plus de 200 000 réfugiés du Darfour sont hébergés dans une douzaine de camps de l'UNHCR situés dans des endroits reculés, est déjà en proie à l'insécurité dans ses zones frontalières. Cette situation a causé le déplacement de plus de 50 000 Tchadiens et forcé 15 000 d'entre eux à s'enfuir au Darfour.
La crise au Darfour pourrait aussi exacerber l'instabilité chronique qui règne dans le nord de la République centrafricaine. Quelque 46 000 réfugiés centrafricains sont hébergés dans trois camps de l'UNHCR au sud du Tchad.
« Le Tchad se montre extrêmement généreux en aidant les réfugiés, mais le point de rupture est proche », a indiqué António Guterres. « Il est difficile d'imaginer l'étendue de la crise à laquelle nous serions confrontés si un nouveau déplacement de grande ampleur avait lieu au Darfour. Même sans la violence et l'insécurité, les opérations humanitaires dans cette région éloignée et pauvre en ressources sont extrêmement difficiles. »
La seule lueur d'espoir dans ce contexte régional - l'opération de rapatriement que mène actuellement l'UNHCR pour ramener des milliers de réfugiés et de déplacés soudanais dans leurs foyers au Sud-Soudan - pourrait aussi être sévèrement affectée si la crise au Darfour s'aggrave.
Du personnel et certains budgets devraient sans aucun doute être retirés de l'opération au Sud-Soudan pour faire face à tout nouveau déplacement depuis le Darfour. L'opération de rapatriement au Sud-Soudan souffre elle-même d'un sévère problème de financement.