L'Azerbaïdjan ferme le dernier camp d'urgence pour les déplacés
L'Azerbaïdjan ferme le dernier camp d'urgence pour les déplacés
BAKOU, Azerbaïdjan, 7 février (UNHCR) - En 1993, Gulshan Aghayeva avait été forcée de fuir sa région natale, la région de Zangilan, dans le sud-ouest de l'Azerbaïdjan, alors que le conflit dans l'enclave du Nagorno Karabakh prenait de l'ampleur. Elle avait trouvé refuge dans l'un des 12 camps d'urgence, établi dans d'autres régions de l'Azerbaïdjan pour faire face au nombre croissant de personnes déplacées.
Gulshan Aghayeva pensait qu'elle resterait quelques mois seulement au camp de Galagain, situé dans le district de Sabirabad, dans le centre-est de l'Azerbaïdjan. En fait, avec ses proches, elle y a passé 14 ans. Elle habitait dans un bâtiment délabré, en briques de terre cuite, dans un logement équipé d'une seule ampoule électrique ainsi que d'un petit poêle, et dont le plafond fuyait.
Les saisons sont tranchées en Azerbaïdjan. Si les étés peuvent être brûlants, le poêle ne fournissait néanmoins pas assez de chaleur durant les hivers rigoureux. La distribution d'eau était sporadique et les opportunités d'emploi pour Gulshan Aghayeva et sa famille étaient rares.
En décembre dernier, les choses se sont finalement améliorées, lorsque le gouvernement a fermé deux camps d'urgence accueillant des déplacés à Sabirabad et Saatli. Quelque 10 000 résidents ont été transférés dans des logements neufs et de meilleure qualité, dans le district de Fizuli. Cette fermeture marque le point culminant de l'engagement pris par le gouvernement, en 2004, pour fermer les camps d'urgence ne répondant pas aux standards de l'habitat humain et pour transférer les déplacés vers des logements décents.
« Les conditions de vie dans notre nouvelle maison sont bien meilleures qu'à Sabirabad », a expliqué joyeusement Gulshan Aghayeva. « Nous avons maintenant de l'espace pour toute la famille et nous nous sommes rapprochés de notre région natale », a-t-elle ajouté. Le district de Fizuli, situé dans le sud-ouest du pays, est plus proche de sa ville d'origine, Zangilan - une ville sous contrôle des Arméniens, qui s'appelle maintenant Kovsakan - que ne l'est Sabirabad
Le conflit opposant l'Azerbaïdjan et l'Arménie à propos du Nagorno Karabakh, survenu au début des années 90, a déplacé plus de 500 000 personnes en Azerbaïdjan, dont environ 100 000 d'entre eux étaient accueillis dans 12 camps d'urgence au plus fort de la crise. La plupart ont été logés dans le sud et l'est du pays, avec l'aide de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés ayant aidé à coordonner la réponse humanitaire internationale en Azerbaïdjan.
Cependant ces camps n'avaient pas été prévus pour être permanents. Les conditions de vie y étaient difficiles et la situation n'a fait qu'empirer d'année en année. En tenant compte de ces difficultés ainsi que de l'incertitude pour le retour des déplacés chez eux, les autorités azerbaïdjanaises ont annoncé, en 2004, qu'elles prévoyaient de fermer les camps d'urgence et de construire de nouveaux logements pour les déplacés.
Dans la même année, cinq camps ont été fermés dans le district de Bilavusar, ainsi que quatre autres, en 2006, dans les districts de Barda et Aghjabadi dans l'ouest du pays. En septembre dernier, le gouvernement a fermé le premier des camps qui avaient été établis à Saatli. Avec la fermeture des deux derniers camps en décembre, quelque 11 800 familles déplacées, soit près de 50 000 personnes, ont été relogées.
La fermeture des camps de déplacés est une réalisation majeure du gouvernement. « Le Gouvernement de l'Azerbaïdjan doit être félicité pour ses efforts substantiels afin de fermer les camps de tentes et de reloger les déplacés dans des habitations où leur vie va s'améliorer », a indiqué William Tall, le délégué de l'UNHCR en Azerbaïdjan.
En dépit de l'expansion rapide de l'économie et de la stabilité politique observées ces dernières années, les autorités comptent toujours sur l'aide continue des organisations comme l'UNHCR, pour assister Gulshan Aghayeva et d'autres déplacés vulnérables dans le besoin.
Gulshan Aghayeva et sa famille reçoivent une petite allocation mensuelle en espèces de la part du gouvernement, ainsi que de la nourriture. Les déplacés bénéficient par ailleurs de services subventionnés. Malgré ce soutien, Gulshan Aghayeva et des dizaines de milliers d'autres déplacés peinent à joindre les deux bouts.
« Des défis significatifs restent à relever, en termes de création de communautés et d'emplois dans ces nouveaux lieux d'accueil, ainsi que pour l'amélioration des conditions de vie de milliers de déplacés qui vivent en dessous des standards minimum dans des habitations urbaines collectives », a expliqué William Tall. « Il est également important pour la communauté internationale de ne pas négliger l'étendue de ce problème », a-t-il ajouté.
L'UNHCR, qui a joué un rôle majeur dans l'aide humanitaire en Azerbaïdjan depuis 1993, est activement engagé dans le soutien au gouvernement pour améliorer les conditions de vie et les perspectives économiques pour les déplacés. L'agence pour les réfugiés continue à être le coordonnateur de l'action en faveur des déplacés internes dans le pays.
L'agence gère des programmes complétant le Programme de l'Etat pour l'amélioration des conditions de vie pour les déplacés. Ce programme se concentre sur l'aide et l'assistance juridique ainsi qu'un soutien au gouvernement dans ses ambitions de faire rentrer les déplacés dans le cadre d'un futur règlement pacifique du différend au sujet du Nagorno Karabakh.
Par Nathalie Tagwerker à Bakou, Azerbaïdjan