Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

La rentrée à l'école pour des enfants non accompagnés après un éprouvant voyage vers l'Europe

Articles et reportages

La rentrée à l'école pour des enfants non accompagnés après un éprouvant voyage vers l'Europe

Près de 1500 mineurs sont arrivés seuls en Belgique l'année dernière, un chiffre supérieur à la capacité d'accueil des centres pour demandeurs d'asile.
22 Août 2012
De jeunes demandeurs d'asile non accompagnés font du sport, pour rompre la monotonie de la vie dans une chambre d'hôtel délabrée où ils sont hébergés. En effet, leur nombre excède la capacité d'accueil des centres pour demandeurs d'asile en Belgique.

BRUXELLES, Belgique, 22 août (HCR) - Après avoir voyagé depuis l'Afghanistan à bord d'un conteneur où d'autres enfants sont décédés, après avoir été arrêté par la police à l'arrivée en Belgique et avoir passé un été lent et fastidieux à partager une chambre d'hôtel délabrée avec d'autres jeunes demandeurs d'asile, Faramaz*, âgé de 15 ans, attend avec anxiété le début de l'école.

C'est la première fois de sa vie que Faramaz ira à l'école. Il a honte car il ne sait ni lire ni écrire contrairement aux autres enfants de son âge. Cela lui permettra également de rompre la monotonie de la vie à l'hôtel, où de nombreux mineurs non accompagnés cherchant asile sont désormais hébergés car d'autres centres ont dépassé leur capacité d'accueil.

Le nombre des mineurs non accompagnés ayant déposé une demande d'asile en Belgique s'élève à 1483 pour l'année dernière, soit pratiquement le double du chiffre de 2010. La plupart de ces adolescents sont originaires d'Afghanistan, où des membres de leur famille, craignant pour la sécurité ou le bien-être de leur enfant, contractent souvent de lourdes dettes pour organiser le voyage de leur enfant vers l'Europe avec des passeurs ou des trafiquants d'êtres humains.

« J'avais de la peine à respirer et nous devions nous plier en deux car il n'y avait pas assez d'espace pour se tenir debout », a expliqué Faramaz. « J'ai été victime de la traite d'êtres humains depuis l'Afghanistan vers l'Europe dans un camion avec 17 autres adolescents. C'était horrible. Trois d'entre nous sont morts dans ce conteneur. »

L'histoire de Faramaz n'est pas un cas isolé. Selon le dernier rapport statistique du HCR « Tendances mondiales pour 2011 », 17 700 demandes d'asile ont été déposées l'année dernière par des enfants non accompagnés dans 69 pays à travers le monde. Ces chiffres ne donnent pas une image complète de la situation pour de nombreux enfants non accompagnés vivant en Europe, dont le chiffre serait encore plus élevé dans les faits.

Selon les tout derniers chiffres du HCR en Europe, la Belgique, la Suède, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont reçu le plus grand nombre de demandes d'asile par les enfants non accompagnés. Faramaz fait partie des 100 enfants pour lesquels il n'y a pas assez de places dans les centres d'asile adaptés aux enfants non accompagnés en Belgique. Des efforts sont déployés pour y remédier mais, en attendant, les enfants restent dans les hôtels.

« Nous apprécions les efforts produits par la Belgique pour employer du personnel spécialement formé et prévoir un hébergement pour les enfants demandeurs d'asile. Nous espérons que des solutions seront rapidement trouvées pour éviter de placer des enfants dans des hôtels jusqu'à ce qu'une place ne se libère dans un centre », a déclaré Paolo Artini, le Représentant régional adjoint pour l'Europe occidentale.

Faramaz et son ami Mehran * - un autre adolescent non accompagné originaire d'Afghanistan - sont tous deux arrivés en Belgique par leurs propres moyens. Ils ne savaient rien de la Belgique. Après un long et périlleux voyage, les passeurs les ont déposés là et ils ont été arrêté tous les deux presque immédiatement.

Les adolescents rient timidement quand on leur demande où ils en sont de leur demande d'asile. Ils ne semblent pas avoir compris l'information qu'on leur a donnée ou ce qui se passera pour eux ensuite. « J'ai cru comprendre que nous allons passer un test pour l'âge », a expliqué Faramaz, avec un rire nerveux.

En l'absence de ses parents, les enfants ont besoin de tuteurs légaux. Cependant, en Belgique ici, il y a une pénurie de tuteurs et tout spécialement pour les jeunes dans les hôtels qui semblent avoir des difficultés à en trouver. Vivre dans un hôtel, ce n'est pas des vacances pour un enfant non accompagné. Il y a des hôtels délabrés où les enfants sont plusieurs à partager une chambre.

« Ici il n'y a rien à faire pour un enfant. L'inactivité est un grand problème », a indiqué Klaartje Ory, qui travaille auprès de la Commission de la communauté flamande, en tant que représentant local des autorités flamandes dans la région de Bruxelles-capitale. Klaartje et ses collègues emmènent les enfants depuis des hôtels de Bruxelles environ trois fois par semaine pour faire une activité.

Depuis avril 2012, le centre d'asile d'Overpelt offre des places supplémentaires pour les enfants non accompagnés entre l'âge de 8 ans et de 14 ans. Mirzal, un Afghan âgé de 13 ans, a été transféré depuis un hôtel vers le centre il y a quelques jours. « La vie est meilleure pour moi », a-t-il expliqué d'une voix à peine audible. « A l'hôtel, nous dormions avec quatre autres adolescents par chambre. Nous n'avions pas assez d'argent pour acheter suffisamment de nourriture alors nous mangions des haricots tous les jours. »

Le père de Mirzal a été tué par les talibans et sa mère, ses frères et soeurs plus jeunes vivent toujours en Afghanistan. « Je n'ai pas pu leur parler depuis que j'ai quitté l'Afghanistan - ça fait trois mois maintenant. J'avais un numéro de téléphone pour les joindre mais les passeurs m'ont volé le papier. » La mort de son père a laissé Mirzal, en tant qu'homme le plus âgé de la famille et à l'âge de 13 ans, comme étant chef de famille.

« Quand ils arrivent, les enfants font souvent des cauchemars, ils ont des problèmes de sommeil ou ils veulent porter les vêtements avec lesquels ils sont arrivés pendant des jours et des jours. Pour certains d'entre eux, c'est littéralement la seule chose qui leur reste », explique Arlette Meuwis, responsable du centre d'Overpelt.

* Noms fictifs pour des raisons de protection