La plupart des réfugiés syriens au Liban sont maintenant démunis, selon une étude
Le réfugié syrien Mohammed arpente les rangées de cultures de fraises rouges brillantes sous les serres en plastique, qui lui offrent la promesse d’un travail. Mais bientôt elles seront toutes cueillies.
Depuis qu'il a fui la guerre en Syrie, il y a trois ans, cet homme de 38 ans et sa famille de huit personnes vivent dans la précarité au Liban, en raison de ses revenus irréguliers provenant de son travail agricole saisonnier et de leur endettement croissant pour pouvoir joindre les deux bouts.
« Je travaille ici, dans les champs. Parfois, je travaille une, deux ou trois heures, parfois il n'y a pas de travail du tout », explique Mohammed, qui vit dans un groupe d'abris délabrés avec dix autres familles syriennes réfugiées à Jiyeh, une ville côtière au sud de Beyrouth, la capitale libanaise.
« J'emprunte de l'argent pour acheter des vêtements et d'autres articles pour mes enfants. Nous sommes très endettés. Nous travaillons donc essentiellement pour rembourser nos dettes. »
Près de sept ans après le début du conflit en Syrie, la grande majorité des réfugiés syriens enregistrés au Liban – parmi un million d’entre eux - se retrouvent aujourd'hui démunis et endettés, avec des difficultés croissantes chaque année.
La part des ménages de réfugiés syriens vivant dans l'extrême pauvreté au Liban - c'est-à-dire moins de 2,87 dollars par personne et par jour - est passée de 53 % en 2016 à 58 % cette année, selon une enquête annuelle sur la vulnérabilité menée par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l'UNICEF et le Programme alimentaire mondial.
« Les réfugiés syriens au Liban peinent à joindre les deux bouts. La plupart sont extrêmement vulnérables et dépendants de l'aide. »
La proportion des familles vivant en-dessous du seuil de pauvreté libanais, soit 3,84 dollars par personne et par jour, est passée à 76 % en 2017, tandis que le taux d'endettement demeure très élevé (87 %), selon les résultats de l’étude intitulée « Evaluation de la vulnérabilité des réfugiés syriens au Liban. »
De ce fait, des familles comme celle de Mohammed sont confrontées à des choix difficiles pour tenter de satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. L'insécurité alimentaire touche plus de neuf ménages syriens réfugiés sur dix, et Mohammed explique qu'il a dû réduire la quantité de nourriture pour pouvoir acheter d'autres articles essentiels.
« Nous avons des dépenses de santé, des médicaments. J'ai cinq filles et elles vont toutes à l'école. Nous ne pouvons pas les empêcher d’être scolarisées », explique-t-il. C’est l'un des rares points positifs identifiés dans l'enquête de cette année, selon laquelle la proportion d'enfants âgés de 6 à 14 ans inscrits à l'école est passée de 52 % l'an dernier à 70 %.
- Voir aussi: Dans une installation au Liban, un incendie meurtrier brise la vie d’une famille de réfugiés syriens
La hausse de la vulnérabilité - selon la quasi-totalité des indicateurs de l’étude – est également aggravée par le manque de financement des programmes d'aide humanitaire, y compris ceux du HCR.
La situation de Mohammed a empiré en septembre quand, en raison d'une pénurie de fonds pour l'aide humanitaire du HCR au Liban, il a été informé que sa famille ne serait plus éligible à une aide financière mensuelle du HCR d'un montant de 175 dollars.
« Les réfugiés syriens au Liban peinent à joindre les deux bouts », a déclaré Mireille Girard, Représentante du HCR au Liban. « La plupart des familles sont extrêmement vulnérables et dépendent de l'aide de la communauté internationale. Sans ce soutien en continu, leur situation serait bien pire. »
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Informations complémentaires de Charlie Dunmore à Amman, Jordanie