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La Colombie à l'aide des Vénézuéliens vulnérables

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La Colombie à l'aide des Vénézuéliens vulnérables

Des centaines de milliers d'enfants, de femmes et d'hommes franchissent la frontière en quête de sûreté et de sécurité
5 Octobre 2018
Un groupe de Vénézuéliens marche le long d'une route très fréquentée entre Cúcuta et Pamplona, en Colombie.

Yuliany Ayala s’interroge sur l’avenir de sa famille tandis qu’elle allaite Andry Jesús, son fils de 9 jours, dans le coin d’une pièce équipée de lits superposés, au sein d’un abri pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens les plus vulnérables qui arrivent chaque jour dans la ville.


« Nous n’avons jamais eu l’intention de partir et, pourtant, aujourd’hui nous sommes là », explique cette Vénézuélienne de 22 ans, arrivée il y a un an dans cette ville frontalière située dans la région du désert de La Guajira, au nord-est du pays, avec son mari Adrián Vega et Diose, leur fils de 4 ans.

Après la naissance du deuxième fils d’Ayala, la famille a pu bénéficier d’un hébergement temporaire dans le Centre pour les migrants et les réfugiés, une structure qui était autrefois un centre commercial animé, aujourd’hui dotée d’une soixantaine de lits et gérée par l’Eglise catholique – Pastoral Social - au centre de Maicao.

« Nous n’avons jamais eu l’intention de partir et, pourtant, aujourd’hui nous sommes là. »

Cet abri est devenu une bouée de sauvetage pour beaucoup et un exemple qui illustre la manière dont les gouvernements, les ONG et d’autres acteurs dans la région répondent aux besoins fondamentaux des Vénézuéliens qui ont quitté leur pays.

Comme à Maicao, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, soutient les partenaires et les gouvernements locaux, en Colombie et dans la région, pour répondre aux besoins croissants de la population vénézuélienne en mouvement. Les projets vont de l'équipement des cuisines et des abris temporaires, à l'augmentation des ressources aux hôpitaux en passant par le soutien aux services de garde d'enfants.

Le HCR aide également à l’identification des personnes qui, au sein de cette vaste population de Vénézuéliens déracinés, ont besoin d’une protection internationale, en s’assurant qu’elles comprennent les options dont elles disposent pour obtenir un statut juridique dans les pays d’accueil.

« Même si la plupart des réfugiés et des migrants ont des besoins humanitaires urgents, notamment en matière de protection, de nourriture ou de logement, le fait de pouvoir obtenir un statut régulier en Colombie demeure prioritaire », explique Jozef Merkx, le Représentant du HCR pour la Colombie, un pays de près de 45 millions d’habitants, qui accueille environ un million de Vénézuéliens.

« Ceux qui n’ont pas de statut régulier en Colombie sont les plus vulnérables et risquent d’être victimes d’exploitation par le travail ou d’exploitation sexuelle », souligne-t-il, en précisant que l’obtention d’un statut légal leur garantit de nombreux avantages et les mêmes protections dont bénéficient les citoyens.

Environ 1,9 million de Vénézuéliens ont été contraints de quitter leur pays depuis 2015, dont un grand nombre de personnes ayant besoin d'une protection internationale. Certains, comme Ayala et Vega, disent ne pas vouloir retourner au Venezuela dans l’immédiat, en raison des défis liés à la situation socio-économique, politique ou en matière de droits de l'homme.

Au refuge de Maicao, la capacité initiale d’accueil limitée se conjugue au nombre croissant de Vénézuéliens arrivant en Colombie. Cela signifie qu’Ayala et sa famille devraient bientôt retourner dormir dans une hutte construite avec des feuilles de palmier séchées, sans mur, et sur des coussins de voiture trouvés dans un tas d'ordures quand ils sont arrivés.

La vie d'Ayala, de son mari Vega et de leurs enfants est difficile. Le couple, qui a dû quitter son foyer dans la ville vénézuélienne de Cabimas, vend des fruits et du café dans les rues de cette ville de 270 000 habitants.

« Nous ne gagnons pas beaucoup d’argent, mais c’est suffisant », déclare Ayala.

Le nombre croissant de Vénézuéliens qui quittent leur pays a entraîné une augmentation de la demande d'abris à Maicao, au cours des huit premiers mois de l'année, selon Jheimmy Naizzir, le coordinateur du refuge. De janvier à août, le centre a hébergé 3 008 personnes, contre 1 327 en 2017. Avec l’appui du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le centre augmente sa capacité d’accueil en nombre de lits et ajoute une salle de jeux pour les enfants, tout en améliorant la distribution quotidienne de repas.

Après avoir épuisé les trois nuits maximum qu’ils peuvent passer dans un abri, Liliana Paz, 55 ans, et Gleiber, son petit-fils de 10 ans, dorment depuis trois mois à même le sol sur des boîtes en carton aplaties dans un parking où ils paient l'équivalent de 1 dollar par nuit. Mais ce sont des habitués du centre à l’heure du petit-déjeuner et du déjeuner.

« J'étais tellement maigre quand nous sommes arrivés ici qu'un savon aurait pu entrer ici », dit-elle, en montrant l’os de sa clavicule gauche. Elle est reconnaissante pour les repas et dit qu’elle et son petit-fils, qui souffre d'épilepsie, ont repris du poids. Le garçon a aujourd’hui accès au traitement médical dont il a besoin.

Sarah Ramírez *, une demandeuse d'asile vénézuélienne âgée de onze ans, serre son lapin dans ses bras à Riohacha, en Colombie.

Sarah Ramírez *, 33 ans, avait besoin de trouver un endroit où elle serait à l'abri des menaces et du harcèlement. Ramirez a demandé le statut de réfugiée en Colombie, ce qui l’empêche d’être renvoyée dans son pays.

« Prendre la décision de partir n’était pas facile », explique Sarah Ramírez, en caressant l’animal de la famille, un lapin qui s’appelle Kestrell et qui a franchi la frontière avec eux. « Pour nous, c’est impossible de rentrer », dit-elle.

Ce dimanche, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, entame une visite de huit jours en Colombie, en Argentine, au Pérou et en Équateur, afin de constater de ses yeux les besoins des réfugiés et des migrants vénézuéliens et de leurs hôtes dans la région.

Depuis 2014, plus de 346 000 Vénézuéliens ont demandé le statut de réfugié dans des pays d'Amérique latine, ainsi qu'en Europe et aux États-Unis. Près du double se sont vus accorder d’autres formes de séjour, ce qui permet aux Vénézuéliens de rester dans d'autres pays et d’accéder au marché du travail ou aux services sociaux.

En Colombie, cela s’est fait sous la forme d’un recensement national des Vénézuéliens vivant dans le pays. Plus de 442 000 Vénézuéliens enregistrés dans le cadre de ce processus, appuyé par le HCR et l'OIM, vont recevoir un permis spécial leur permettant de travailler légalement et d'accéder aux services essentiels pendant deux ans.

« Je ressentais que les gens profitaient de mes besoins ».

Pour Vanesa Vargas, cela a changé sa vie. Coiffeuse de métier, elle ne parvenait pas à trouver un travail stable avant d'obtenir son permis spécial. « J’étais exploitée et on me demandait de travailler de longues heures pour une paie inférieure au salaire minimum », explique-t-elle. À présent, elle gagne le double qu’auparavant et elle bénéficie de tous les avantages. Elle complète ce revenu en vendant de l'eau et des bonbons sur la partie colombienne du pont situé à la frontière, entre Ureña (au Venezuela) et Cúcuta (en Colombie).

Mais de nombreux Vénézuéliens arrivant en Colombie choisissent de quitter les villes frontalières à mesure que leurs chances diminuent et que les incidents xénophobes augmentent. Aux frontières, des lignes de bus et des agences de voyage proposent des billets directs pour des villes colombiennes telles que Bogota, Medellin et Cali, ou plus loin, vers l’Équateur, le Pérou et le Chili. Cependant, de nombreux réfugiés et migrants ne peuvent pas payer le prix du billet de bus et choisissent de prendre la route à pied pour un trajet épuisant.

Andreína Escalona, 34 ans, a passé cinq mois dans la ville frontalière de Cúcuta. Elle travaillait de six à neuf heures par jour à faire des petits boulots pour lesquels elle recevait 6 000 pesos colombiens (environ 2 dollars US) par jour. « Je ressentais que les gens profitaient de mes besoins », dit-elle. Le peu d’argent qu'elle a pu économiser, elle l’a envoyé au pays pour aider à subvenir aux besoins de ses six enfants qui vivent à Barlovento, au Venezuela ; le plus jeune n'a même pas un an.

Récemment, par une journée nuageuse, elle et son partenaire, Jeancarlos Cisneros, 40 ans, ont pris la route à pied pour parcourir les 604 kilomètres le long de la route à deux voies qui serpente de Cúcuta jusqu’à Bogotá, en passant par le col des Andes. Chaque jour, plusieurs centaines de Vénézuéliens empruntent cette route dangereuse avec des sacs de nourriture et des trousses de premiers secours fournis par la Croix-Rouge colombienne. Escalona sait que le trajet ne sera pas facile.

« Mais pour mes enfants, je marcherai n'importe où », dit Escalona.

**Le nom a été modifié pour des raisons de protection.

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