HCR : La Grèce a besoin d'un appui accru de l'UE pour gérer la crise des réfugiés
HCR : La Grèce a besoin d'un appui accru de l'UE pour gérer la crise des réfugiés
ATHÈNES, Grèce - La Grèce continue de faire face à d’importants problèmes pour gérer la crise des réfugiés, et notamment si les pays de l'Union européenne n’intensifient pas leurs programmes de réinstallation et de regroupement familial, a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi mercredi lors d'une visite officielle dans le pays.
Les côtes de la Grèce ont été la porte d’entrée dans l'UE pour plus de 856 000 réfugiés et migrants l’année dernière, selon les statistiques de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. L’afflux s’est ralenti de manière significative cette année, mais quelque 50 000 personnes se trouvent toujours dans le pays, avec un petit nombre arrivant encore chaque jour.
Bien que les conditions dans les centres d'accueil s'améliorent lentement, beaucoup d’arrivants vivent encore dans des sites surpeuplés et inadaptés car ils attendent des solutions durables pour leur avenir.
« Les problèmes sont très importants et nous devons continuer à les traiter ensemble », a déclaré Filippo Grandi. « En particulier, les conditions de vie et la sécurité dans les camps de réfugiés ainsi que la surpopulation dans les îles - des problèmes pour lesquels nous continuons d'être à la disposition du Gouvernement grec. »
« Les problèmes sont très importants et nous devons continuer à les traiter ensemble. »
Cette visite de Filippo Grandi en Grèce est la deuxième depuis qu'il est devenu le chef du HCR en début d’année. Il a souligné la nécessité pour les Etats membres de l'UE d’accélérer les alternatives juridiques comme le regroupement familial et la réinstallation dans le cadre du programme officiel de l’UE pour la relocalisation.
Quelque 3054 réfugiés ont déjà été transférés à ce jour depuis la Grèce vers d'autres Etats membres de l'UE, tandis que 3606 autres devraient partir dans les prochains mois. Toutefois, le soutien prend du retard puisque les Etats membres ont promis seulement 8003 places sur un engagement total de 66 400 places.
« Je continuerai à plaider pour que ces programmes soient étendus et accélérés », a déclaré Filippo Grandi. « Ce système peut et doit fonctionner. »
Parallèlement, un logement approprié est difficile à assurer car le séjour des réfugiés en Grèce se prolonge. Le HCR et ses partenaires, qui comprennent six ONG ainsi que les municipalités d'Athènes et de Thessalonique, ont fourni des logements dans des immeubles d'appartements et des hôtels à plus de 10 300 candidats à la réinstallation ainsi que des demandeurs d'asile vulnérables. Ils y reçoivent des vivres et des soins de santé ainsi qu’un soutien psychosocial et une aide juridique leur sont assurés dans le cadre d’un programme financé par la Commission européenne.
Mercredi matin, Filippo Grandi a rencontré le Premier Ministre grec Alexis Tsipras ainsi que le Président Prokopis Pavlopoulos. Filippo Grandi s’est ensuite rendu dans un centre d’hébergement pour enfants non accompagnés qui est géré par Praksis, une ONG grecque soutenue par le HCR. Il a également rencontré une famille syrienne comprenant des membres de trois générations et qui vit dans un appartement dans le cadre du programme de logement géré par le HCR et la municipalité d’Athènes.
Au centre d’hébergement de Praksis, Filippo Grandi a rencontré Waris*, un adolescent de 14 ans originaire de Baghlan en Afghanistan, qui a fui vers l’Europe il y a quatre mois. Bien que le garçon soit parti avec sa famille - son père, sa mère et trois frères plus jeunes, ils ont été séparés à la frontière entre l’Iran et la Turquie lorsque des coups de feu ont été tirés. Waris a continué seul le voyage à travers la Turquie et la Grèce, en ayant eu recours à un passeur.
Depuis son arrivée, Waris n'a pu joindre ni ses parents ni ses frères et sœurs, et il s’inquiète du fait qu’ils ont peut-être trouvé la mort.
« C’était terrible. Il est très difficile de se demander si sa famille est en vie », a déclaré Waris au sujet de son voyage. « Mais, ces derniers jours, mon avocat a retrouvé mon oncle au Royaume-Uni et je vais bénéficier d’un regroupement familial. Alors, maintenant, je peux penser à l’avenir. »
Les enfants non accompagnés en Grèce sont une préoccupation prioritaire pour le HCR. Quelque 1472 d’entre eux sont sur une liste d'attente pour un centre d’hébergement sûr. Le HCR a fourni à ce jour 345 places d'hébergement temporaire pour les enfants seuls. Un autre contingent de 245 places est prévu.
« Nous avons tout perdu dans notre pays d'origine, alors nous sommes impatients d'être dans un endroit en sécurité. »
Filippo Grandi a qualifié le centre Praksis de modèle pour la prise en charge des enfants non accompagnés. Il abrite 21 garçons âgés de sept à 17 ans qui sont originaires de Syrie, d'Afghanistan, du Pakistan et ailleurs. Ils sont pris en charge 24h sur 24, et certains fréquentent une école du quartier.
Tous sont arrivés en Europe sans leurs parents ni leurs proches. Avant d’arriver dans ce centre d’hébergement, plusieurs avaient été écroués dans des centres de détention en Grèce ou d’autres vivaient dans la rue.
Par la suite, Filippo Grandi a rendu visite à une famille syrienne de trois générations qui avait fui Alep en février, après que leur maison et leur boulangerie aient été bombardées. Un membre de la famille a été tué et un autre enlevé.
La moitié de la famille sera réinstallée en France, tandis que les autres attendent le regroupement familial avec leur père en Allemagne. « Nous avons tout perdu dans notre pays d'origine, alors nous sommes impatients d'être dans un endroit en sécurité », a déclaré Mohamed Wafa Barri, âgé de 58 ans et patriarche de la famille.
Avant sa rencontre avec le Président Pavlopoulos, Filippo Grandi s’est adressé aux médias et il a félicité la Grèce pour l’exemple donné au reste du monde.
« Je tiens à remercier le peuple de Grèce mais aussi les institutions grecques : le Gouvernement grec, les garde-côtes grecs, la police, les municipalités ainsi que les organisations bénévoles qui continuent d'aider, sur les côtes de la Grèce, les arrivants qui sont des réfugiés ou parfois des migrants très vulnérables. Dans un monde et dans un contexte qui est devenu très fermé et hostile aux réfugiés, la Grèce est exemplaire. »
* Nom fictif pour des raisons de protection