Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Fort de son courage et équipé d'un téléphone portable, un réfugié aveugle reprend l'école

Articles et reportages

Fort de son courage et équipé d'un téléphone portable, un réfugié aveugle reprend l'école

Résolument décidé à s'instruire, Alaa, un adolescent syrien, met à profit le cadeau d'un proche pour surmonter les difficultés de communication et réussir sa scolarité au Liban.
2 Décembre 2018
Au Liban, deux frères réfugiés syriens surmontent leur handicap visuel et ont de brillants résultats à l'école. Voir aussi : Fort de son courage et équipé d'un téléphone portable, un réfugié aveugle reprend l'école

Comme tous les adolescents du monde, Alaa, un jeune réfugié syrien passe son temps à tapoter sur son téléphone portable. Mais au lieu de s’en servir pour discuter avec ses amis ou sur les réseaux sociaux, le vieil appareil est pour Alaa, qui est né aveugle, le seul moyen d'écrire et l'accessoire irremplaçable pour réaliser son rêve de réussir sa scolarité.


« Ce portable est un cadeau de mon oncle », explique Alaa, qui a fui la Syrie avec sa famille en 2014, alors qu'il avait 13 ans, pour venir s'installer à Akkar dans le nord du Liban. « En appuyant sur une touche, j'ai appris à quelle lettre elle correspondait, puis sur deux, puis trois, et j'ai rapidement su écrire, un mot, une phrase et tout un texte. »

Comme son frère Ahmad, qui est également aveugle, Alaa était décidé à reprendre l'école au Liban, après avoir raté plusieurs années de scolarité à cause du conflit et des difficultés d'accès aux écoles.

L'enseignement du braille n'étant pas offert dans la zone rurale où se trouve leur campement informel et sans les moyens nécessaires pour pouvoir aller dans une école privée spécialisée, les deux frères ont finalement été admis dans une école publique proche de chez eux, qui offre des cours l'après-midi pour les réfugiés syriens.

« Leur aptitude à apprendre par cœur est incroyable », explique Mahmoud, leur père. « Je voyais bien leur potentiel et je ne voulais pas qu'ils gâchent leur avenir. »

Même s'il doit rattraper plusieurs années de scolarité et bien qu'ayant deux ans de plus que ses camarades de classe, Alaa impressionne ses professeurs avec sa capacité de surmonter tous les obstacles. L'école ne dispose pas des ressources nécessaires pour offrir un enseignement adapté, mais Alaa a lui-même trouvé des moyens d'adaptation, en utilisant son téléphone pour écrire les réponses aux examens et pour enregistrer les cours afin de pouvoir les réviser à la maison.

« L'éducation, c'est primordial. »

« Nous essayons de les intégrer autant que possible », explique Doha Hajar, une enseignante libanaise de l'école. « Alaa est progressivement parvenu à surmonter les difficultés. Son handicap ne l'a pas empêché de persévérer, d'apprendre et de réussir et il est en concurrence avec les plus brillants de la classe. »

Alaa a pour sa part, un avis bien tranché, quant à l'importance de l'éducation. « L'éducation, c'est primordial », dit-il.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 15 pour cent de la population mondiale est atteinte d'une certaine forme de handicap. Chaque année, le 3 décembre marque la Journée internationale des personnes handicapées. Cette année, son thème porte sur l'autonomisation de ceux qui vivent avec un handicap et sur l'importance de veiller à l'inclusion et l'égalité.

Dans les situations de déplacement forcé, les personnes qui vivent avec un handicap sont souvent confrontées à des barrières supplémentaires en matière d'accès aux services tels que l'éducation, et elles ont moins d'occasions de jouer un rôle actif dans leurs communautés.

Le Liban accueille actuellement plus de 950 000 réfugiés inscrits qui ont fui le conflit en Syrie et la moitié d'entre eux sont des enfants d'âge scolaire (de trois à 18 ans). Quelque 220 000 enfants syriens assistent à des cours, soit dans le cadre de cours spécialement mis en place pour eux, soit le matin aux côtés d'élèves libanais, mais plus de la moitié des jeunes réfugiés ne sont pas scolarisés.

« J'ai l'espoir d'un bel avenir. »

Maintenant qu'il a créé sa propre technique d'apprentissage, Alaa explique que ce sont les aspects plus routiniers de la scolarité qui peuvent quelquefois s'avérer difficiles. « C'est me déplacer qui est le plus difficile. Mais si j'ai de l'aide, c’est une difficulté que je parviens à surmonter », explique-t-il. « Je n'ai pas vraiment l'impression d'être différent des autres. Je sais faire des choses que les autres ne savent pas faire. »

Tous les jours, son frère et lui vont à l'école à pied avec leurs frères et sœurs, et une fois sur place, leurs camarades de classe les aident pour aller d'une salle de classe à l'autre. En classe, Ahmad est assis à côté de sa sœur qui l'aide à suivre les cours.

Ayant décidé de se lancer un défi, les deux frères ont récemment commencé à apprendre le français et ils répètent le vocabulaire ensemble. « Souvent, quand nous sommes ensemble, je lui demande des mots de français. Il a une excellente mémoire et il connaît beaucoup de vocabulaire », explique Alaa. « Nous travaillons ensemble pour devenir plus forts et nous aider l'un l'autre. »

Les deux frères ont tous deux l'ambition de devenir un jour professeurs d'arabe, mais leur premier objectif est de terminer leur scolarité. En voyant la joie et la détermination avec lesquelles Alaa surmonte tous les obstacles, on imagine facilement qu'il atteindra ses objectifs, pour peu qu'il ait les mêmes opportunités que les autres jeunes de son âge.

« J'ai de l'espoir », dit-il. « Il n'y a pas de vie sans espoir, et on ne réussit pas sans travailler. J'ai l'espoir d'un bel avenir et, même si je sais qu’on meurt tous un jour, j'ai envie de transmettre un héritage aux générations futures. »