ExCom : Il faut améliorer la protection des personnes déracinées
ExCom : Il faut améliorer la protection des personnes déracinées
GENÈVE, 5 octobre (HCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés, confrontée à une série de crises de déplacement massif dans l'ouest, le nord et l'est de l'Afrique, a exhorté mercredi la communauté internationale à rechercher d'autres moyens pour assurer la protection des réfugiés, des déplacés et des apatrides à travers le monde.
Dans un discours prononcé lors de la session annuelle du Comité exécutif, l'organe directeur du HCR, la Haut Commissaire assistante du HCR en charge de la protection Erika Feller a indiqué que parallèlement aux efforts mis en oeuvre pour répondre aux situations d'urgence ayant généré des déplacements de population en 2011 avec d'extraordinaires actes de générosité, une amélioration était nécessaire d'urgence dans trois domaines : la protection des réfugiés dans les situations d'urgence ; le partage de la charge parmi les Etats et les contradictions entre les intérêts à l'échelle nationale et les responsabilités d'ordre international.
Erika Feller a évoqué les situations de cette année en Libye, en Côte d'Ivoire et en Somalie avec, pour chacune d'entre elles, des centaines de milliers de personnes déracinées ayant rejoint souvent des zones elles-mêmes peu sûres où les efforts d'aide humanitaire sont difficiles ou dangereux et peuvent devenir rapidement sollicités à l'excès.
« Il n'est pas surprenant que, dans de telles circonstances, ce sont les impératifs pour sauver des vies humaines qui comptent avant tout », a-t-elle indiqué. « Le résultat, c'est que les préoccupations sur les normes fondamentales de protection, comme la violence sexuelle ou à l'encontre des femmes, la traite et le recrutement d'enfants, la séparation des familles ou les besoins des personnes handicapées, puissent ne pas être identifiées suffisamment tôt pour éviter qu'elles ne deviennent endémiques au cours d'une opération après la phase d'urgence. »
Erika Feller a indiqué que le HCR rechercherait des moyens pour que l'agence pour les réfugiés et ses partenaires puissent mieux identifier ces risques et y répondre plus rapidement. Elle a indiqué que le HCR se concentrerait sur l'amélioration de l'assistance fournie aux handicapés et lancerait en 2012 une nouvelle initiative pour mieux aider les enfants réfugiés. Cependant, elle a également exhorté les Etats à reconnaître le besoin de les financer ainsi que d'autres aspects de la protection moins reconnus, ainsi que d'envisager des mécanismes plus rapides pour la réinstallation des réfugiés durant les crises.
Le besoin de mieux partager la charge et la responsabilité parmi la communauté internationale est devenu criant ces dernières années avec 80% des réfugiés dans le monde vivant dans des pays en développement. Confronté à des difficultés pour recueillir un large consensus international afin de répondre à ce déséquilibre, le HCR a oeuvré à la promotion d'une amélioration du partage de la responsabilité au niveau régional, y compris en Asie centrale et du Sud-Est.
Erika Feller a exhorté les nations à augmenter les possibilités de réinstallation. A travers le monde, on compte plus de 10,5 millions de réfugiés relevant de la compétence du HCR - mais tout juste 80 000 places de réinstallation disponibles chaque année. Quand l'intégration locale ou le retour dans le pays d'origine s'avèrent impossibles pour les personnes déracinées, des millions d'entre elles risquent alors de rester bloquées dans une situation de déplacement prolongée, souvent dans des camps avec un accès limité aux services et à d'autres formes d'assistance.
La Haut Commissaire assistante a évoqué le besoin d'améliorer la vie des personnes qui sont dans cette situation, les enfants en particulier, et a annoncé que le HCR mettrait au point une stratégie de cinq ans dans le domaine de l'éducation.
Erika Feller a réservé ses commentaire les plus critiques sur une tendance erronée consistant à amalgamer les problèmes d'asile et de migration qui, selon elle, amène la mise en détention de davantage de demandeurs d'asile ou des mesures dissuasives accrues rendant la quête d'un pays d'asile encore plus risquée. En 2011, plusieurs centaines de milliers de personnes sont montées à bord de bateaux pour fuir désespérément le conflit ou la persécution, y compris dans le golfe d'Aden, entre l'Asie et l'Australie, ou depuis l'Afrique à travers la Méditerranée. Des centaines de personnes ont payé de leur vie.
« Les mesures dissuasives n'ont pas fait cesser les arrivées par bateau, elles les ont seulement rendues plus meurtrières en cas de problème », a-t-elle expliqué. « Et la tradition séculaire du sauvetage en mer pour les personnes en détresse est désormais elle-même en détresse. »
La Haut Commissaire assistante a également recommandé de ne pas confondre les responsabilités du HCR avec celles des Etats eux-mêmes ainsi que ce qu'elle décrit comme l'approche minimaliste de certains pays concernant la protection des réfugiés.
« Cette confusion a par exemple amené le HCR à devoir mettre en oeuvre un programme de détermination du statut de réfugié dans le cadre de son mandat dans 57 pays. Dans certaines circonstances, cette approche « non interventionniste » sur les responsabilités à remplir en terme de protection exige notamment que le HCR procède à la réinstallation de tous les réfugiés, souvent dans des délais courts et au mépris du fait que la réinstallation est une solution disponible pour un très petit nombre de personnes », a-t-elle affirmé. « C'est tout simplement inenvisageable. »
La détermination du statut de réfugié est la procédure par laquelle une demande pour obtenir une protection internationale est examinée de façon appropriée.
Le HCR a lancé une campagne en début d'année pour éliminer les cas d'apatridie et encourager davantage d'Etats à adhérer aux conventions relatives à l'apatridie. Selon certaines estimations, quelque 12 millions de personnes sont apatrides à travers le monde. Les apatrides sont privés de l'ensemble des droits liés à la citoyenneté et leur accès aux droits associés comme l'éducation, les soins de santé et d'autres services publics est limité.
Erika Feller a décrit cette situation comme étant « l'un des déficits les plus frappants sur l'acceptation d'un Etat pour assumer sa responsabilité ». Elle a dit espérer un progrès sur ce problème ainsi que d'autres, lors de la conférence ministérielle que le HCR organise en décembre.