ExCom : Certains systèmes d'asile sont inefficaces et peu réactifs
ExCom : Certains systèmes d'asile sont inefficaces et peu réactifs
GENÈVE, 30 septembre (HCR) - La haute responsable du HCR chargée de la protection a déploré mercredi le système d'asile inefficace et peu réactif de certains pays. Erika Feller, Haut Commissaire assistante pour la protection, a déclaré que « malgré les investissements importants dans le renforcement des capacités, de nombreux systèmes présentaient des garanties procédurales et de protection insuffisantes, peut-être dans un objectif de dissuasion ».
Erika Feller faisait référence à un rapport reçu la semaine dernière de la part de l'un des bureaux du HCR en Europe qui soulignait « la localisation éloignée et isolée des centres d'accueil pour les demandeurs d'asile, l'accès limité à l'aide juridictionnelle ainsi qu'à l'interprétariat et leur mauvaise qualité, l'absence de limitation dans le temps pour la détention et le nombre insuffisant de garanties procédurales pour les groupes vulnérables ».
Intervenant lors de la 60ème session du Comité exécutif du HCR (ExCom), Erika Feller a affirmé que, si des améliorations avaient eu lieu au cours de l'année dernière, l'insécurité et la restriction de la sphère de protection prévalaient dans de trop nombreux pays.
Au cours de son discours annuel devant les 78 Etats membres de l'ExCom, Erika Feller a fait remarquer au chapitre des évolutions positives que 600 000 réfugiés étaient rentrés chez eux dans le monde entier l'année dernière et que plus de 12 000 réfugiés de long terme avaient été naturalisés en Tanzanie, ce qu'elle a décrit comme le « développement méritant le plus de louanges ».
Erika Feller a affirmé que la sensibilité accrue envers les populations en danger avait conduit à « une réponse mieux calibrée face au défi de la prévention et de l'intervention en cas de violence sexuelle et sexiste ».
Au cours de son quatrième discours annuel devant l'ExCom depuis sa nomination en tant que Haut Commissaire assistante pour la protection en 2006, Erika Feller a fait remarquer qu'elle constatait une « continuité inquiétante » quant aux problèmes identifiés chaque année. Elle a exprimé des préoccupations en matière de détention des demandeurs d'asile, en citant l'exemple d'un centre de détention hébergeant 150 femmes et 50 bébés dans une seule pièce.
Durant cette semaine de réunion du Comité exécutif, un certain nombre d'événements parallèles se déroulent, en particulier des discussions sur la question de la restriction de l'espace humanitaire. Erika Feller a déclaré que « la question de savoir si la mer était toujours une zone de protection restait posée aujourd'hui », en insistant sur le fait que « le sauvetage en mer était une tradition consacrée, une question de conscience et une responsabilité juridique internationale ».
Reconnaissant que de nombreux demandeurs d'asile avaient recours aux services de passeurs et voyageaient souvent avec des migrants à bord de bateaux impropres à la navigation, elle a souligné que cela ne leur retirait pas leur propre qualité de réfugié.
« Les distinctions entre réfugié ou migrant n'ont pas d'importance au moment du sauvetage. L'important est de sauver des vies. Tous ces facteurs doivent être considérés avec attention si d'aucuns devaient envisager de repousser des bateaux vers le large ou de les renvoyer ailleurs », a-t-elle déclaré aux délégués.
Le nombre croissant de mineurs demandeurs d'asile non accompagnés et séparés constitue l'une des tendances les plus inquiétantes, a affirmé Erika Feller. « Les systèmes sont souvent conçus pour des bénéficiaires adultes, ce qui expose les enfants à des situations totalement inadaptées ou préjudiciables », a-t-elle ajouté. « Quel que soit leur statut, les enfants doivent être traités avant tout comme des enfants et leur intérêt supérieur doit être identifié et respecté de manière professionnelle ».
Soulignant la nouvelle politique du HCR en matière de réfugiés vivant en milieu urbain, Erika Feller a exprimé le souhait que le Dialogue du Haut Commissaire sur la Protection qui se déroulera en décembre renforce la sensibilisation au fait que « les zones urbaines constituent effectivement un endroit légitime pour que les réfugiés bénéficient de droits et d'une protection ».
Reconnaissant que la mise en oeuvre de cette politique constituera une tâche délicate, elle a fait remarquer que le « rôle principal incombait aux autorités de l'Etat », tandis que le rôle du HCR sera d'être un « soutien et un partenaire ».
En conclusion, la Haut Commissaire assistante pour la protection a affirmé que pour de nombreux réfugiés « les conditions d'asile pouvaient se révéler être dans certaines situations une expérience aussi désastreuse que les circonstances les ayant contraints à s'exiler ».
Elle a souligné les conditions régnant à Dadaab au nord-est du Kenya, le site sur lequel est établi le plus grand camp de réfugiés au monde. Ces mauvaises conditions sont notamment liées à la surpopulation massive, aux systèmes inadaptés d'accueil ou d'enregistrement, aux conditions de santé et d'hygiène déplorables et au niveau inquiétant de la malnutrition.
« On ne peut que se demander comment, dans ces conditions, on peut dire que l'asile apporte une sécurité humaine réelle ou significative », a-t-elle dit, en ajoutant : « L'asile dans le contexte d'arrivées à grande échelle, répondant à des déplacements générés ou exacerbés par de nouveaux facteurs comme le changement climatique et le partage des responsabilités dans les deux contextes doivent faire l'objet d'une nouvelle réflexion ».
Par Sybella Wilkes à Genève