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En tant que déplacée interne à Cabo Delgado, aider les autres lui procure du réconfort

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En tant que déplacée interne à Cabo Delgado, aider les autres lui procure du réconfort

Alors que les déplacements dus à la violence montent en flèche dans le nord du Mozambique, les civils pris au piège dans la crise font preuve de résilience et de solidarité face à l'adversité.
20 Avril 2021
  Les récentes attaques de groupes armés dans le nord du Mozambique ont fait de nombreux morts et déplacé plus de 19 000 personnes en quelques jours. Maria est arrivée il y a deux semaines. Elle s'est retrouvée séparée de son mari alors qu'ils fuyaient les attaques à Palma. Pour l'instant, Maria consacre son temps à aider les autres dans un centre de transit. Elle y partage d'importantes informations avec les nouveaux arrivants. Voir aussi: En tant que déplacée interne à Cabo Delgado, aider les autres lui procure du réconfort

Maria a déjà été obligée de fuir son foyer à deux reprises. En mars 2020, elle avait fui vers la ville côtière de Palma, après une attaque menée par des groupes armés non étatiques contre son village de Mocimboa da Praia, dans le nord du Mozambique. Aujourd'hui, un an après, elle a dû fuir à nouveau, abandonnant tout derrière elle après l'attaque de Palma le 24 mars dernier.


Cette mère de trois enfants, âgée de 31 ans, travaillait dans les champs, s'occupant de l'exploitation familiale de manioc et de riz, lorsque son mari lui a téléphoné pour lui dire que la ville était attaquée et qu'il fallait prendre leurs trois filles et s'enfuir. Elles sont parties en direction de la plage.

« J'ai marché et nagé dans l'eau. Je devais mettre mes enfants en sécurité », se souvient Maria. « Je voyais d'autres personnes se débattre dans l'eau ; certaines n'ont pas survécu. C'était terrible. »

Après environ 15 minutes, elles ont atteint la rive et voyagé pendant les deux jours suivants pour atteindre la ville suivante de Quitunga, à environ 15 kilomètres au sud de Palma, où elles ont été hébergées par des proches.

« Nous avons eu la chance d'avoir un toit sur la tête et de la nourriture pour les enfants, car de nombreuses familles dormaient dans la rue sans rien », dit-elle. Elle n'avait aucune nouvelle de son mari, de son état, ni de l'endroit où il se trouvait, toutes les communications depuis Palma étant coupées.

« Je devais mettre mes enfants en sécurité. »

Après trois jours à Quitunga, le bruit des tirs s’est également fait entendre, et elles ont dû fuir à nouveau. La famille est partie en bateau, et elle est arrivée début avril à Pemba, la capitale de la province de Cabo Delgado.

La majorité des nouveaux arrivants sont hébergés dans leur famille ou chez des amis mais Maria, qui n'a pas de famille à Pemba, est hébergée avec quelque 250 autres personnes déplacées dans une installation sportive transformée par le gouvernement en centre de transit.

Depuis le 24 mars, plus de 19 000 personnes ont fui Palma vers les villes de Nangade, Mueda, Montepuez et Pemba. Des milliers d'autres seraient déplacées à l'intérieur du district de Palma. Près de 700 000 personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, sont déplacées internes dans les provinces de Cabo Delgado, Niassa, Nampula, Sofala et Zambésie, en raison d'attaques et de violences récurrentes de la part de groupes armés non étatiques depuis octobre 2017.

Maria (à gauche) dans un centre de transit à Pemba pour les Mozambicains déplacés par les attaques de Palma, dans la province de Cabo Delgado.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, assure des services de protection et fournit des articles de secours, notamment des matelas et des couvertures aux résidents du centre de transit. L’organisation a également contrôlé et vérifié le profil des arrivants et identifié les personnes les plus vulnérables ayant besoin d'une assistance urgente.

Depuis deux semaines qu'elle est ici, Maria s'est portée volontaire auprès du HCR pour aider à organiser des discussions avec les nouveaux arrivants et expliquer à d'autres femmes l'importance des mesures de prévention contre le Covid-19 et le choléra. Elle aide également à identifier les victimes de violence sexiste et les oriente vers le HCR pour qu'il les aide.

« Je me sens récompensée en faisant ce travail. J'ai beaucoup appris sur l'autonomisation des femmes et la manière de mieux prendre soin de nous-mêmes. Maintenant, je veux partager ces connaissances avec d'autres personnes pour qu'elles puissent améliorer leur vie », explique-t-elle.

Chaque matin, elle prépare des seaux d'eau pour que les gens se lavent les mains dans le cadre des mesures de prévention contre le Covid-19. Elle dit avoir remarqué des améliorations dans les pratiques d'hygiène parmi la population déplacée, suite aux discussions de groupe et aux sessions de formation.

« Ce n'est pas facile de changer le comportement des gens mais peu à peu, davantage de femmes et d'hommes respectent les mesures d'hygiène. C'est vraiment important, surtout dans les lieux bondés, pour éviter la propagation des maladies », ajoute-t-elle.

Maria a participé à une formation sur la prévention de l'exploitation et des abus sexuels, et aide à traduire le matériel de sensibilisation de l'anglais au kimwani, le dialecte parlé à Palma.

« Je me sens récompensée en faisant ce travail. »

Margarida Loureiro, cheffe du bureau du HCR à Pemba, souligne le rôle essentiel que jouent les volontaires comme Maria.

« Nous travaillons à la fois pour et avec la communauté. C’est essentiel pour nous d'impliquer les personnes déplacées et les communautés d'accueil, afin de comprendre pleinement leurs besoins », explique-t-elle.

Bien que Maria soit constamment préoccupée par la sécurité de son mari, elle essaie de rester forte pour ses filles, âgées de 5, 13 et 15 ans - à qui leur père manque terriblement. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle fera ensuite, mais sa priorité est de retrouver son mari.

« Chaque matin, quand je me réveille, j'espère vraiment le trouver à la porte du centre de transit, en bonne santé », dit-elle.

Pour l'instant, elle est heureuse d'être en sécurité avec ses filles qui, espère-t-elle, « reprendront un jour le chemin de l'école et auront la chance de pouvoir choisir leur avenir.