Des scouts en immersion dans la vie des réfugiés
Des scouts en immersion dans la vie des réfugiés
Au bout de la route de terre sinueuse qui mène à la réserve scoute de Summit Bechtel se trouve un fond de vallée recouvert de rangées de tentes colorées, de lacs parsemés de pagaies et de kayakistes, de cieux remplis d'enfants sur des tyroliennes et de milliers de jeunes scouts dans un kaléidoscope d'uniformes.
Mais le Jamboree Scout Mondial de cette année ne se limite pas à l'action, à l'aventure et aux badges. Grâce à une expérience vidéo immersive à 360 degrés organisée par le HCR - l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés - chaque jour, des centaines de scouts ont virtuellement quitté cette contrée reculée de la Virginie de l’Ouest pour une immersion dans la vie de réfugiés à travers le monde.
Dans le cadre de cette expérience, ils ont entendu le récit d’un jeune réfugié nommé Omar sur son parcours. Agé de cinq ans seulement, il a fui la guerre en Syrie après avoir été témoin de la mort de son oncle et a tiré son frère blessé des décombres d'une maison détruite dans une explosion de roquette. Après s'être enfui, lui et sa famille se sont installés au Liban voisin en tant que réfugiés.
« Cela m'a ému au plus profond de mon cœur... et j'ai ressenti un lien. »
Omar y a vécu pendant des années sans avoir accès à l’hormonothérapie dont il avait besoin pour grandir, ce qui lui donnait l'air plus jeune qu'il ne l'était en réalité. Finalement, la famille a été réinstallée en Finlande, où Omar a pu obtenir le traitement nécessaire, mais il s'est senti seul lors de l’adaptation à sa nouvelle maison.
Jour après jour, des scouts venus de 153 pays se sont assis sur le sol d'un cinéma en dôme entouré d’effets personnels d'une simple famille de réfugiés, alors qu'ils étaient transportés depuis la Virginie de l’Ouest vers le Liban et la Finlande.
Ils ont été fascinés par son histoire, apprenant non seulement sur le sort de plus de 70 millions de personnes déracinées à travers le monde, mais aussi ce qu'ils peuvent faire dans leur propre communauté pour être plus accueillants envers les réfugiés lorsqu'ils rentrent chez eux.
Après avoir écouté Omar sur son parcours, deux scouts de Croatie ont réagi à son histoire.
« Cela m'a émue dans mon cœur et c'était vraiment intéressant. La Croatie était également en guerre et j'ai ressenti un lien », a déclaré la scoute Ada Grubisic. « On devrait être heureux avec tout ce qu'on a en ce moment. »
Son ami Vito Aschero ajoute : « Nous n'avons pas tous les mêmes chances dans la vie. Nous ne choisissons pas où nous naissons, d'où nous venons, et nous ne choisissons pas d'être en guerre et dans des conditions difficiles comme Omar. Tout le monde devrait vivre dans les mêmes conditions. »
« Un scout est un ami pour tous, y compris pour les réfugiés. »
Pendant les 10 jours du Jamboree - qui a lieu tous les quatre ans et se termine le 2 août - des groupes de scouts ont également parlé à Omar depuis sa nouvelle maison en Finlande par liaison vidéo, ainsi qu'à d'autres enfants réfugiés vivant au Kenya, au Liban et en Irak.
La distance de près de 10 000 kilomètres entre la Virginie de l’Ouest et le Liban, et de plus de 12 000 kilomètres jusqu'au Kenya, a fondu lorsque les enfants des deux côtés se sont posé des questions pour mieux comprendre leur situation, leurs histoires et leurs intérêts. Ils se chantaient des chansons, riaient de bon cœur et se taisaient alors que les réalités de la guerre et de la persécution étaient partagées.
« C'était impressionnant d'être en contact avec des gens qui vivent une réalité étrangère à la nôtre », a déclaré Adriana D'Amico, d'Italie, après avoir vu l'histoire d'Omar et parlé avec des réfugiés par vidéoconférence. « Pour nous, en Europe, nous voyons la guerre comme une chose lointaine et du passé, et je ne peux même pas imaginer que les gens vivent la guerre. Et être en contact étroit avec des personnes comme Omar, c'est vraiment touchant. »
« Les réfugiés ont de vrais problèmes... et nous devons faire davantage pour les accepter. »
Selon le Secrétaire général de l'Organisation mondiale du mouvement scout, Ahmad Alhendawi, l'opportunité pour les jeunes d'entrer en contact avec des réfugiés est la première étape d'un voyage visant à transformer leurs écoles, les groupes scouts, les équipes sportives et les communautés pour devenir des lieux plus accueillants pour tous.
« L’avantage du Jamboree, c'est qu'il permet de connecter les gens et d'encourager à l'action », a-t-il dit. « Ils apprennent à se faire des amis avec des personnes d'une autre culture, et l'histoire d'Omar les encourage à passer à l'action. Nous sommes vraiment heureux de notre partenariat avec le HCR - un scout est un ami pour tous, et cela inclut les réfugiés. »
Toon Janssens de Belgique est prêt à mettre en pratique ce qu'il a appris. « Je serai plus tolérant. Si je rencontrais quelqu'un, je serais plus ouvert à lui parce que je l'ai vu et que j'ai pris le temps d'écouter son histoire. Quand je suis à la maison, je suis occupé, je n'ai pas le temps, mais nous devons écouter les histoires des gens. Les réfugiés ont de vrais problèmes dans leur propre pays, et nous devons faire davantage pour les accepter. »