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Des réfugiés afghans aident les survivants du séisme à se protéger du froid au Pakistan

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Des réfugiés afghans aident les survivants du séisme à se protéger du froid au Pakistan

L'hiver s'installe dans les zones affectées par le séisme au Pakistan, les survivants se réchauffent, au péril de leur vie, avec des feux de bois à l'intérieur des tentes. Plusieurs types de poêles sont étudiés, notamment le modèle afghan, tandis les consignes de sécurité incendie et de prévention sont enseignées dans les camps.
22 Décembre 2005
Au camp de Hassa, au Pakistan, Abdoul Munaf, un réfugié afghan, montre aux survivants du séisme, comment finaliser la construction d'une cheminée en terre pour l'extraction de la fumée d'un « poêle afghan ».

BALAKOT/MUZAFFARABAD, Pakistan, 22 décembre (UNHCR) - Pour des Afghans, Abdoul Munaf et Dilawar Khan ont un intérêt particulier dans les réchauds. Partout où ils vont, ils en ont un sous le bras et le font évoluer pour son utilisation en tant que chauffage.

Mais Abdoul et Dilawar ne sont pas des gastronomes ambulants. Ce sont des réfugiés de la province afghane de Laghman qui souhaitent faire partager leurs compétences dans le chauffage des tentes avec les Pakistanais qui en ont besoin.

« Lorsque nous sommes arrivés au Pakistan en 1979, nous vivions dans des tentes comme celle-ci », indique Abdoul, en montrant une tente de l'UNHCR dans le camp de secours de Hassa près de Balakot, situé dans la Province frontière du Nord-Ouest au Pakistan. « Nous devions trouver un moyen pour rester au chaud l'hiver, mais les réchauds n'étaient pas sûrs car la tente pouvait prendre feu. »

Pour minimiser les risques, il avait construit une cheminée pour y allumer le feu (un dôme en boue et brique) à l'intérieur de la tente. Il y avait placé ensuite un réchaud en dessous pour protéger des flammes les parois de la tente. Il avait également construit un conduit d'évacuation pour la fumée. « Le réchaud peut être utilisé en sécurité de cette façon. »

Les deux réfugiés vivent à présent dans des maisons de terre dans le camp de Barary à Mansehra et ont moins besoin de pare-feu. Mais ils construisent toujours des poêles, se déplaçant de camp à camp pour montrer aux survivants du séisme au Pakistan comment ils peuvent, eux aussi, rester au chaud dans des tentes, tout en minimisant le risque d'incendie.

Tandis qu'Abdoul modèle la terre pour la cheminée, les résidents du camp de Hassa l'entourent assis en cercle pour regarder son travail. Les femmes sont aussi spectatrices, muettes, alors que les hommes étudient minutieusement le projet et posent des questions sur son fonctionnement. Tous ces spectateurs ont été invités par l'équipe appartenant à Best, une ONG partenaire de l'UNHCR, qui gère le camp, pour sensibiliser ses habitants aux questions d'hygiène, de sécurité incendie et d'autres questions relatives à la vie quotidienne dans le camp.

Abdoul a jusqu'à présent réalisé ces démonstrations dans six camps près de Mansehra et Balakot. Son compatriote afghan, Dilawar, est maintenant à Muzaffarabad, la capitale du Cachemire pakistanais, pour en construire d'autres. Ayant reçu une formation de tailleur dans le camp de Barary, le jeune homme âgé de 27 ans s'offre une pause loin de sa boutique, à Mansehra, pour former les survivants du séisme sur le chauffage des tentes.

« Je mets deux heures à en fabriquer un », raconte Dilawar, dont la maison a été légèrement endommagée lors du séisme du 8 octobre et qui prévoit de rentrer en Afghanistan avec quelque 60 familles depuis le camp de Barary l'année prochaine.

Shaista, chargé de gestion du camp avec l'équipe de Best, note : « Les femmes semblent vraiment intéressées par le dôme en terre, elles disent qu'elles l'utiliseront si les hommes le construisent. »

La « cheminée afghane » fait partie de quelques idées étudiées pour aider les survivants du séisme à mieux se protéger contre l'hiver. Conscientes du danger des feux de tente, les autorités pakistanaises ont proposé d'autres techniques, comme un poêle avec un revêtement de protection en métal, utilisant des bouteilles d'eau chaude.

« Aucune méthode n'est infaillible », dit Indrika Ratwatte, coordinateur d'urgence de l'UNHCR par intérim. « C'est une question de priorité selon le risque le plus important - l'hypothermie ou le feu. En définitive, c'est au gouvernement de prendre une décision et nous essaierons de le soutenir autant que nous le pouvons. »

Sans attendre cette décision, les familles continueront probablement à allumer des bougies ou des réchauds dans les tentes alors que la température baisse.

Pour minimiser les risques de feu de tente, chaque camp géré par les militaires dispose maintenant de plusieurs « dispositifs de lutte contre l'incendie » dans des endroits bien en vue, avec une information sur la prévention du feu, ainsi que des extincteurs et des seaux remplis de sable. Les équipes de direction du camp dispensent des formations aux personnes sur l'utilisation du feu en toute sécurité alors que les responsables de l'UNHCR pour la planification des camps encouragent à ajouter de l'espace entre les tentes pour éviter la propagation des feux.

L'UNHCR recommande aussi les techniques d'équipement contre le froid comme placer la tente dans un trou d'environ 60 cm de profondeur pour conserver la chaleur près du sol, en utilisant des bâches en plastique comme tapis de sol et pour isoler le toit de la tente, et des matelas et des couvertures pour l'isolation.

L'agence pour les réfugiés est maintenant dans la dernière partie de sa distribution d'articles pour l'équipement contre l'hiver, en fournissant à chaque personne trois couvertures et à chaque tente deux bâches en plastique et quatre matelas. Elle a déjà distribué 20 855 tentes, 59 236 bâches en plastique, 391 759 couvertures, 27 938 jerrycans, 22 453 ustensiles de cuisine et 12 519 matelas pendant la phase initiale, et complétera ces quantités avec 77 000 bâches en plastique et 250 000 couvertures pendant la distribution effectuée actuellement.

En tant que chef de file du groupe gérant les camps, l'UNHCR soutient les autorités pakistanaises et les organisations non gouvernementales dans 36 camps planifiés. L'agence améliore aussi les conditions de vie d'un nombre croissant de camps de fortune en envoyant ses équipes mobiles pour construire des latrines, des cuisines communes et d'autres infrastructures pour fournir des services de base dans ces camps.

Par Vivian Tan à Balakot, Babar Baloch à Muzaffarabad