Des rapatriés libériens encouragent leurs compatriotes déracinés à revenir
Des rapatriés libériens encouragent leurs compatriotes déracinés à revenir
TUBMANBURG, Libéria, 7 juillet (UNHCR) - Quand Fatmata Vannie a quitté la Sierra Leone pour rentrer chez elle au Libéria il y a quelques mois, elle ne s'attendait pas à revoir l'équipe de l'UNHCR qui l'avait prise en charge quand elle était réfugiée. Imaginez sa surprise quand l'un d'entre eux a débarqué dans son village cette semaine.
« Je suis très heureuse de vous voir dans ma ville natale. Vous êtes le bienvenu au Libéria », a-t-elle dit à Henok Ochalla, responsable de l'UNHCR sur le terrain dans le camp de réfugiés de Largo, dans l'est de la Sierra Leone, où elle était habituée à vivre.
« Regardez ma maison qui a été détruite pendant la guerre », a dit Fatmata Vannie, montrant une ruine en cours de reconstruction dans la ville de Tahn, dans l'ouest du Libéria. « Personne ne reconstruira votre maison si vous êtes loin. Les gens doivent être très courageux et décider de rentrer pour s'en occuper eux-mêmes. »
La rapatriée, qui fait vivre sa famille grâce à un petit commerce, reconnaît que la situation dans son pays n'est pas simple, mais que cela vaut bien mieux qu'une vie en exil. Elle a partagé son expérience avec Henok Ochalla, qui fait partie de l'équipe de l'UNHCR en Sierra Leone en mission au Libéria cette semaine pour voir comment les rapatriés s'en sortent dans les comtés de Grand Cape Mount et de Lofa.
« Maintenant, nous pouvons dormir et travailler en paix sans entendre le bruit des armes et des bombes », a dit Arthur M. Konneh Senior, l'ancien chef de Gondana, l'un des huit camps qui accueille actuellement 48 000 réfugiés libériens en Sierra Leone.
Revenu chez lui il y a environ quatre mois, il remercie l'UNHCR et ses partenaires de l'assistance humanitaire fournie aux réfugiés ainsi que de leur soutien aux rapatriés notamment par le biais de projets communautaires grâce auxquels ils peuvent retrouver leur autonomie. La remise en état d'écoles et de cliniques, l'approvisionnement en eau et la mise en place de structures sanitaires sont quelques-uns de ces projets.
« En tant qu'ancien responsable du camp de Gondama, je voudrais lancer un appel pressant à nos frères et soeurs, toujours déplacés internes et réfugiés dans les camps pour qu'ils rentrent. Notre pays a besoin de ressources humaines pour aller de l'avant », a souligné Arthur M. Konneh Senior.
Les enfants sont également heureux d'être à la maison. « Je fréquente l'école communautaire de Tahn dans le comté de Grand Cape Mount et je suis heureux de pouvoir poursuivre ma scolarité au Libéria, ensemble avec mes frères, mes soeurs et mes amis », explique Joseph Taylor, 16 ans, qui a été rapatrié du camp de Largo.
L'école où il se rend propose des classes depuis le jardin d'enfants jusqu'au collège et a été rénovée par l'UNHCR. Ses enseignants sont également d'anciens réfugiés ou des personnes déplacées.
« Nous avons rouvert l'école en janvier 2005 après plusieurs années de fermeture à cause de la guerre », explique le directeur, Alfred D. Cooke, qui était auparavant déplacé à Monrovia. « Nous avons commencé avec 76 enfants, mais avec les réfugiés et les personnes déplacées qui rentrent petit à petit, nous avons maintenant plus de 400 élèves. »
Alfred D. Cooke précise également que les écoliers ne paient pas de frais de scolarité sauf l'équivalent de 20 dollars libériens ($0,35) que leurs parents acceptent de payer pour permettre d'acheter des condiments pour les rations de farine de boulghour, d'huile végétale et de haricots fournis par le Programme alimentaire mondial via une ONG, German Agro Action.
« Au fond, les enfants sont nourris à l'école, il n'y a pas de frais de scolarité pour l'instant, les écoliers reçoivent du matériel scolaire de l'UNICEF », explique Alfred D. Cooke. « Nous recevons tout enfant réfugié ou tout enfant déplacé de retour chez lui. »
L'adjoint du directeur, Steven Kemokai, qui était professeur et président du comité agricole du camp de Gondama, explique que l'école ouvrira un cycle de secondaire lors de la prochaine rentrée des classes.
« L'un de nos principaux défis dans les zones de retour est le manque d'enseignants », confie Steven Kemokai. « L'UNHCR et ses partenaires ont remis en état nos écoles, nos hôpitaux et nos cliniques, mais la plupart des enseignants et du personnel médical sont toujours dans des camps de déplacés ou de réfugiés. Aussi nous leur lançons un appel pour qu'ils reviennent. »
Lors d'une réunion avec les anciens de la ville de Tahn, un membre du parlement libérien James K. Momo, a raconté qu'il avait lui-même été un déplacé et qu'il a demandé à ses compatriotes de rentrer à leur tour : « Nous voulons que notre peuple revienne prendre part à la reconstruction de son pays. »
Marious Buga, du bureau de l'UNHCR à Tubmanburg, a noté : « Quand nous avons commencé les opérations de réintégration à la mi-2004, la vie était encore très difficile dans la plupart des zones de retour. Mais l'UNHCR et d'autres acteurs assistent les communautés avec des projets, la distribution de semences et d'outils agricoles, et cela nous réjouit de voir que les Libériens reconstruisent leur vie dans la paix. »
Près de 5 500 réfugiés libériens sont rentrés chez eux depuis la Sierra Leone lors du rapatriement volontaire qui a commencé en octobre de l'année dernière. Parmi eux, environ 2 338 rapatriés ont regagné le comté de Grand Cape Mount. L'équipe de Sierra Leone va aussi se rendre dans les zones de retour dans le comté de Lofa d'où sont originaires environ 30 000 Libériens réfugiés en Sierra Leone.
L'opération de rapatriement volontaire de l'UNHCR a jusqu'à présent aidé plus de 23 000 réfugiés libériens à rentrer chez eux depuis différents pays de la région.
Par Sulaiman Momodu à Tubmanburg, Libéria