Des raids transfrontaliers entravent le transfert de réfugiés nigérians au Cameroun
Des raids transfrontaliers entravent le transfert de réfugiés nigérians au Cameroun
GENEVE, 31 octobre (HCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fait part vendredi de sa vive préoccupation concernant l'insécurité croissante dans des zones frontalières entre le Cameroun et le Nigéria, où des milliers de réfugiés nigérians, ayant fui les attaques commises par des insurgés, ont trouvé refuge ces dernières semaines.
« Ces derniers jours, les insurgés nigérians ont lancé des attaques transfrontalières répétées contre des villes frontalières entre le Nigéria et le nord du Cameroun, ce qui entrave nos efforts pour transférer les réfugiés depuis la zone frontalière instable vers le camp de Minawao, situé à 120 kilomètres de la frontière», a déclaré William Spindler, porte-parole du HCR, aux journalistes à Genève.
Il a également indiqué que des affrontements avaient éclaté vendredi dernier entre des insurgés et les troupes camerounaises dans le village de Koubougué, du côté camerounais de la frontière, entraînant la mort de cinq civils. Koubougué est situé à quatre kilomètres de la ville frontalière de Fotokol, où quelque 1 000 réfugiés attendent d'être transférés vers Minawao.
Des civils camerounais vivent dans la terreur suite à des attaques fréquentes d'insurgés. Cette situation s'est aggravée car les insurgés du Nigéria auraient commencé à cibler des civils au Cameroun. Les réfugiés nigérians, qui avaient fui de précédentes attaques commises par les insurgés au nord-est du Nigéria, demandent à être éloignés de la zone frontalière aussi vite que possible.
« Selon des réfugiés récemment arrivés, rejoindre le Cameroun devient extrêmement difficile et dangereux car des insurgés ont pris le contrôle de plusieurs villes et villages frontaliers au nord-est du Nigéria », a indiqué William Spindler, ajoutant que « les réfugiés ont été forcés de fuir à pied à travers la brousse et ils ont traversé la rivière Elbeid avant d'entrer au Cameroun. »
Les réfugiés ont également expliqué aux employés du HCR sur le terrain qu'ils sont poursuivis par les insurgés et qu'ils ont été forcés à être témoins de l'assassinat brutal de leurs proches. Ils ont également déclaré que les insurgés étaient entrés dans leurs villages et leur avaient tout volé avant de brûler leurs maisons. De nombreux réfugiés sont traumatisés. Beaucoup de familles ont également été séparées après avoir fui leurs villages, laissant livrés à eux-mêmes beaucoup de femmes et d'enfants extrêmement vulnérables.
Il y a deux semaines, des affrontements ayant eu lieu entre les insurgés et l'armée camerounaise dans un autre village - Zhelevet - ont forcé le HCR à suspendre ses opérations de transfert pour environ 600 réfugiés à Minawao.
Malgré l'insécurité dans les zones frontalières, le HCR continue de travailler avec les autorités locales pour accélérer le transfert des réfugiés. Si les conditions de sécurité le permettent, d'autres transferts se poursuivront cette semaine, a indiqué William Spindler.
Minawao accueille plus de 16 200 réfugiés. La population de ce camp a presque triplé ces deux derniers mois. La capacité initiale d'accueil du camp est estimée à 35 000 personnes et des agrandissements sont en cours afin d'accueillir les réfugiés déjà enregistrés pour le transfert depuis la frontière et d'éventuels nouveaux arrivants supplémentaires. « Avec le soutien de nos partenaires, nous intensifions notre travail pour améliorer les conditions de vie. Malgré les efforts d'urgence pour répondre aux besoins essentiels, les installations et les services du camp demeurent insuffisants », a déclaré William Spindler.
Quelque 1 370 abris familiaux sont mis à disposition des nouveaux arrivants. Toutefois, environ 9 000 réfugiés vivent toujours dans des abris collectifs. Une surface suffisante en termes de terrains a été allouée par le Gouvernement du Cameroun pour une nouvelle expansion du site. Cependant, la construction d'abris pour les familles a été reportée, afin de permettre aux communautés locales et réfugiées de terminer les récoltes avant que ces terrains ne soient défrichés pour la construction d'abris.
La capacité des écoles dans le camp a été accrue pour répondre au nombre croissant d'enfants réfugiés arrivant dans le camp. Toutefois l'infrastructure et les équipements scolaires demeurent insuffisants pour accueillir 8 000 enfants réfugiés vivant actuellement à Minawao. « En parallèle, nous avons entamé des discussions avec les autorités locales afin de développer un programme d'alphabétisation et une formation professionnelle pour les adolescents n'ayant jamais bénéficié d'éducation formelle », a noté William Spindler du HCR.
Il a ajouté que la croissance soudaine de la population dans une zone endémique pour le choléra ainsi que l'accès à l'eau et à des latrines sont une préoccupation majeure pour le HCR et ses partenaires. En plus des quatre puits existants sur le site, 10 nouveaux forages ont été effectués, dont cinq sont désormais fonctionnels. Les autres seront prêts dans les prochains jours.
Les réfugiés ne reçoivent qu'une fois par mois des rations alimentaires du Programme alimentaire mondial et de nombreux réfugiés ont commencé à cultiver des terres en périphérie du camp. La malnutrition aiguë sévère a diminué et la santé globale se stabilise également. Le dernier cas de choléra a été signalé en septembre. Aucun nouveau cas n'a été recensé depuis. Des employés supplémentaires dans le secteur des soins de santé ont été déployés, l'infrastructure a été agrandie et des mécanismes d'orientation ont été mis en place.
La réponse opérationnelle à l'afflux depuis le Nigéria est coordonnée par le HCR à Yaoundé au niveau de l'agence et sur le terrain par le bureau du HCR à Maroua.