Des milliers de Libyens fuient les combats dans l'ouest et rejoignent la Tunisie
Des milliers de Libyens fuient les combats dans l'ouest et rejoignent la Tunisie
DEHIBA, Tunisie, 19 avril (HCR) - Les réfugiés libyens arrivent en nombre croissant en Tunisie depuis la région des Montagnes de l'Ouest en Libye, a indiqué le HCR mardi.
« Ce week-end, quelque 6 000 ressortissants libyens sont arrivés dans la zone de Dehiba au sud de la Tunisie », a indiqué Andrej Mahecic, porte-parole du HCR aux journalistes à Genève. « Quelque 10 000 Libyens arrivés ces 10 derniers jours se trouveraient désormais dans cette région », a-t-il ajouté.
La plupart des arrivants sont des familles berbères originaires de la ville de Nalut, à quelque 50 kilomètres de la frontière tunisienne. « Ils ont indiqué au personnel du HCR présent sur place que la région des Montagnes de l'Ouest est effectivement assiégée par les forces gouvernementales depuis un mois et que la pression sur la population civile s'accroît de jour en jour », a indiqué Andrej Mahecic.
Un grand nombre des nouveaux arrivants ont expliqué avoir fui leurs maisons par crainte des combats et des bombardements qui ont significativement augmenté ce week-end. Le conflit se rapprocherait désormais de Nalut. Depuis Dehiba en Tunisie, on apercevait lundi des colonnes de fumée noire et on entendait de violentes explosions survenant au loin à l'intérieur de la Libye.
Des réfugiés ont également indiqué à l'équipe du HCR que leur trajet en voiture avait duré quatre à cinq heures via des routes sinueuses en montagne, avant d'avoir retrouvé la sécurité en Tunisie. En temps normal, rejoindre la Tunisie depuis Nalut prend moins d'une heure. Une fois arrivés en Tunisie, ces réfugiés accomplissent les formalités administratives au point de passage frontière officiel de Dehiba pour enregistrer leur entrée et légaliser leur séjour.
La ville frontalière de Dehiba abrite désormais des réfugiés libyens et le nombre des voitures libyennes a triplé ces derniers jours. La plupart des familles nouvellement arrivées (la taille moyenne des familles est de six personnes) ont trouvé abri dans les communautés locales ou au sein de familles d'accueil. D'autres sont hébergées dans des bâtiments publics et dans l'un des trois camps établis par les autorités locales, le Croissant-Rouge des Emirats arabes unis et le HCR.
« Ce matin, notre camp de Remada abritait près de 1 000 personnes et davantage de tentes sont montées pour répondre au besoin croissant en matière d'abri. La distribution d'eau potable, des latrines, des douches et l'électricité ont été installés », a indiqué Andrej Mahecic.
Parallèlement, à Benghazi dans l'est de la Libye, parmi des centaines de passagers ayant débarqué d'un bateau arrivé de Misrata, se trouvait un groupe de 22 familles iraquiennes - des réfugiés et des demandeurs d'asile qui ont décrit au personnel du HCR sur place la situation terrifiante qui règne actuellement à Misrata avec des tirs de roquettes et des bombardements frappant régulièrement les quartiers résidentiels de la ville.
Les Iraquiens ont rendu hommage aux communautés libyennes qui ont partagé avec eux leur nourriture, l'eau et qui les ont hébergés dans leurs maisons durant plusieurs semaines. La plupart d'entre eux ont été également accompagnés par des Libyens au port pour prendre le bateau qui les emmènerait vers la sécurité, et ce au milieu des bombardements. Ils sont extrêmement inquiets de l'impact de ce nouveau conflit sur leurs enfants.
A Benghazi, les autorités locales ont enregistré quelque 35 000 personnes déplacées internes. Le HCR estime toutefois que leur nombre approche les 100 000 alors que de nombreux résidents de la ville voisine d'Ajdabiyya auraient fui vers Benghazi. La plupart des déplacés internes libyens sont hébergés au sein de familles d'accueil.
Quelque 6 000 d'entre eux vivent dans plusieurs sites au milieu de la ville. De nouveaux groupes de déplacés ont, par ailleurs, été identifiés le long de la côte depuis Benghazi vers Tobrouk. « Nous envoyons une équipe cette semaine pour fournir de l'assistance à ces personnes déplacées », a indiqué Andrej Mahecic.
Le porte-parole a également noté que l'augmentation récente du nombre des réfugiés et d'autres personnes déplacées par les combats en Libye sollicite encore davantage les agences humanitaires, qui sont confrontées à une pénurie de fonds. « Au vu de l'enlisement de la crise en Libye, à défaut de fonds immédiatement débloqués, certains programmes de protection et d'assistance devront être réduits le long des zones frontalières et à l'intérieur de la Libye », a-t-il souligné.
Par Firas Kayal à Dehiba, Tunisie