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Des indigènes du Venezuela rejoignent le Brésil en quête de sécurité

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Des indigènes du Venezuela rejoignent le Brésil en quête de sécurité

Après l'éclatement de la violence dans leur pays natal, le Venezuela, des centaines de membres du groupe autochtone Pemon ont fui vers un village de l'autre côté de la frontière au Brésil.
9 Août 2019
Annabel, 28 ans, a été forcée de fuir le Venezuela avec ses enfants lorsque son village a été attaqué.

Une nuit de février, les habitants d'un petit hameau indigène de l'une des régions les plus reculées du Brésil ont été réveillés par des bruits inhabituels : des voix et des pas humains qui ont brisé la cacophonie des animaux nocturnes et le bruissement des feuillages, l’habituelle trame sonore nocturne des forêts environnantes.


Les nouveaux arrivants venaient de l'autre côté de la frontière voisine avec le Venezuela. Ils avaient fui leur maison, n'emportant avec eux que de petits paquets de vêtements, de draps et d'autres articles essentiels. Ils avaient marché pendant des heures à travers un terrain accidenté et couvert de jungle à la recherche d'un refuge sûr. Des groupes armés en maraude avaient attaqué leurs communautés et ils avaient peur pour leur vie.

Les nouveaux arrivants étaient des Vénézuéliens du groupe autochtone Pemon-Taurepã - le même groupe auquel appartiennent également les habitants du village de Tarauparu, du côté brésilien de la frontière.

Les habitants de Tarauparu ont immédiatement accueilli les nouveaux arrivants effrayés et épuisés.

« Il y avait des malades et des handicapés, des bébés, des enfants et des femmes enceintes », explique Aldino Alves Ferreira, 43 ans, qui est le chef du Tarauparu, le tuxaua. « Nous avons décidé d'accueillir ces réfugiés à bras ouverts. »

« Je ne pensais pas que ça allait nous arriver. Nous avons dû partir soudainement. »

« Le premier jour, 67 personnes sont arrivées. Chacun des deux jours suivants, il y avait plus de 100 arrivants. Et les gens ont continué à venir pendant six jours d'affilée », a déclaré Aldino, ajoutant qu'au total, plus de 1300 Pemons originaires de l'autre côté de la frontière ont trouvé refuge à Tarauparu - qui ne comptait que 263 habitants avant la crise. « Ça a été très difficile. Nous ne pouvions pas imaginer le nombre de personnes qui viendraient. »

L'une des nouvelles arrivantes était Magdalena, une jeune fille de 21 ans qui a fui sa ville natale de Sampay au Venezuela, après que des groupes armés d'une ville voisine ont ouvert le feu sur des manifestants, tuant et blessant plusieurs de ses voisins Pemon-Taurepã.

« Nous vivions dans notre ville natale, heureux et paisibles jusqu'à ce que la violence éclate », a déclaré Magdalena, qui était enceinte lorsqu'elle a fui avec sa mère, sa grand-mère et ses trois enfants, âgés de cinq, trois et un ans. « Je ne pensais pas que ça allait nous arriver. Nous avons dû partir très soudainement. »

La famille s'est dirigée vers le sud, se frayant un chemin à travers la végétation dense et se tenant à l'écart des routes et des sentiers battus, où elle craignait d'être victime des gangs en maraude. N’ayant pu emporter que quelques vêtements et des draps, la famille est arrivée à Tarauparu au milieu de la nuit et a été accueillie par des locaux, qui l'ont fait entrer à la faible lueur des lampes de poche.

Annabel, son mari Levy et les cinq enfants du couple ont reçu un accueil tout aussi chaleureux en arrivant à Tarauparu à la suite d'un voyage épouvantable depuis leur maison dans l'immense parc national de Canaima, à l'est du Venezuela. Les Pémons habitent cette région depuis des générations et, avant la crise, Annabel et Levy travaillaient en tant que guides touristiques, accompagnant les visiteurs dans des lieux touristiques attractions comme Salto Ángel ou Angel Falls, qui est réputée pour être la plus haute chute d'eau ininterrompue au monde.

« Chaque matin, je me réveillais avec bonheur, puis je commençais mon travail », se souvient Annabel, 28 ans, ajoutant que le spasme soudain de la violence a bouleversé leur monde. « Quand nous avons appris l'arrivée des forces armées, nous avons fui à travers la forêt. »

« Le HCR est ici tous les jours. Nous faisons notre possible pour faire face aux défis. »

Bien que les habitants de Tarauparu se soient montrés remarquablement accommodants et résistants face à cet afflux sans précédent, en donnant aux nouveaux arrivants l'accès à un réservoir d'eau communautaire et en organisant des repas, les ressources de la ville se sont épuisées. Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est intervenu rapidement pour tenter d'alléger cette charge en distribuant à Tarauparu de la nourriture, des couvertures, des matelas, des ustensiles de cuisine, des articles d'hygiène, des abris et d'autres produits de première nécessité.

« La logistique est un vaste problème », dit Aldino, le chef. « Le HCR est ici tous les jours. Nous faisons notre possible pour faire face aux défis. »

Du fait de l'effondrement de l'économie vénézuélienne ainsi que des pénuries de nourriture et de médicaments qui en résultent, l'inflation paralysante et les bouleversements sociaux généralisés, on ne sait pas quand ou même si - les centaines de Pemons qui ont trouvé refuge au Brésil retourneront au Venezuela. Par conséquent, le HCR travaille avec Aldino pour trouver des solutions de logement à long terme à Tarauparu et dans d'autres villages voisins.

« Les autres tuxauas (chefs) se sont rencontrés et ont décidé d'accueillir les réfugiés avec un cœur ouvert », a expliqué Aldino.

Pendant ce temps, le village qui a pris de l'ampleur au cours des derniers mois s'agrandit encore. Magdalena, la jeune mère de trois enfants, a donné naissance à son quatrième enfant à l'ombre d'un arbre juste à l'extérieur de Tarauparu. Le bébé est né avant que l'ambulance ne puisse l'amener à l'hôpital le plus proche, qui se trouve à environ 10 kilomètres de là.

Alors que la culture pemon dicte généralement d'attendre plusieurs jours avant de nommer un nouveau-né, Magdalena a remarqué qu'un médecin avait gribouillé un nom sur les dossiers du bébé : Neymar, le nom de la superstar du football brésilien.

« Je veux qu'il ait un nom d'ici », explique Magdalena en souriant, « donc c'est bien de garder Neymar. »