Des hommes se déplaçant à cheval attaquent davantage de villages à l'est du Tchad
Des hommes se déplaçant à cheval attaquent davantage de villages à l'est du Tchad
HABILE, Tchad, 10 novembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires ont des preuves selon lesquelles des hommes se déplaçant à cheval attaquent davantage de villages à l'est du Tchad.
Jeudi, une mission d'évaluation inter agence des Nations Unies s'est rendue dans la région de Koukou, au sud-est de la ville de Goz Beida et a constaté que les villages avaient été brûlés selon le même mode opératoire que celui suivi précédemment dans la zone de Kerfi.
« Nous sommes toujours très préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire dans la région et par l'impact que cela pourrait avoir sur nos opérations humanitaires », a déclaré vendredi William Spindler, porte parole de l'UNHCR, lors d'une conférence de presse à Genève.
La mission d'évaluation inter agence des Nations Unies, à laquelle ont participé des membres de l'UNHCR, a visité le village de Louboutigue, à quelque 35 kilomètres de Goz Beida, et a constaté qu'il avait été attaqué mercredi matin et complètement brûlé.
Le jour précédent, les habitants avaient entendu des coups de feu provenant du village de Djorlo et avaient décidé de quitter Louboutigue. Ils se sont enfuis vers un camp pour personnes déplacées situé à quelque dix kilomètres de là, à Habile. « Nous avons décidé de partir car nous savions que ce serait bientôt notre tour. Nous avons emporté nos affaires et nos bêtes », raconte un des villageois.
Les personnes vulnérables, comme les personnes âgées, se sont cachées dans la brousse. Certains s'y trouvent toujours. « Nous avons été complètement surpris par l'attaque, ils ont tout incendié, il ne reste plus rien. Ils ont commencé mercredi matin vers 10 heures », ajoute un autre habitant de Louboutigue.
Le long de la route entre Louboutigue et Habile, la mission commune a pu voir des dizaines de personnes qui fuyaient en emportant leurs affaires - leurs ânes chargés de sacs de nourriture. Certaines d'entre elles emmenaient aussi leur bétail.
Les personnes arrivées à Habile ont commencé à construire des abris de fortune. Le camp accueille déjà 3 500 personnes déplacées lors de mouvements précédents et a atteint sa capacité maximale. L'UNHCR négocie actuellement avec les autorités afin de trouver un emplacement temporaire pour accueillir les nouveaux arrivés.
« La plupart des personnes déplacées nous ont dit vouloir retourner le plus vite possible dans leurs villages car la moisson commence. Cependant, ils ont dit qu'ils rentreraient seulement s'ils se sentent en sécurité », a expliqué William Spindler de l'UNHCR, en ajoutant : « Les déplacés nous ont raconté que beaucoup d'autres villages avaient été attaqués, dont Abondy, Kreta, Am Haraz, Dourty et Djami la-Assit . »
L'UNHCR fournit une assistance de base à ceux qui arrivent à Habile, comprenant des bâches en plastique, des matelas, des couvertures et des médicaments et envisage d'augmenter le nombre de points d'eau.
Dans la région de Kerfi, des attaques ont aussi eu lieu ces derniers jours. Le village de Tamadjoul, à 35 kilomètres de Kerfi, a été assailli, pillé et brûlé mercredi matin par des arabes à cheval, comme les ont décrits les habitants. Selon les premières informations, deux personnes auraient été tuées et quatre blessées. Les blessés ont été évacués jeudi matin vers l'hôpital de Goz Beida.
Environ 300 personnes ont quitté Tamadjoul et se sont regroupées près de plusieurs points d'eau à proximité du camp de réfugiés de Djabal - qui abrite 15 000 réfugiés qui ont fui la crise dans la région soudanaise du Darfour.
Selon les premières informations, les habitants de Abshour et Sanour fuient aussi leurs villages et se dirigent vers Goz Beida. L'UNHCR est en contact avec le chef du canton de Goz Beida pour trouver un nouvel emplacement où abriter les nouveaux arrivés. La ville accueille déjà 11 000 personnes qui ont commencé à arriver en mars dernier, suite à des attaques près de la frontière soudanaise.
Jeudi, les équipes de l'UNHCR sur le terrain ont rencontré les représentants des réfugiés soudanais du camp de Goz Amir, à quelque 10 kilomètres du village de Koukou. Ils disent se sentir menacés et en situation d'insécurité après les récentes attaques.
Des renforts militaires commencent tout juste à arriver dans la région de Goz Beida pour sécuriser les camps de réfugiés de la zone, mais l'UNHCR estime que davantage devrait être fait. « Nous continuons à soutenir l'idée d'un déploiement rapide d'une présence internationale dans la région pour améliorer la sécurité des travailleurs humanitaires, des réfugiés et de la population locale », a indiqué Serge Malé, délégué de l'UNHCR au Tchad.
On estime actuellement à 63 000 le nombre de déplacés internes dans l'est du Tchad. L'UNHCR et ses partenaires assistent 218 000 réfugiés du Darfour dans 12 camps de l'est du Tchad.
Par Hélène Caux à Habile, Tchad