Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Des femmes malvoyantes retrouvent l'espoir dans l'est de l'Afghanistan

Articles et reportages

Des femmes malvoyantes retrouvent l'espoir dans l'est de l'Afghanistan

Grâce à un soutien adapté, ces femmes malvoyantes bénéficient d'une formation, acquièrent des compétences et la confiance nécessaire pour devenir plus indépendantes et se construire un avenir meilleur.
10 Juillet 2024
Afghanistan. Helai Noori, 20, one of the participants of a visually impaired programme, organised by UNHCR in its encashment centre in Samarkhail, Behsud district, Nangarhar province
A l'intérieur d'une petite salle de classe improvisée dans un village de la province de Nangahar, dans l'est de l'Afghanistan, un groupe de jeunes femmes aveugles est réuni pour un cours de communication. Isolées socialement et souvent victimes d'abus physiques et psychologiques, les femmes malvoyantes en Afghanistan passent la majeure partie de leur vie à l'abri des regards, sans pouvoir aller à l'école, apprendre à vivre normalement ou fonder une famille.

Mais dans cette salle de classe - et dans d'autres salles similaires mises en place par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et son partenaire WADAN, la Welfare Association for the Development of Afghanistan (Association pour le développement de l'Afghanistan), dans deux provinces voisines - les femmes se retrouvent, sympathisent, partagent leurs expériences et acquièrent de nouvelles compétences qui les aideront à trouver leur voie et à s'épanouir, en gagnant en confiance en soi et en indépendance.

« En tant que personne malvoyante, j'ai été confrontée à de nombreux défis », confie Arezo, 22 ans, qui vit à Jalalabad, la capitale de la province, et participe au programme de soutien aux femmes malvoyantes à Samarkhel. « Alors que les personnes voyantes pouvaient aller à l'école, moi, j'étais laissée pour compte ». Aujourd'hui, elle rattrape enfin son retard.

Arezo fait partie des 90 étudiantes malvoyantes qui se sont inscrites au programme fin 2022 et qui ont depuis appris à lire le braille et à faire des calculs de base, à utiliser une canne-guide pour se déplacer en toute sécurité et à effectuer des tâches domestiques telles que la cuisine et la lessive, ce qui leur permet de contribuer à la vie de leur famille. Le succès du programme fait qu'il est en cours d`élargissement pour en faire bénéficier 200 femmes supplémentaires, avec l'espoir qu'un financement supplémentaire puisse le rendre accessible aux hommes, aux jeunes filles et aux garçons à l'avenir.

Au-delà des compétences pratiques utiles au quotidien, le programme de formation inclut également des conseils en matière psychosociale et des sessions sur la violence basée sur le genre. Objectif : permettre aux femmes de se prendre en main dans une société où les femmes malvoyantes sont souvent confrontées à la stigmatisation et à l'hostilité.

Certaines femmes, comme Arezo, acquièrent également des compétences en communication, dans l'espoir que cela leur ouvre des perspectives d'emploi jusqu'alors inaccessibles. Pour Arezo, il s'agit d'une chance rare de continuer à apprendre et d'améliorer ses compétences en lecture et en écriture. « Nous avons acquis des compétences essentielles pour une interaction efficace, y compris la manière de communiquer avec les autres, de rapporter des informations avec précision et même d'organiser des séminaires stimulants », explique-t-elle.

 
Arezo Tawoon, 22 ans, participe à un cours de braille dans une salle de classe.
Arezo Tawoon, 22 ans, participe à l'un des cours destinés aux femmes malvoyantes à Samarkhel. © HCR/Faramarz Barzin

 

"C'était l'un de mes plus grands rêves d'écrire des livres.”

Arezzo

Arezo est une étudiante passionnée, motivée par sa foi et son désir d'aider d'autres personnes aveugles et malvoyantes. Elle a écrit une partie du Coran en braille, rendant ainsi le texte religieux accessible aux personnes aveugles. « C'était l'un de mes plus grands rêves d'écrire des livres », confie Arezo.

Sur les 43 millions d'habitants que compte l'Afghanistan, plus de 400 000 sont aveugles, selon l'Organisation mondiale de la santé. En outre, 1,5 million de personnes sont malvoyantes, 60 % des cas de cécité étant dus à la cataracte, une affection qui peut être résolue par une simple opération de l'œil si les équipements médicaux sont disponibles.

« Je peux imaginer un avenir meilleur »

Pour Arezo et les autres participantes, le programme a ouvert de nouveaux horizons.

Helai a perdu la vue à la suite d'une rencontre violente avec des militants alors qu'elle n'avait que 14 ans. Elle a lutté pendant des années contre les sentiments d'isolement et de dévalorisation qui en ont découlé. « J'ai été confrontée à de nombreux problèmes parce qu'avant, je voyais », se souvient Helai, aujourd'hui âgée de 20 ans. « Je ne pouvais plus aller à l'école et j'ai perdu tout espoir. Ma santé mentale est allée en se dégradant. »

La possibilité de sortir de chez elle, de rencontrer d'autres femmes malvoyantes et de se former en leur compagnie a transformé la vision qu'Helai a de la vie. « Avant, je restais assise à la maison et je ne pouvais aller nulle part. Aujourd'hui, je peux accomplir certaines tâches moi-même et aller n'importe où sans guide », explique-t-elle. « Venir ici m'a redonné de l'espoir. »

Afghanistan. Amina, 20, one of the participants of visually impaired programme

Une autre jeune femme aveugle, Amina, 20 ans, vit à Jalalabad avec ses parents et ses neuf frères et sœurs, dont cinq sont également malvoyants. Avant de rejoindre l'initiative du HCR/WADAN, son rêve de devenir enseignante pour femmes aveugles semblait impossible, mais les compétences qu'elle a acquises lui permettront peut-être un jour de le réaliser.

"Aujourd'hui, je maîtrise le braille... Je peux imaginer un avenir meilleur."

Amina

« Avant, j'avais un sentiment d'infériorité par rapport aux personnes voyantes, car je ne savais ni lire ni écrire. Alors que les autres pouvaient aller à l'école et étudier, nous restions à la maison et avions des pensées négatives en permanence », explique Amina.

« Aujourd'hui, je maîtrise le braille et j'espère devenir enseignante de braille pour d'autres personnes. Je peux imaginer un avenir meilleur », ajoute-t-elle. « Je suis devenue très optimiste. Je vois ma vie sous un meilleur jour. »